Gbagbo a subi l'avanie et l'injustice d'être déchu par la France, l’ancien colonisateur invétéré ; traîné à la Haye et embastillé par le système judiciaire impérialo-occidental de rectification politique nommé TPI. Depuis lors, le calme est revenu miraculeusement ; tout le monde constate que la Côte d'Ivoire ne bat plus du bruit de la guerre ; les coups d'État et autres rebellions y ont fait long feu. On peut s'en réjouir et s'en étonner aussi. À quoi doit-on ce miracle ? A la seule sagesse des peuples ? Ou à la raison retrouvée de leurs dirigeants ? Non, bien sûr que non, La raison en est ailleurs, simple et double à la fois Simple, parce que Gbagbo est originaire du sud de la Côte d'Ivoire ; et comme tel-- c'est le cas dans la plupart des pays du golfe de Guinée--il s'identifie au centre de gravité économique, culturel et démographique du pays. Un homme d'État qui s'identifie à l'essence de son peuple n'y porte pas volontiers la guerre, il n'y fomente pas la mort et la souffrance, le désordre et le chaos juste pour accéder au pouvoir ou le reprendre ; à moins qu'il ne soit pas un patriote africain digne de ce nom. Or, patriote africain, Gbagbo l’est et l’a toujours été ; son combat politique est ancré dans la conscience des enjeux historiques et collectifs qui déterminent la liberté et la prospérité de l'Afrique. Tel n'est pas le cas de l'homme politique du Nord. Celui-ci, s'identifiant rarement à l'essence du pays, allié objectif du Blanc, et comme lui, se sentant étranger au peuple, se plaçant instinctivement dans la logique destructive du « moi ou le chaos », est prêt à brûler le pays, le mettre à feu et à sang (comme l'a promis et réalisé Ouattara en Côte d'Ivoire, et comme l’a proféré pour l’instant du bout des lèvres M. Yayi le nordique autoproclamé du Bénin) car il ne le ressent pas
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comme tel. Et, comme la seule chose qui l'intéresse dans le pays est d'accéder à sa magistrature suprême, cette logique scélérate et antipatriotique le porte à fomenter guerres et troubles, coups d'état et déstabilisations, et ne reculer devant aucune bassesse ou indignité historique pour atteindre son but. L'autre raison--pour le coup, double, parce que tout en duplicité--de ce calme miraculeux de la Côte d'Ivoire actuellement c'est que les financeurs de la guerre ; ceux qui aident à fomenter troubles et coup d'état, guerres et « rebellions » ; ceux qui fournissent les armes et la logistique sont les mêmes qui ont embastillé l'homme du sud. Dans ces conditions, Gbagbo eût-il voulu céder à la passion revancharde de la reconquête de son honneur, de ses droits et ceux de son peuple bafoués, eût-il voulu mettre en branle ses guérilleros et armées de l'ombre qu'il n’en aurait pas eu les moyens. Si bien que le calme apparent qui règne actuellement sur la Côte d'Ivoire doit beaucoup au fait que Gbagbo ne soit pas un homme du Nord…
Éloi Goutchili |
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