Alors que sa gouvernance désaxée est caractérisée chaque jour par des violations des libertés fondamentales ; alors que la grande majorité du peuple béninois a de bonnes raisons de se plaindre de l'acharnement de M. Yayi contre les libertés d'expression et d'autres droits de l'homme, voilà que ce régime de dilettantes corrompus et son chef se glorifient de supprimer la peine de mort et de célébrer cette suppression. Pourquoi ne pas, dans le même élan que les pays riches du monde, à côté desquels on se glorifie de prendre place, pourquoi ne pas initier un projet spatial, envoyer un satellite dans l’espace, ou développer le nucléaire, pendant qu’on y est ? Pendant que Dantokpa reste Dantokpa, le kpayo et autres misères du quotidien continuent ; les masses de chômeurs de nos villes, jeunes désœuvrés, père de famille sans travail, enfants de bas âge au travail de misère, notre système de santé calamiteux, nos hôpitaux des mouroirs, l’école sans boussole, la misère qui avance, nos tribunaux moyenâgeux : sur 100 crimes commis à peine deux ou trois ont des suites judiciaires, et le peuple en proie à une insécurité de plus en plus préoccupante. Pendant ce temps, nous tirons gloire de nous compter parmi les pays ayant supprimé la peine de mort ! Supprimer la peine de mort dans un pays qui peine à respecter les règles fondamentales de la démocratie et des droits de l'homme, n’est-ce pas de la poudre aux yeux, du pain béni médiatique, un malicieux lifting censé cacher la nature dictatoriale d’un régime et d'un homme aux yeux du monde occidental ? Celui-ci du reste, par hypocrisie ayant fait de ces considérations tronquées ses valeurs cardinales, c’est la porte ouverte à toutes les manipulations… De toute façon dans la mesure où des régimes comme ceux de M. Yayi sont là pour veiller aux intérêts des occidentaux, toutes les manipulations et mises en scène qu'il déploie ne sont que des manières d'amuser la galerie bien comprises, entre ses maîtres donneurs d’ordre et lui. Si bien que dans cette affaire c'est surtout la conscience ordinaire qui est le plus dupe.
En effet, du point de vue de cette conscience ordinaire, quelle leçon ne donne-t-on pas à des pays soi-disant démocratiques mais rétrogrades comme les États-Unis qui continuent de pratiquer la peine de mort ? Et quelle fierté de se hisser au même niveau que des pays comme la France, la Norvège, l'Allemagne etc. ! Au moins cela donne-t-il l'occasion au visqueux Arifari Bako, père de la LEPI truquée ( donc criminel fait Ministre par remerciement régionaliste du service rendu) de s'asseoir à la même table que les grands de ce monde et de faire les mitoyémè … Mais la facilité à proclamer la suppression de la peine de mort au Bénin est aussi pathétique que compréhensible. D'abord parce que le criminel de droit commun n'étant pas l'ennemi du régime tyrannique, que celui-là soit condamné à mort ou emprisonné, peut lui chaut. De plus la suppression de la peine de mort--et les disparitions mystérieuses d'un Dangnivo, ou celle plus ouvertement crapuleuse d’un Juge Coovi le prouvent --va de pair avec les liquidations extra-
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judiciaires, des assassinats politiques déguisés sous les dehors de crimes crapuleux, qui comme toujours au Bénin restent impunis et sans suite. La suppression de la peine de mort est une décision forte qui, dans les pays avancés qui ont fait du respect de la rationalité légale le socle du fonctionnement de leur société, vient couronner l’expression éthique et humaniste de ce respect. Or nous somme loin en dessous du degré zéro de la rationalité légale, mais comme un petit rat qui s’invite au festin des éléphants, nous nous glorifions de nous hisser au niveau de ces pays. La peine de mort est une cerise sur un gâteau éthique des sociétés. Nous n’avons pas le gâteau mais nous avons la cerise ! Ah, la chose aurait prêté à sourire, si d’une certaine manière elle n’était pas assez grave.
À l'évidence, cette bonne volonté éthique de Monsieur Yayi, n'est pas gratuite. Outre qu'elle sert à cacher les vices de son régime tyrannique, elle cache aussi une autre vérité, politique. Si la justice devait être celle du peuple, un régime où une minorité s'accapare des richesses de la collectivité, la pille en toute impunité, si la justice devait être celle du peuple disons-nous, qui frapperait-elle en premier ? Et dans sa fureur implacable, quelle sentence confèrerait-elle au crime monstrueux des chevaliers d'industrie qui ont fait main basse sur les richesses nationales pendant que de génération en génération se meurt la multitude : femmes, enfants, jeunes, vieillards, dans la misère et le désœuvrement ? Ceux qui méritent la peine de mort sont ceux qui la suppriment aujourd'hui et leurs amis étrangers dans l'intérêt pluriséculaire de qui ils mettent leur propre peuple à mort à petit feu, savent mieux que quiconque le sens de leurs simagrées
Aminou Balogun
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