Depuis qu’il a remué ciel et terre pour obtenir le trône pompeux de Président de l’UA, grâce au Ghana et à l’Afrique du Sud, Yayi Boni est sur tous les coups ; il se fait présent sur tous les fronts et sur tous les théâtres chauds en Afrique : du Ghana au Centrafrique en passant par le Mali. Aveuglé de paix et sourd à la justice, entre rodomontades et mièvreries, il veut donner l'image du sage pèlerin, africaniste bon teint prêchant la fraternité et l’union…africaine ; il veut se fabriquer un halo de grande conscience internationale éprise des grandes causes et qui sait ? avec le coup du sort, se voir attribuer un poste ou une reconnaissance internationale à cet effet. Mais chez lui, l'homme n'est pas pacifiste pour un sou. Allez, si le cœur vous en dit, réécoutez le discours qu'il a pondu pour la postérité à l'occasion du 51e anniversaire de l'indépendance du pays, le Bénin, et vous vous rendrez compte d'à quel point il est un faucon. Dans ce discours véhément et indigne d’un Président ( est-ce parce qu’il avait volé les élections qu’il se croyait tout permis ?) , il menaçait sur un ton guerrier d’en découdre avec ses opposants. Il prêchait la division régionaliste, et crachait le feu comme Shango ; il développait une vision clivée et manichéenne de la nation en termes de « eux » et « nous ». « Eux » c'est-à-dire ceux qu'il faut liquider parce qu'ils ne sont pas comme «Nous », envoyé de Dieu sur terre pour y présider aux destinées de ses fils et filles, c'est-à-dire essentiellement ceux qui ont approuvé, à l'appui de l'Occident hypocrite et de ses organisations internationales patentées, l'usurpation du pouvoir perpétrée par hold-up électoral, mixte et mixture de bidouillage de la liste électorale, de fraudes consacrées et enfin d'instrumentalisation tarifée des institutions de la république et achat de conscience à coup de milliards prélevés dans les caisses de l'État. Dans son propre pays, l’homme a plus d’un crime sur les bras sinon sur la conscience. On parle de la mort d'un haut fonctionnaire des finances disparu corps et âme après violence physique sur sa personne, parce qu'il serait passé à l'ennemi (c'est-à-dire chez « Eux ») avec armes et secrets, sans compter les crimes nombreux de corruption commis en sa faveur ou en son nom au sommet de l'État dans l'impunité la plus totale ; impunité cocasse, et d'autant plus absurde que ces fléaux et ces vices faisaient partie du noyau du changement au nom duquel, sans l'avoir jamais connu, l'« original » et somme toute naïf peuple du Bénin l’a élu Président en 2006 ! Dans son pays aussi, l'homme n'hésite pas à faire voir de toutes les couleurs à ceux qui ne partagent pas sa vision despotique et éternaliste du pouvoir. Aussi puissants soient-ils, il n'hésite pas à mettre en œuvre d'obscures machinations pour se payer leur peau. Tel de ses conseillers dénonce-t-il son intention de trafiquer la constitution pour se perpétuer au pouvoir, il lance sa machine judiciaire à ses trousses et n'arrête pas de lui faire des chicanes.
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Actuellement, il a réussi à faire prendre la poudre d'escampette à quelques-uns qu'il accuse de vouloir l'empoisonner. Accusations grotesques, et pratiques désuètes d'un temps révolu mais auxquels
en autocrate déjanté, il n'a de cesse d'avoir recours. Et c'est cet homme qui brandit un peu partout dans l'espace médiatique du monde extérieur,--comme si la légitimité nationale, la vérité ou la justice intérieures étaient subordonnées à l'image factice élucubrée à l'usage du monde extérieur--et c'est cet homme disons-nous qui brandit un peu partout en Afrique l'image du saint homme de la paix, accourt au quart de tour sur les théâtres de tension, de friction voire de guerre, comme un croque-mort heureux, pour parler de paix, de paix et toujours de paix. Alors que chez lui, si la paix existe ce n'est pas grâce à lui mais malgré lui. Car l’homme qui se tort en tant de simagrées aux yeux du monde extérieur est chez lui un vrai va-t-en-guerre, un voleur d’élection, un autocrate monomaniaque, assassin de la Démocratie et des Libertés Fondamentales.
Allons donc, la politique est chose trouble et pas toujours propre, mais l’hypocrisie, le mensonge dans la médiocrité peuvent-ils sauver l’Afrique ? Pendant combien de temps assassins et bourreaux, criminels et voleurs (d’élection), faussaires et érotomanes pansus passeront-ils pour des donneurs de leçons morales, des sages ou des gens de bien si l’Afrique veut émerger dans le concert des nations ? … Il est vrai que les cordonniers sont les plus mal chaussés et qu’à beau mentir qui vient de loin... Mais, s'il est politiquement mal chaussé, le Bénin est-il si loin que ça ?
Aminou Balogun
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