Yayi Boni a été élu en 2006 à 75 %. Entre les assassinats et les diverses anomalies qui ont précédé cette élection, peu importe si dans le fond, sa prise du pouvoir n’était pas déjà obscurément trafiquée. Au moins l’espoir de changement auquel sa venue avait fait écho était gage de sa légitimité morale et politique. Mais tel n’est pas le cas de ce qui s’est passé en 2011, un holdup dont la férocité, annoncée par une fixation rampante sur tout le quinquennat s’est imposée à visage découvert, sans vergogne ni scrupule. Une telle mutation morale pose question. Un homme élu à la loyale et honnêtement en 2006, peut-il devenir une crapule et un voleur d’élection en 2011 ? Le ver n’était-il pas dans le fruit depuis 2006 ? Le plébiscite de 2006 n’était-il pas un chef-d’œuvre de fraude enrobé dans un joli coffret de manipulation ?
Mais peu importe comment l’homme est venu au pouvoir, peu importe comment il s’y est maintenu, où en sommes-nous avec l’idée politique simple du bilan et du compte rendu ?
La chose a été promise en 2006, mais jamais tenue. A l’approche des élections en 2011 le devoir de bilan a été occulté par toutes sortes de distractions savamment orchestrées. Et de fait comment peut-on envisager un bilan dans un contexte politique qui exclut toute contradiction et où le débat à déserté le forum ? Maintenant en plein mandat usurpé, les thuriféraires du régime objecteront qu’on ne fait pas le bilan d’une équipe pendant le match. A les en croire, il faudrait donc attendre la fin du mandat pour parler de bilan. Pendant que la gouvernance anarchique et déjantée de M. Yayi continue d’enfoncer le pays dans le gouffre.
A défaut d’un bilan général que Yayi Boni et ses hommes n’ont pas le courage moral de faire, la pertinence des bilans partiels ou spécifiques saute aux yeux car ils constituent de véritables indicateurs de la direction du pays. Par exemple, Yayi Boni peut au moins faire le bilan de ses voyages présidentiels non-stop depuis 7 ans. Surtout de la part de quelqu'un qui se dit docteur en économie, un peu de moral et de bon sens, un peu de justice voudrait qu'il accepte de faire le bilan de ses voyages. Si ce bilan est positif, si ses voyages sont rentables pour le pays, alors il continue, mais si le bilan est négatif, si ses voyages ne sont pas rentables pour le pays, Yayi Boni doit mettre fin à son géo-libertinage, arrêter de jouer les globetrotters sur le dos du peuple,
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de dépenser l'argent public pour sa passion des voyages en avion, des aéroports étrangers, des tapis rouges, son envie de montrer sa tronche de président. Pour ce qui est de cette envie idiote de montrer sa tronche de président, c'est à la fois révoltant et pathétique, puisque Yayi Boni n'a pas été élu, mais s’est imposé, à coup de farce et de force! Quelle idée d'aller dire au monde "voici le Président du pays qu'on appelle Bénin" alors que dans le fond vous avez fait un holdup électoral, volé l'argent public pour soudoyer les organisateurs et instances constitutionnelles garants des élections ?
En ce 21ème siècle c'est assez aberrant que les nations africaines en soient encore à ce stade d'infantilisme et d'arbitraire. Un homme saisit le pouvoir par la farce et la garde par la force, dilapide l'argent public, fait ce qu'il veut et il n'y a pas la moindre instance, la moindre autorité institutionnelle pour contrôler, limiter et vérifier ses agissements. Pourquoi alors parler de démocratie ? Pourquoi perdre les milliards du peuple pour faire des parodies d’élection si après, l'homme qui prend le pouvoir peut faire ce qu'il veut sans aucun contrôle ? Pourquoi élire un roi au 21ème siècle ? Pourquoi Yayi Boni ne prend-il pas seulement le pouvoir sans qu'un pays aussi pauvre que le Bénin ait à sanctionner sa prise du pouvoir par une comédie des apparences qui coûte 50 milliards au bas mot au peuple ?
Aminou Balogoun
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