En me rendant visite lors de l’une de mes vacances en famille au Bénin, Albert Tévoédjrè - et pour cause - eut recours au proverbe fon que voici : Mεnøvί nó dò aslótίn jί b’έ nó dù asló xélú à. Oui, on ne mange pas de pommes qui ne sont pas mûres quand un frère est en haut du pommier. Je ne sais pas s’il y a des affinités ou simplement des liens entre l’épiscopat béninois et Monsieur Thomas Boni Yayi ; mais je me demande si « Message de la Conférence Épiscopale du Bénin sur le Malaise Politique Actuel et la Révision de la Constitution » est un ASLÓ XÉLÚ qui a pu tellement agacer les dents de celui à qui une copie en a été spécialement adressée, pour que Conseillers, Experts et Confrérie religieuse prébendés se ruent à son secours. Qui contesterait que même sans avoir été monnayés ils auraient leur mot en à dire ? Ils ont raison de ne pas s’en priver, dût-on s’en prendre, ad hominem, au plus haut dignitaire d’une religion monothéiste. L’intervention partisane sur commande de la troisième religion monothéiste - le prophète de l’islam naquit 600 ans après Jésus-Christ - est-elle de bone augure pour le Bénin ? Un confrère m’a écrit sans humour : « cher ami, des soutanes pittoresques prolifèrent dans votre beau pays où j’ai vécu dix ans, sans en avoir guère vu de cette facture ; est-ce qu’il y aurait une cargaison de kipas si un rabbin devenait président de la République, ou de turbans si c’était un imam ? Je souhaite qu’il n’y ait pas de guerre de religions au Bénin. » Ma réponse était : « Vous avez omis les religions traditionnelles ; elles sont endogènes ; l’onomastique révèle que des descendants de Grands Prêtres vodún sont chrétiens, voire prêtres catholiques. » La lecture du message de la Conférence épiscopale du Bénin et la riposte de Monsieur Thomas Boni Yayi m’ont fait relire trois textes : 1° Africae munus ; 2° la première allocution du pape Benoît XVI à son arrivée au Bénin (Novembre 2011) ; 3° son discours du 19/11/2011 au palais présidentiel. Nul ne l’ignore : bien qu’initialement animiste, la famille QUENUM fourmille de chrétiens ; prêtres et de religieuses catholiques y sont légion ; les trois religions monothéistes y sont présentes puisqu’il y a des juifs, des musulmans aussi : chacun pratique le culte de son choix. Chrétien-laïc, Franc-Maçon qui n’en fait point mystère, je ne connais aucun évêque, ni l’archevêque de mon pays ; les lecteurs de mes légitimes interventions dans les problèmes tant culturels, politiques que sociaux subodorent mes liens profonds avec le très regretté Cardinal Bernardin GANTIN cité dans ma lettre du 13/08/2008 à Monseigneur Pascal N’KOUÉ, Évêque de Natitingou[1] dont la Lettre diocésaine n°126 confirmait mes informations provenues du Septentrion ; très près du peuple, le prélat déplorait en les stigmatisant la carence, voire l’indifférence du pouvoir politique alors qu’un fils du pays est au sommet de l’État. Depuis lors, l’intéressé a-t-il remédié aux cas énumérés dans cette Lettre diocésaine ? Je ne vais pas mettre ici le doigt sur les apports d’Africae munus au Message de la Ceb qui doit beaucoup à son esprit ; fallait-il être grand sociologue ou socio-anthropologue pour se rendre à l’évidence que le Message épiscopal, objet de la décharge d’adrénaline et de l’ire de Monsieur Thomas Boni Yayi qui exsude de l’agressivité et souffle la violence, est le fruit d’une masse de constats sur terrain objectif endogène ? Puisque j’ai mentionné le voyage du Pape Benoît XVI, je voudrais attirer l’attention sur des passages de ses discours qui ont pu canaliser le message ecclésial contre lequel le destinataire a crânement ameuté l’imamat : « Ses réflexions[2] guideront l’action pastorale de nombreuses communautés chrétiennes durant les prochaines années. […] Ce document pourra y germer, y grandir et y porter du fruit « à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un », comme le dit Jésus-Christ (Mt 13, 23). « Le Bénin est une terre d’anciennes et de nobles traditions. Son histoire est prestigieuse. Je voudrais profiter de cette occasion pour saluer les Chefs traditionnels. Leur contribution est importante pour construire le futur de ce pays. Je désire les encourager à contribuer par leur sagesse et leur intelligence des coutumes, au délicat passage qui s’opère actuellement entre la tradition et la modernité. Elle doit être accompagnée avec prudence pour le bien de tous en évitant les écueils qui existent sur le continent africain et ailleurs, par exemple […] le tribalisme[3] exacerbé et stérile qui peuvent devenir meurtriers, la politisation extrême des tensions interreligieuses au détriment du bien commun, ou enfin l’effritement des valeurs humaines, culturelles, éthiques et religieuses. « Le passage à la modernité doit être guidé par des critères sûrs qui se basent sur des vertus reconnues, celles qu’énumère votre devise nationale, mais également celles qui s’ancrent dans la dignité de la personne, la grandeur de la famille et le respect de la vie. Toutes ces valeurs sont en vue du bien commun qui seul doit primer, et qui seul doit constituer la préoccupation majeure de tout responsable. Dieu fait confiance à l’homme et il désire son bien. C’est à nous de Lui répondre avec honnêteté et justice à la hauteur de sa confiance. » Extraits du discours au palais présidentiel « Lorsque je dis que l’Afrique est le continent de l’espérance, je ne fais pas de la rhétorique facile, mais j’exprime tout simplement une conviction personnelle, qui est également celle de l’Église. Trop souvent, notre esprit s’arrête à des préjugés ou à des images qui donnent de la réalité africaine une vision négative, issue d’une analyse chagrine. Il est toujours tentant de ne souligner que ce qui ne va pas ; mieux encore, il est facile de prendre le ton sentencieux du moralisateur ou de l’expert, qui impose ses conclusions et propose, en fin de compte, peu de solutions adaptées. Il est tout aussi tentant d’analyser les réalités africaines à la manière d’un ethnologue curieux ou comme celui qui ne voit en elles qu’un énorme réservoir énergétique, minéral, agricole et humain facilement exploitable pour des intérêts souvent peu nobles. Ce sont là des visions réductrices et irrespectueuses, qui aboutissent à une chosification peu convenable de l’Afrique et de ses habitants. « Ces derniers mois, de nombreux peuples ont manifesté leur désir de liberté, leur besoin de sécurité matérielle, et leur volonté de vivre harmonieusement dans la différence des ethnies et des religions. […] Nombreux ont été également les conflits engendrés par l’aveuglement de l’homme, par sa volonté de puissance et par des intérêts politico-économiques qui font fi de la dignité des personnes ou de celle de la nature. La personne humaine aspire à la liberté ; elle veut vivre dignement ; elle veut de bonnes écoles et de la nourriture pour les enfants, des hôpitaux dignes pour soigner les malades ; elle veut être respectée ; elle revendique une gouvernance limpide qui ne confonde pas l’intérêt privé avec l’intérêt général ; et plus que tout, elle veut la paix et la justice. En ce moment, il y a trop de scandales et d’injustices, trop de corruption et d’avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort. Ces maux affligent certes votre continent, mais également le reste du monde. « Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance. Nous savons qu’aucun régime politique humain n’est idéal, qu’aucun choix économique n’est neutre. Mais ils doivent toujours servir le bien commun. Nous nous trouvons donc en face d’une revendication légitime qui touche tous les pays, pour plus de dignité, et surtout pour plus d’humanité. L’homme veut que son humanité soit respectée et promue. Les responsables politiques et économiques des pays se trouvent placés devant des décisions déterminantes et des choix qu’ils ne peuvent plus éviter. « De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde. Ne privez pas vos peuples de l’espérance ! Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent ! Ayez une approche éthique courageuse de vos responsabilités et, si vous êtes croyants, priez Dieu de vous accorder la sagesse ! Cette sagesse vous fera comprendre qu’étant les promoteurs de l’avenir de vos peuples, il faut devenir de vrais serviteurs de l’espérance. Il n’est pas facile de vivre la condition de serviteur, de rester intègre parmi les courants d’opinion et les intérêts puissants. Le pouvoir, quel qu’il soit, aveugle avec facilité, surtout lorsque sont en jeu des intérêts privés, familiaux, ethniques ou religieux. Dieu seul purifie les cœurs et les intentions. « L’Église n’apporte aucune solution technique et n’impose aucune solution politique. Elle répète : n’ayez pas peur ! L’humanité n’est pas seule face aux défis du monde. Dieu est présent. C’est là un message d’espérance, une espérance génératrice d’énergie, qui stimule l’intelligence et donne à la volonté tout son dynamisme. […] L’Église accompagne l’État dans sa mission ; elle veut être comme l’âme de ce corps en lui indiquant inlassablement l’essentiel : Dieu et l’homme. Elle désire accomplir, ouvertement et sans crainte, cette tâche immense de celle qui éduque et soigne, et surtout de celle qui prie sans cesse (cf. Lc 18, 1), qui montre où est Dieu (cf. Mt 6, 21) et où est l’homme véritable (cf. Mt 20, 26 et Jn 19, 5). Le désespoir est individualiste. L’espérance est communion. N’est-ce pas là une voie splendide qui nous est proposée ? J’y invite tous les responsables politiques, économiques, ainsi que le monde universitaire et celui de la culture. Soyez, vous aussi, des semeurs d’espérance ! Aie confiance, Afrique, et lève toi ! Le Seigneur t’appelle. Que Dieu vous bénisse ! Merci. » * Qu’on relise donc le message de la Ceb souché sur des constats ; dans son propre style, dit-il plus ou moins que les textes ci-dessus ? On aimerait que l’Imamat aussi se soucie des maux du pays ainsi que des tares du pouvoir politique et en fasse état objectivement ; en 2012 le Blog de Benoît Illassa s’est fait l’écho d’un article dans lequel je précisais que le problème entre Messieurs Talon et Yayi, c’est le coton ; une vingtaine d’informations envoyées de la Donga était la source de cette synthèse laconique ; la semaine dernière je lis via Jolome : Production et vente de coton par des ministres au Bénin : L’autre image du Gouvernement Yayi.« 20 août 2013 Le Gouvernement a estimé que la filière coton est mal gérée par les opérateurs privés et leur a arraché cette gestion depuis environ deux ans. Mais sous le prétexte d’augmenter la production, des ministres cultivent et vendent du coton au Bénin. L’un d’eux a déclaré le lundi 19 août sur la télévision Ortb que le Président aussi en fait. » Nous voilà au cœur des dénonciations des deux discours du pape Benoît XVI et du « Message de la Conférence Épiscopale du Bénin sur le Malaise Politique Actuel et la Révision de la Constitution ». Mammon affame le peuple mais au moindre de ses vétilles, il finance les marches de soutien. Il faut en finir et je répète : Je ne baisserai jamais les bras. Nature nuisible au Bénin et à la vie du peuple béninois, il faut que s’en aille Monsieur Thomas Boni Yayi qui a fait entendre qu’il mettrait le pays à feu et à sang ; il faut qu’indigné, en rébellion sans aucun objet contondant, le peuple le combatte. La forfaiture n’autorise pas à gouverner un pays démocratique digne de ce nom. J’exhorte l’Armée des Amazones à être dignes de leurs ancêtres en se conformant aux normes de la désobéissance civile ; je demande aux femmes et aux jeunes filles de notre pays de recourir au processus de nos mères et grands-mères quand elles s’insurgeaient contre les abus du colonialisme au Dahomey : JÈ MÀ : tomber en rage ; visage et buste barbouillés de caolin et de sokpakpè, elles manifestaient en masse en marchant vers la demeure du Commandant du Cercle de Gléxwé (Ouidah) qui faisait machine arrière, sans l’intervention de la gendarmerie et de la police : leurs grands-mères, mères et femmes jè mà Olympe BHÊLY-QUENUM..
[1] Cf. fichiers joints, lire cette lettre. [2] Cf. celles d’Africae munus [3] En l’occurrence, Monsieur Thomas Boni Yayi et ses zélateurs devraient lire ou relire : DE LA TRIBALITÉ NORMALE AU RÉGIONALISME DANGEREUX: Il vaut mieux prévenir qu’avoir à guérir Père Alphonse QUENUM Recteur Emérite de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) De la tribalité normale au régionalisme dangereux De la tribalité normale au régionalisme dangereux |
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