Toi l’enfant du destin si une chose t’est destinée même si tu n’y cours pas après, tu l'auras. Si quelqu'un te fait du tort ou du mal, pardonne-lui. Célibataire qui languis de solitude, un jour tu finira par trouver l'âme soeur. Et toi, homme politique ! Le peuple qui selon les rumeurs te rejette, eh bien contre toute attente c'est ce même peuple que tu finiras par diriger ! La famille dans laquelle tu passes pour le méchant, tu en seras le chef. Chaque chose en son temps, et quand l'heure arrive on n'y coupe pas. La raison pour laquelle je dis cette vérité, en voici l'explication. Attention qu'on ne s'y méprenne pas : ceci n'est pas une incitation à la paresse. Que le Zemijan qui m'écoute n'aille pas garer son engin et croiser les bras. Je ne fais pas l'apologie de la paresse ni de la passivité. Ce que je dis c’est que si quelque chose t’est destiné, tu l’auras, quoi qu'il en soit. Voici une éloquente illustration de cette vérité
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Il était une fois, Sica, jeune et belle fille qui, pour tout mari, n'a trouvé qu'un pauvre hère sans métier et sans argent. Le couple avait du mal à joindre les deux bouts. Vivre au quotidien, se nourrir, se vêtir n'était pas une mince affaire. Pour tout dire ils galéraient, vivant de peu, vendant des feuilles de teck ou du bois prélevé dans la forêt pour se procurer leur maigre subsistance. La vie étant ce qu’elle est, Sica avait l'occasion de rencontrer de temps à autre ses amies ; elle en profitait pour leur parler de sa vie difficile avec son mari. « Sica, va voir ailleurs, lui disaient ses amis. Ne sais-tu pas que l'homme est comme une chaussure ? Quand une chaussure devient trop large, inutile de la trainer, mieux vaut en changer. » Sica trouvait ces conseils pertinents, et elle promettait à ses amies de les suivre. Mais, lorsqu'elle rentrait chez elle, au fond de son coeur elle ne pouvait franchir le Rubicon et préférait le train-train de sa dure vie aux côtés de son mari. Ainsi continua-t-elle à s'accommoder de son malheur, à vivre dans la privation et le dénuement au quotidien. Un jour que Sica et son mari étaient partis chercher du bois, dans un coin de bosquet, ils tombèrent sur une marmite dont l'insolite présence les intrigua. Énorme et toute neuve, la marmite était refermée par un couvercle métallique dont l’anse figurait un caméléon. Sica ne put réprimer son envie de savoir ce qu'elle contenait. « Ouvrons-la, dit-elle à son mari. » Celui-ci, en homme prudent, hésita un moment. Mais Sica insista et à peine son mari eut-il cédé qu’elle souleva le couvercle de la marmite. Quelle ne fut alors leur étonnement de voir que l'énorme marmite était remplie à ras bord d'argent : des billets de banques en grosses coupures et flambant neufs . Sica voulut emporter cette manne, mais son mari, toujours prudent, tempéra son ardeur. « Attention ma chérie, dit-il, nous ne savons pas à qui est cette marmite, mais si l'argent qu'elle contient nous est destiné, tôt ou tard, il nous reviendra.» Alors Sica comprit que ses amis avaient raison lorsqu'elles disaient que son mari n'était qu'un vaurien, un homme incapable de saisir sa chance. Aussi, dès cet instant prit-elle la résolution de le quitter. Joignant le geste à la décision, et sans perdre du temps, Sica alla chez Gbénou son premier amant et lui expliqua l'affaire. Gbénou qui continuait toujours de brûler pour elle ne se fit pas prier pour accompagner Sica vers le bosquet. Une fois arrivée à la croisée des sentiers, Sica doigta au loin la marmite. « Tu vois cette marmite au loin là-bas, dit-elle, c’est-elle qui va nous réunir toi et moi pour la vie-- Ah bon ? Comment ça ? dit Gbénou qui n'en revenait pas -- Ecoute-moi Gbénou, dit Sica, cette marmite que tu vois là est remplie à craquer d'argent. Ramène-là chez toi, et je t’y rejoindrai bientôt pour le reste de notre vie ! » Ayant dit cela, Sica s'en alla et laissa son amant à l'oeuvre. L'après-midi même, Gbénou retourna tout seul à l'endroit où se trouvait la marmite. Mais quand il souleva le couvercle métallique de la marmite, au lieu d'argent, il fut surpris par un essaim d'abeilles qui l'accueillirent furieusement. Gbénou se débattit comme un beau diable et au prix de quelques piqûres parvint à refermer le couvercle de la marmite. « Ah, soupira-t-il amer, Sica s'est payé ma tête ! Eh bien, je vais lui rendre la monnaie de sa pièce, promit-il. » Pour se venger, Gbénou décida d'aller jeter la marmite devant Sica pour laisser les abeilles faire leur miel de son sang. Aussitôt, il chargea la marmite et s'en fut chez Sica. Lorsqu'il arriva devant la maison de sa maîtresse, il la trouva elle et son mari devant le seuil. Les deux époux assis côte à côte devisaient tendrement comme mari et femme. Gbénou n’en fut plus qu’enragé. C'était bien la preuve que Sica s'était payé sa tête. Et sa fureur décupla. Il se précipita et, quand il fut tout près d'eux, il jeta la marmite à leurs pieds. Le mystérieux vase se brisa en mille morceaux. Mais à la grande surprise de Gbénou, au lieu d'un essaim d'abeilles, c’est un essaim de billets de banques inoffensifs et tout flambant neufs qui par centaines se répandirent sur le sol. Les deux époux n'en croyaient pas leurs yeux. Ils étaient fous de joie. Ils se levèrent et se mirent à danser devant leur providentiel assaillant. Celui-ci, n'y comprenant plus rien, s'en retourna penaud…. Et ce fut l'occasion pour le mari de Sica de rappeler sa vision du destin. Ce qui t’est destiné, dit le poète, point besoin de courir après. Ce qui t’est destiné tôt ou tard te reviendra même si tu restes chez toi… Alevi., SEGBETO |
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