Je n'aimerais pas être à la place de nos chefs d'État africains qui accèdent au pouvoir ou le conservent par la supercherie, le trucage, la fraude, la corruption et autres achats de conscience sur denier public : toutes choses qui constituent la culture de base et la technique consacrée de la démocratie théâtrale qui nous tient lieu de seconde nature politique. Comment prendre ainsi le pouvoir, le conserver et l'exercer et parvenir à dormir la nuit en pensant qu'il existe au moins un concitoyen honnête que par mon geste, ma violence symbolique, mon égocentrisme et ma mégalomanie, j'ai lésé, privé de droits et piétiné moralement et politiquement ? A moins qu’ils ne pensent pas, nos soi-disant chefs d’État ! L'espèce politique, notamment en Afrique, doit être un pachyderme moral, sans états d’âme, aveuglé par ses fantasmes et sa folie des grandeurs, la manie de prendre ses vessies pour des lanternes pour asseoir ainsi sa volonté mesquine sur le dos des droits élémentaires de son semblable, ravalé sans vergogne au rang de non-être.
|
|
Non je n'aimerais pas me retrouver à la place d'un Yayi, d’un Nguesso, d’un Biya ou je ne sais quels valets locaux de la Françafrique, sans être hanté par le fantôme du concitoyen lésé--ce soldat inconnu de la démocratie théâtrale que j'aurais allègrement tué, anéanti et dont l'esprit, loin de me hanter, en un élan pervers, me porterait vers les cimes infâmes de l'immoralité et de la dénégation… Or tel est le lot de nos dirigeants françafricains, de Cotonou à Yaoundé en passant par Lomé, Libreville etc. Et ce n’est pas pour dire que les anglophones, sous ce rapport, sont des anges, loin s’en faut !
Éloi Goutchili
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.