Bénin : Comment la Pieuvre de la Pensée Unique et du Diktat Personnel en est Arrivée à Asphyxier la Presse
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Depuis 2006, la presse a reçu assez de coups. A sa prise de pouvoir, le Chef de l’Etat a très tôt affiché ses ambitions de caporaliser la presse et de n’y entendre que sa voix et celle de gens qui lui sont favorables. Il a aussitôt initié des contrats « juteux » avec des organes de presse qui ne doivent plus critiquer le gouvernement. Tous les organes sont ainsi assujettis et contraints à ne faire que l’éloge du gouvernement. C’est sous Yayi que les premières interpellations de journalistes ont commencé. Les premiers furent les journalistes du quotidien Diaspora de Sabbat, arrêtés pour avoir dit qu’une de ses filles souffre de maladie mentale. Le directeur de publication et le rédacteur de ce journal ont été gardés dans un commissariat et présentés au procureur qui les a heureusement relaxés. Progressivement, le gouvernement a installé sa mainmise sur toutes les chaînes de télévision. La seule qui a réussi à lui tenir un peu tête, c’est Canal3 jusqu’à la dernière élection présidentielle où le KO y a été annoncé pour la première fois. A l’Ortb, média de service public, l’opposition et la société civile ont progressivement perdu du temps d’antenne. L’émission « Bonjour citoyen », la seule qui a pu, pendant un moment donné, réussir à équilibrer l’information, a été finalement suspendue par la Haac, suite à une requête du Chef de l’Etat. C’est aussi la même qui ferme définitivement le quotidien « Le Béninois Libéré » pour avoir critiqué les Chefs d’Etat du Conseil de l’entente comme des « mal-élus ». Le gouvernement a ainsi réussi à installer une sorte de psychose dans le paysage médiatique béninois. Très peu de journalistes ont encore le courage de dire la vérité, et la vérité des faits. Aujourd’hui, avec un piètre 79è rang dans le monde pour la liberté de presse, le Bénin n’émerveille plus la communauté internationale. Au fil des jours, les espaces de liberté d’opinion se réduisent comme une peau de chagrin. Et l’édifice démocratique perd une de ses pierres angulaires.
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