M. Sarkozy, un homme qui a fait sa fortune politique grâce aux manipulations des sondages, avait encore repris son petit manège en vue de donner corps à ses fantasmes de come-back. Au gré des difficultés sondagières de son successeur, M. Hollande, que la crise qu’il lui a léguée bouscule, l’ancien Président esquissait un discret ballet politique ; faisait des gestes limite sous mot médiatique à peine couvert. Comme il ne se comporte jamais de façon conforme, et tient, dans son tempérament impulsif, à imprimer son cachet spécial, il commençait à agacer le nouveau pouvoir, et prenant subtilement l'opinion à témoin, il le rappelait au souvenir de sa turbulente existence. Bousculant l’usuelle réserve d'ancien président, il avait commencé à faire entendre la petite musique des sondages favorables à sa personne ; des interventions qui annonçaient son retour possible, sa candidature salutaire à la prochaine présidentielle qui verrait le pays en danger mortel ; et l'incapacité patriotique dans laquelle il se trouverait, le cas échéant de ne pas répondre à l'appel de la France dont il se peignait in fine en l'homme indispensable. Alors que la diplomatie est le domaine réservé du président en exercice, on l’avait entendu donner son avis sur la crise syrienne, recevoir les représentants des terroristes perpétuels en lutte contre le pouvoir autocratique en Syrie et plus récemment, en se faisant le moins discret possible, il s'était payé une virée initiatique en Libye pour y fêter l'anniversaire des crimes qui ont changé la donne dans ce pays, crimes dans lesquels il ne renie pas sa part de responsabilité. C'est que Sarkozy est dans la continuité de l'action politique. Il se sent citoyen libre, d'agir selon sa conviction et sa volonté. Il se veut un homme sans tabou et sans exclusive. Or, à entendre les cris d'orfraie et les protestations indignées de sa garde politique après sa mise en
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examen dans l'affaire Bettencourt, Sarkozy aurait tout à coup un statut spécial que les juges n'auraient pas respecté. D'un côté Sarkozy a le droit de jouer en citoyen libre les shadow cabinet de la diplomatie française ; mais de l'autre la justice ne peut pas l’inquiéter ou lui demander des comptes sur ses actes présumés non conformes à la loi. La mise en examen de M. Sarkozy qui vient d'être prononcée est décrite par la presse comme un coup de tonnerre. Mais cette qualification ne fait que donner raison à la mauvaise foi caractérisée, et renforcer les allégations tendancieuses de ses amis politiques qui oublient les règles fondamentales de la séparation des pouvoirs en démocratie, dès lors que Sarkozy lui-même se pose et agit en citoyen ordinaire. En revanche, il s'agit d'un coup de massue qui vient à point nommé pour lui rappeler la mise à l'écart politique qui a été prononcé par le peuple français lors des dernières élections. Le temps que M. Sarkozy passerait à jouer les indispensables de l'arène politique française, il est à espérer qu'il le dépense à s'expliquer devant la justice de la France. Adenifuja Bolaji
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