[COTONOU, BÉNIN] Les guérisseurs traditionnels au Bénin possèdent une connaissance sophistiquée en matière de traitement du paludisme avec les plantes médicinales et des stratégies doivent être développées pour exploiter cela et promouvoir la conservation des plantes, rapporte une étude. Des chercheurs de l'Université d'Abomey-Calavi, Cotonou, ont répertorié plus de 80 plantes, qui sont considérées comme antipaludiques et utilisées par les guérisseurs traditionnels dans le plateau d’Allada, au sud du Bénin, afin d'évaluer les connaissances traditionnelles et les techniques de traitement du paludisme. Avec l'augmentation de la résistance virale aux médicaments antirétroviraux, le recours aux plantes médicinales est devenue une option thérapeutique en médecine au Bénin, indique l'étude, qui a été publiée le mois dernier dans le Journal d'Ethnopharmacologie. Marius Yetein, chercheur à l'université et auteur principal de l'étude, explique à SciDev.Net que son équipe a utilisé un questionnaire pour recueillir des données provenant de 23 guérisseurs traditionnels et 30 vendeurs de plantes médicinales. L'équipe a répertorié 82 espèces de plantes dans 43 familles comme étant utilisées par les guérisseurs traditionnels pour traiter le paludisme. Les familles des Rubiacées et Césalpiniacées étaient les plus représentées, avec sept espèces chacune, bien que les Dichapetalum madagascariense soit l'espèce le plus souvent citée par les guérisseurs traditionnels. L'équipe a constaté que les guérisseurs utilisent principalement la décoction, une méthode d'extraction des substances chimiques à partir de plantes médicinales par ébullition, pour préparer les remèdes. «[Notre étude] indique que les guérisseurs [traditionnels] ont une connaissance très poussée des plantes antipaludiques», explique Yetein. «Beaucoup de ces espèces, comme le citron Citrus, sont également utilisées pour la prévention du paludisme." Selon un rapport de l'OMS publié en 2009, qui est cité dans l'étude, plus de 80 pour cent de la population Béninoise utilise la médecine traditionnelle, due à la fois à l'augmentation des coûts des soins de santé et pour des raisons socioculturelles. Les auteurs affirment que leur recherche pourrait contribuer à la conservation de la connaissance traditionnelle des plantes antipaludiques et à l'amélioration de la gestion du paludisme. Mais ajoute, M. Yetein : «Nous avons remarqué que la plupart des plantes que nous avons répertoriées n’ont pas été soumises au dépistage alors qu'en fait, nous avons besoin de savoir avec certitude lesquelles ont des propriétés antipaludéennes actives. Une telle connaissance pourrait conduire à la mise au point de médicaments plus efficaces contre le paludisme... C'est pourquoi nous recommandons fortement le dépistage.» Monsieur Guy Apollinaire Mensah, directeur de l'Institut national du Bénin pour la recherche agricole, se félicite de l'étude. En raison de la résistance aux traitements classiques du Plasmodium, parasite du paludisme, cette nouvelle recherche est, selon lui, à la fois très pertinente et opportune. «Le dépistage de ces espèces végétales, explique-t-il, contribuera à l'expansion du répertoire des plantes médicinales utilisées comme traitements antipaludiques au Bénin». Mais selon lui, la lutte contre la maladie devrait adopter une approche intégrée et multidimensionnelle, et la recherche du développement d'un vaccin devrait se poursuivre. M. Yetein explique qu’une fois finalisée l'étude sera soumise au ministère de la Santé du Bénin, dans le but d'avoir des espèces végétales répertoriées dépistées par des chercheurs désignés par le ministère.
traduit par Binason Avèkes
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