LAGOS, Nigeria (AP) - Le ministère des Affaires étrangères du Nigeria a convoqué un haut diplomate américain vendredi soir sur une question d'importance nationale - sur Twitter. Sont en cause deux messages envoyés vendredi par le compte Twitter de l'Ambassade américaine et qui critiquent le pardon inconditionnel donné à un ancien gouverneur condamné pour corruption, un homme que le président Goodluck Jonathan, quelques semaines seulement auparavant, qualifiait de «mon patron." La prise de bec diplomatique a commencé vendredi matin avec deux courts tweets publiés par l'ambassade américaine dans la capitale du Nigeria, Abuja. Le premier dit que les États-Unis sont "profondément déçu" par le pardon accordé cette semaine à l'ancien gouverneur de l'Etat de Bayelsa, Diepreye Alamieyeseigha. Alamieyeseigha a été mis en accusation et par la suite a plaidé coupable des accusations de corruption au Nigeria. Selon les enquêteurs, il a utilisé l'argent du gouvernement pour acquérir des biens en Grande-Bretagne et au Nigeria d’une valeur de plus de $ 10 millions. Le deuxième tweet de l'Ambassade Américaine a simplement dit: « Nous voyons cela comme un échec dans la lutte contre la corruption. » Le vendredi soir, le ministère nigérian des Affaires étrangères a publié une déclaration disant qu'il était urgent d'appeler James P. McAnulty, le chef de mission adjoint américain, pour une réunion. Le communiqué qualifie les remarques des Tweets d’"ingérence indue et d’indiscrétion malveillante dans la mesure où le président avait suivi la disposition de la Constitution nigériane qui lui donne le pouvoir d'accorder des pardons. « Le ministère a enfin exprimé l'espoir que l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique d’abstienne dorénavant de faire des commentaires injustifiés sur les affaires intérieures du Nigeria, qui sont de nature à compromettre les relations amicales qui existent entre les deux pays, indique le communiqué. » A Washington, le porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland a dit plus tôt vendredi que les récents pardons par le gouvernement nigérian de responsables corrompus « sont un revers pour le soutien américain au renforcement de l'état de droit au Nigeria, ce qui est très important pour l'avenir du pays ». Elle a laissé entendre que les pardons pourraient avoir des répercussions sur les programmes d'aide américains. « Nous avons dit clairement aux autorités nigérianes que cela met un point d'interrogation sur le genre de travail que nous avons essayé de faire avec eux», dit-elle. Pas de sanctions ou de mesures punitives pour l’instant, a-t-elle dit, mais nous continuons à considérer ce qui serait approprié. » Depuis la réunion à huis clos mardi, où Jonathan a décidé du pardon, les Nigérians ont réagi avec colère sur Twitter et ailleurs sur la décision. Un éditorial vendredi dans le journal Punch de Lagos a simplement dit: "La situation devient désespérée." Et d’ajouter : «Notre gouvernement est aux mains d’esprits étroits et sans cœur. »
Amené et Trad. par Binason Avèkes
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