Un nombre croissant d'hommes politiques qui ont embarqué dans la croisière en Yayiland, en reviennent fatalement avec pertes et fracas. À l'instar de l'embarquement qui fait grand bruit souvent à cause de son caractère improbable, le retour ou le débarquement impromptu est tout aussi agité de soubresauts, de remous et parfois d'échauffourées médiatico-judiciaires. Mais aussi opportunisme de barons politiques sans scrupule et rompus au commerce de soi. La vie politique, comme toute vie dira-t-on, est faite de vicissitudes mais la forme de ce voyage qui commence en fanfare et finit en cris d'orfraie et aboiements croisés laisse réfléchir. On pourrait penser à la rançon des opportunismes croisés : celui d'un homme, inconnu au départ,--M. Yayi--qui, tel un vampire, attire tour à tour les grands noms du paysage médiatico-politique, s'en entoure pour se donner l'air d'avoir de qui tenir, suce leur sang puis une fois repu, les rejette à la mer ou à terre, en tout cas pas dans la douceur des au revoir amicaux. Tenez, la liste en devient impressionnante au fil du temps : TALON, AZANAÏ, GBEGNONVI, QUENUM, AGBO et même TEVOEDJRE . Tous ces hommes ont payé de leur honneur, de leur va-tout pour aller respirer l'air fabuleux du Yayiland. Leur aura supposée était censée bénéficier à l'illustre commandant de bord. Et, de fait, tous eurent à cœur de glorifier leurs idoles, de l'encenser, d'en dire tout le bien qu'ils en pensaient. Que voulez-vous qu'il fissent ? Ils étaient embauchés pour cela ! On se souvient encore des protestations dithyrambiques dont étaient émaillés les éditoriaux enflammés de l'infatigable Roger GBEGNONVI. D'autres comme l'homme d'affaires Talon n'hésitaient pas à payer de leur poche dans le rêve mesquin d'un retour d'ascenseur. Le commandant de bord engrangeait les louanges et les mannes financières dont on le comblait. Il en usait pour passer en force et cela lui mettait le vent en poupe. Puis, une fois repu, il sonnait le glas de l'équipée et se brouillait avec celui dont la notoriété lui a servi à étayer ou naturaliser la sienne. Puis, il se mettait à guigner sur une nouvelle victime. C'est ainsi que sont passés tour à tour dans le bateau les Patrice, les Roger, les Candide, les Épiphane, les Lionel et autres Albert. Ce dernier, TEVOEDJRE, après avoir plastronné comme le griot en chef de la croisière, après avoir joué à tue-tête les fiers faiseurs de roi imbus d'une science politique infuse, se rendant compte qu'il n'avait pas affaire à Titus le sublime mais plutôt à Caligula le monstrueux, essaye de tirer ses marrons du feu de l'histoire, histoire de brouiller les pistes comme s'il existait encore légion de Béninois qui ne savent pas de quelle tourbe infecte de profiteurs de l'État il a été le prince noir et le sorcier. On peut aussi avoir une autre analyse de ces errements, ces croisières de désenchantement qui marquent au fer rouge la gouvernance désaxée de M. Yayi. En constatant que la grande majorité de ces victimes sont tous des hommes politiques du sud, on peut se demander si cette fatalité tenace ne trahit pas le fond régionaliste de la mentalité politique de M. Yayi. Une manière d'user les hommes politiques du sud, de se servir d’eux puis de les rejeter sans états d'âme, comme de vulgaires Kleenex. Cette hypothèse n'est pas dénuée de fondement. Parce qu'on ne connaît pas beaucoup de personnalités politiques du Nord ou supposés tels qui, après l'avoir approché de près, ont été évincés par M. Yayi, hormis AFFO DJOGBO et WALLIS ZOUMAROU--et encore ce dernier vient-il de retourner spectaculairement sa veste en sa faveur ; sans compter que depuis qu'il a perdu les élections trafiquées de mars 2011, Abdoulaye Bio Tchané s'est muré dans un silence troublant qui frise une complicité passive susceptible de devenir active sous la houlette diabolique de Kérékou, au cas ou les
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grandes manœuvres que prépare M. Yayi pour se perpétuer en 2016
échoueraient : BIO TCHANE pourrait alors prendre la relève d'une vraie
fausse alternance. Une alternance qui, selon le point de vue
régionaliste que MM. Yayi, ABT et Kérékou partagent, n'en serait pas une
! Au total, ces vicissitudes troublantes et pathétiques sont-elles plus de fait de la ruse, de l’instabilité et de la méchanceté régionaliste de M. Yayi que le fait de l'agitation désordonnée, de l'imbécillité considérée comme intelligence et surtout du vide éthique de sens de solidarité des hommes politiques du sud qui se laissent volontiers prendre au piège du moindre dompteur de faucon venu du Nord ? Quand naguère l'UN a voulu étendre son influence dans tout le pays en s'appuyant sur des représentants issus du Nord aucun Béninois sérieux des provinces septentrionales n'a cru devoir lever le petit doigt. Aucun n'a voulu être le porte-voix d'un parti qu'on a eu beau jeu par la suite de taxer de sudiste ou de régionaliste. Pourquoi donc cette inconscience et ce manque de sens de solidarité des gens du sud qui sont pressés de jouer les républicains, les citoyens sans couleur régionale alors qu'en face leur fair-play n'est jamais payé de retour ? Pourquoi ne se contentent-t-ils pas de reconnaître et d’être solitaires de leur communauté d’appartenance, comme le font spontanément et fidèlement nos frères du Nord envers la leur? Y a-t-il meilleure manière d’unir une nation que d’en unir d’abord les parties ? Or donc si l'explication régionaliste de ces déconvenues n’est pas complètement délirante, et est un tant soit peu fondée, on voit bien la contradiction morale dans laquelle ces victimes solidaires et solitaires de M. Yayi place toute une communauté. À cause de ce manque de sens collectif de discipline, d'appartenance et de valeurs que le Béninois du sud a érigé en valeur ! Aminou Balogun |
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