Quand on regarde les Nigerian movies de Nollywood, surtout son espèce yoruba movies, on constate que la voiture y apparaît comme un élément de focalisation sociologique quasi existentielle, signe extérieur et intérieur d’existence. La voiture dans les yoruba movies est un personnage à part entière, qui a ses rituels, ses moments, ses codes, son éthique et son esthétique, ses lieux et ses hauts-lieux. Ce fait qui passe du statut de la réalité à celui de la fiction, montre combien l’éthique sociale d’une communauté humaine peut hypothéquer son avenir. Parce qu’on ne voit pas quel effort et quel mérite cette ostentation motorisée, cet affichage de la voiture comme signe existentiel de richesse peut justifier. Les Chinois qui émergent en ce moment, ont, plus que quiconque, montré que toute satisfaction de nos désirs se mérite. Eux qui sont d’abord, en matière de locomotion, passés par les étapes qui requièrent des efforts de soi sur soi, en mettant à l’honneur le vélo pendant des décennies comme moyen de déplacement de masse. Le vélo figure l’autonomie, le fait de compter |
sur soi-même pour avancer, en tant que personne, peuple et nation. Au lieu de quoi, la plus grande nation noire du monde, à la faveur d’une manne pétrolière dont les réserves ne sont certes pas inépuisables, a choisi le raccourci sans lendemain d’une existence qui sacrifie peu à la pédagogie de l’effort en lâchant la bride à une vie sans effort centrée sur le rêve de la voiture. Mais l’illusion ne durera pas une éternité. Un jour, avant les dernières gouttes de pétrole, il va falloir se réveiller du rêve et plonger dans le cauchemar… Anjola Bosun |
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