Lettre à Pancrace sur la Récente Fourberie Communicationnelle et Pseudo Moralisante de l’Acrobate Politique Joël Aïvo
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Cher Pancrace
De Rome où tu es depuis quelques jours pour un colloque sur le thème « Démocratie et Pouvoirs Publics », tu m’écris et tu dis « Quand on est à Rome paraît-il, on fait comme des Romains, mais moi je vais déroger à la règle ! » Et en guise de dérogation, tu as décidé de m’entretenir du Bénin, ce qu’aucun Romain, il est vrai, ne pourrait faire à ta place ! Et d’entrée, tu parles de l’article publié dans la presse sous le titre intrigant de : « Qui gouverne le Bénin », par Joël Aivo, l’«éternel jeune Acrobate politique, agrégé de bluffs constitutionnels » comme tu l’appelles. Et tu me demandes ce que je pense de sa « dernière fourberie communicationnelle ». « Quelle est la fonction de ce pot pourri de bien-pensances éculées, égrenées avec une hargne évangélique par un homme qui n’a jusqu’ici jamais brillé par ses qualités éthiques ? » Mon cher ami, tes questions sur cette com de Monsieur Joël Aivo ne manquent pas de pertinence ; et tu y vas avec un mordant qui témoigne de ton écœurement devant toute manipulation médiatique cousue de fil blanc. Une fois n’est pas coutume j’abonde dans ton sens ! Et je vais te répondre sans détour… Puisque c’est de l’état du Bénin dont il s’agit, du Bénin qui va mal, parce que mal gouverné… Ce qui est frappant dans cette com, c’est que son auteur semble avoir recensé une série de choses qui vont mal, que toutes sortes de gens disent un peu partout et tous les jours sous forme d’articles, de discours, de prise de parole ; un ensemble d’évidences qu’il a soudainement agrégés, organisés en discours, et décidé de prendre à son compte pour se donner les airs de celui qui les annonce et les dénoncent ; alors que leur énonciation et dénonciation n’ont rien d’inédit. Ceci est d’autant plus ahurissant, que cela émane d’un homme qui par trahison infantile, a pris langue avec le pouvoir au plus haut niveau et joue des coudes pour être dans les petits papiers, les jurys constitutionnels ou autres clubs de pseudo intellectuels, mystificateurs et quémandeurs de la bonne grâce du Grand Gouverneur !... Cette tactique est bien huilée et n’est que la dernière épiphanie d’une méthode consacrée. Que le pays aille mal, tout le monde en convient. Mais convient-il que ce mal soit exploité ? Et pourtant les émules d'Albert Tévoédjrè sont à l'œuvre. Un à un, on les voit agir dans le paysage médiatico-politique. L'histoire retiendra que la méthode utilisée par Albert Tévoèdjrè pour entrer dans le système politique du pays a consisté à écrire des articles retentissants par leurs tonalités critiques, le plus souvent populistes, mettant en avant la souffrance du peuple opposée à l'irresponsabilité, la médiocrité et la gabegie des dirigeants. A partir d'une certaine notoriété médiatique, et en jouant sur les multiples tableaux de son identité biographique savamment apprêtée à cet effet, ( Professeur, Agrégé, ex- chef de cabinet d'un Homme politique, etc.) on pond un brûlot larmoyant mais somme toute banal dans sa vérité, et qui est l’idéaltype de ce que tout le monde pense, ce qui se dit partout, et on le prend en charge médiatiquement comme si le dire suffisait pour être identifié ou perçu comme étant du bon côté. Puis, comme cela se fait en politique, et dans l'esprit des tenants du régime actuel, on espère être invité à prendre part au gouvernement pour couvrir ou endiguer la vague que cette communication, espère-t-on, pourrait susciter. |
C'est le même procédé qu'Albert Tévoédjrè a utilisé pour se faire bombarder secrétaire d'Etat de Maga, après qu'il a pondu des brûlots larmoyants, d’une simplicité manichéenne et démagogique dans lesquels il passait pour le diseur de vérité de l’époque, brûlots qui ont eu un certain retentissement dans la presse... Dans le cas que tu évoques, tout le monde connaît le parcours en zigzag de ce professeur excité, cet « acrobate politique » comme tu le qualifies à juste titre, qui joue les possesseurs de la science Constitutionnaliste infuse, comme si les peuples se nourrissaient de constitution et d’eau fraîche, ou si la science qui a fait le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui dérivait exclusivement de la science constitutionnaliste -- ce qui aurait échappé à la lucidité du jury du Nobel. Un Professeur, ou quelqu’un qui fait office comme tel a suffisamment de mémoire des pratiques politiques et culturelles passées et actuelles pour savoir ce qui a marché et comment s’en servir. Il est normal et louable que les gens, surtout lorsqu’ils se proclament professeurs ou intellectuels s’expriment. Mais parfois lorsque maints indices le laissent supposer, il est prudent de prendre leurs actes de parole avec des pincettes. Car mon cher pancrace, si le soupçon avec lequel il sied de prendre cette communication ne relève pas entièrement du délire ou de ce qu’on peut supposer être de la béninoiserie gratuite, il n’est pas dans l’intérêt de la conscience collective d’en être dupe. Certes, mon cher ami, je sais que ta conscience est plus aigüe que celle de la moyenne des gens. Du reste, la pertinence de tes questions prouve bien que cette fausse bonne conscience affichée de Monsieur Joël Aivo n’a pas de quoi troubler la surface étale de ta conscience… C’est de l’eau jetée sur le dos du canard… Bon séjour à Rome, et tâche de faire un peu comme les Romains ! Binason Avèkes |
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