Le Docteur Président-de-tout a sa propre effigie placée à l'entrée de l'aéroport, dans l'antique et somme toute classique style des dictateurs staliniens et de leurs avatars bananiers. On retrouve la même image au rond-point de Kajèun, et un peu à l'orée de la place des martyrs sur le chemin qui mène de chez lui à son lieu de travail comme pour flatter son ego chaque fois qu'il met le nez dehors ou dedans. Mais comme il paraît que le Bénin est un pays démocratique et sans doute pour ne pas forcer la dose de son ubiquité iconique urbaine, l'astuce de ses communicants a consisté à substituer sa propre image par ses ersatz. Ainsi, le long des voies situées de part et d'autre de son oeuvre monumentale--l'échangeur de Godomey, censée être l'apothéose de ses oeuvres en vue d'une réélection mais qui finalement, holdup et trucage oblige, n'eut pas à se faire valoir —on peut voir largement placardée, l'invitation adressée par « l'Université Polytechnique Internationale du Bénin », à un autre docteur néanmoins présidentiel puisqu'il s'agit de celui que l'affiche, image à l'appui, — veste bleu turquoise, bras levé et main ouverte en signe de salut— désigne sous le nom du Docteur Teodoro Obiang Nguema, président de la Guinée équatoriale et précédent président de l'union africaine. La dissémination de l'image de l'homme fort de Cotonou fait usage d'une similitude structurée : un président de la république en cache un autre ; un ancien président de l'union africaine en cache un autre ; un docteur en cache un autre, etc…
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Quel citoyen circulant dans les rues de Cotonou n'a pas vu cette image ? Et elle continuait de hanter les passants bien que l'événement qu'elle annonce soit passée depuis belle lurette, comme si sa présence permanente aux carrefours et le long des artères principales de Cotonou avait d'autres fonctions et d'autres buts que ceux qui sont explicitement indiqués… Qui dispose de tant de moyens pour se payer une telle opération de communication ? Certainement pas cette fameuse « université polytechnique internationale du Bénin… » Dans une Démocratie dont l’étoile est morte depuis belle lurette l’art de vivre de ses rayons posthumes passe aussi par la fabrication de fausses images, d’ersatz, avatars du docteur, censés relayer son image, sans abuser des convenances d’une Démocratie imaginaire, ni de la sensibilité tapageuse de ses Démocrates putatifs…
Aminou Balogun
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