Depuis la nuit des temps, les hommes ont toujours été intrigués par cet être plantureux, gracile, gracieux dotés de formes et attributs aguichants. De plus, son magnétisme qui fait déclencher en eux une avalanche de désirs charnels et sa capacité intrinsèque à donner la vie n’ont fait que renforcer la méfiance et le mystère autour de la Femme. Par leur instinct de domination, les hommes ont tout le temps cherché les voies et moyens possibles pour contrôler et dominer cette entité en apparence fragile mais oh combien complexe, et quoi de plus fédérateur que la religion pour légitimer cette guerre silencieuse, insidieuse ; cette prise de contrôle sur la vie de la femme qui serait née des côtes de l’homme, selon les saintes écritures, elles-mêmes écrites par les hommes ou révélées à eux uniquement. Face à cette société à deux vitesses, des femmes se sont révoltées. Elles ont, au prix d’immenses sacrifices et d’abnégation, osé exiger et obtenu des institutions internationales, des droits et un peu d’équité. A ces valeureuses héroïnes, nous devons de nombreux droits dont celui d’être déjà considérés comme des êtres humains à part entière ; le droit de vote, le droit à l’éducation ; toutes sortes de droits que le monde nous concède aujourd’hui même si certains n’ont d’existence que dans les textes.
Nous célébrons en ce jour, 08 mars 2013, une énième Journée Internationale de la Femme dont le thème de 2013 déclaré par l’ONU est : «une promesse est une promesse, il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ». Comme à l’accoutumé, parées de leur habit de circonstance, les femmes de toute condition du Bénin se retrouveront pour célébrer cette journée. Une poignée de femmes liront des discours, des déclarations de routine sans grande conviction et la grande majorité se contenteront de les écouter, souvent sans y comprendre mot et retourneront ensuite à leur petite vie jusqu’à ce que quelques braves femmes à l’esprit critique soulèvent des revendications légitimes et s’y collent avec dévouement. Mais au quotidien que fait la grande masse des femmes pour un monde égalitaire pour elles, leurs enfants et la génération future ? L’autre jour, appelée à donner un conseil aux nouveaux mariés, une parente d’un des quatre (4) couples rassemblés là, dans cette salle de mariage exigüe de la mairie de Cotonou, s’adressa à la jeune mariée en ces termes : Il n’y a pas de secret pour un heureux mariage, je te demande de te soumettre entièrement à ton mari et tout ira bien pour toi ». Oh, mon Dieu ! Je pensais être la seule à m’offusquer de ces propos inconvenants mais non ! Plusieurs jeunes femmes dans la salle ont ouvertement critiqué cette sortie inappropriée! On parle d’amour, de complémentarité et elle nous oppose « une sacro-sainte soumission ». Une autre fois, dans une émission matinale interactive à grande audience en langue « Fon » sur la radio communautaire du grand marché de Cotonou, l’animatrice a malencontreusement amené le sujet de l’émission sur le terrain du Genre ; un sujet qu’elle ne maîtrise pourtant pas. « …et elles appellent ça Genre ! Pour moi, le Genre n’a rien à faire dans le foyer ; c’est la soumission où tu te retrouves dehors… ». Le Genre, n’est pas femme ; « le Genre fait référence aux rôles et responsabilités socialement déterminés attribués aux femmes et aux hommes dans un contexte social, culturel donné en vertu de leurs caractéristiques biologiques ». Le genre veut l’équité, l’épanouissement de chaque Etre humain dans un environnement socioculturel exempt de discrimination. Le 4ème pouvoir qu’est la presse a le devoir de faire évoluer le droit et la société. Des femmes ont sacrifié leur vie pour obtenir, entre autres, que les filles puissent avoir le droit d’aller à l’école et continuent de lutter pour que plus de femmes puissent avoir la chance de faire des études supérieures. Sans ces braves femmes, cette journaliste n’en serait pas là. Elle ferait mieux de traiter par exemple les sujets d’intérêt public tels que ces jeunes hommes et femmes recrutés par des agences d’intérim, mis à la disposition de structures dont les banques de la place et qui sont maintenus des années durant dans une précarité totale. Ces jeunes femmes sont mises à la porte du jour au lendemain quand elles ont le bonheur de tomber enceinte. Pourquoi ? Parce qu’elles demeurent indéfiniment sous le statut d’ «intérimaire ».
Les lois contre les violences faites aux femmes ; le harcèlement sexuel…etc… n’ont pas tellement changé les pratiques dans notre pays. Comme leurs aînés, les jeunes et adolescents n’hésitent point à lever la main sur leurs copines, un fait de plus en plus banal. Et les plaintes pour viol, lorsqu’elles sont exprimées, continuent d’être banalisées et/ou mal traitées par une police composée en majorité d’hommes.
De tous les temps, les femmes ont desservi leur propre cause en se contentant de faire ce que la société attend d’elles. Dans nombre de cas, l’excision et les mutilations génitales sont orchestrées et exécutées par des femmes parce que certaines craignent à tort que leurs petites filles ne trouvent pas de « maris » si elles ne sont pas sexuellement mutilées. Ce sont aussi des femmes qui prennent la tête des expéditions punitives contre leurs belles-sœurs pour diverses raisons fallacieuses : stérilité, infidélité…etc…
Chaque homme ; chaque femme est une âme, unique ; une étincelle divine possédant toutes les caractéristiques de Dieu. Ce sont les femmes qui donnent la Vie. Elles éduquent leurs enfants et sont donc quel que peu responsables des comportements et valeurs que véhiculent les hommes et les femmes dans notre société. Combien de femmes familiarisent leurs garçons aux tâches domestiques ? Combien leur inculquent les valeurs d’équité et d’égalité des sexes ?
Au-delà des festivités et des discours creux, chaque femme doit se demander au quotidien qu’elle est sa contribution pour l’avènement d’une société plus égalitaire où les femmes et les hommes seraient réellement égaux dans leur spécificité respective.
Paula AGBEMAVO
Collaboration
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