Parce que le mot changement est clair, facile à comprendre et ses effets sont mesurables sur et par chaque citoyen. Il est démagogiquement rentable mais politiquement périlleux. Pour employer une idée du philosophe Popper, le changement est une théorie « falsifiable ». À partir de son vécu, chaque citoyen peut dire s'il y a eu un changement ou pas. Il peut donc falsifier le changement comme un savant falsifie une théorie ancienne par une nouvelle. Mais au contraire, le concept de Refondation est comme une théorie « infalsifiable ». Il est inodore, incolore, informe et sans saveur. Il ne contient pas un programme vérifiable que n'importe quel citoyen peut tester par lui-même. La Refondation c'est comme lorsque le prêtre dit au fidèle que «Dieu est amour ». Si la date de naissance de la fille du fidèle lui fait gagner 1 milliard au loto, le prêtre dira : «Dieu est amour ». De même si pour célébrer cette même date, la fille fait un baptême de l'air en avion et meurt par accident, le même prêtre dira toujours que « Dieu est amour » car Il l'a appelée près de Lui pour servir à des causes plus élevées, etc. Dans tous les cas pour un chrétien, la phrase « Dieu est amour » ne peut être démentie dans les faits. Elle vérifie sa preuve et son contraire. Elle correspond donc à une théorie infalsifiable. C'est exactement cela la Refondation, un slogan que tout peut vérifier et que personne ne peut tester concrètement. De plus, le concept de Refondation charrie un aspect de culpabilité. La Refondation n'apparaît pas comme une promesse politique mais une invitation éthique. Sa preuve ou sa contre preuve n'est pas flagrante. Il n'y a pas d'urgence à faire son bilan. Et il est difficile au citoyen d'estimer les effets de la Refondation sur sa propre vie. Pour finir, ce qui est peut-être plus vicieux encore, c'est que nul n'est réellement disposé à entrer en Refondation dans la mesure où
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le concept véhicule une certaine idée d'abandon des vieilles pratiques et habitudes.
Au total, la notion de Refondation a une connotation morale directe et semble dirigée contre chaque citoyen qu'il rend responsable de l'ordre collectif des choses. Tandis que le changement ressemble à une promesse de l'homme politique. Si tu ne mangeais pas à ta faim en 2006, maintenant qu'il y a changement et moi M. Yayi en suis le garant, eh bien tu mangeras à ta faim ! S’il se volait l'argent public sans punition, maintenant qu'il y a changement et moi M. Yayi en suis le garant, eh bien l'argent public sera mieux gardé et toute personne coupable de son détournement subira les rigueurs de la loi. Ce sont ces données palpables, empiriques que chaque citoyen peut toucher du doigt que M. Yayi a voulu occulter en substituant le slogan programmatique de la Refondation à la promesse euphorique du changement. Le changement était contraignant, populairement falsifiable et mesurable. La seule issue possible pour résoudre la quadrature du cercle de la démagogie c'est de changer le changement en Refondation, un changement politiquement salutaire
Prof. Cossi Bio Ossè
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En somme Yayi Boni a utilisé les charmes du mot changement pour venir au pouvoir, mais il n'entend pas en supporter les conséquences ou implications... Si cela ne s’appelle pas irresponsabilité, alors je ne m'y connais pas !
Rédigé par : Toglossou Antoine | 24 août 2012 à 10:55