En 2006 M. Yayi était l'ange salvateur, envoyé par Dieu lui-même pour sauver le Bénin que tout le monde sait qu'il aime ; sauver le Bénin et l'inonder de richesse et de bonheur. Toutes sortes d'obscurs ou célèbres mécréants l'avaient alors entouré de leurs bons offices et le soutenaient parce qu'ils prétendaient vouloir eux aussi le bonheur du peuple ; certains parce qu'ils estimaient détenir la science infuse sinon du salut national du moins de la gestion de la chose publique.
Sept ans plus tard, l'ange Yayi est devenu le diable, proférant des anathèmes et des menaces contre le peuple, crachant comme Shango le feu de la haine et de la guerre civile. Parce que, loin de sauver le peuple comme il l'avait promis, il avait aggravé sa condition pendant que lui-même et ses amis s'enrichissaient comme Crésus, nageaient en toute impunité dans le marigot privatisé des deniers publics. Le navire de l'espérance prenant eau de toutes parts, pendant que son capitaine se vautrait dans la corruption et la gabegie sur fond de menaces envers le peuple, les diables et diablotins qui naguère encore et jusqu'au détroit du holdup de mars 2011 le soutenaient, commençaient à céder un à un à la panique. Sans crier gare, l'ambiance du sauve-qui-peut s'était instaurée. La venimeuse engeance des diables d'antan se muait en ange : qui, ange de la révolte contre la déviance du
|
|
chef et sa trahison que l'on feint soudain de découvrir ; qui ange de la bonne parole pour un sursaut salutaire. Chacun commençait à sortir du navire et se drapait dans les atours radieux du diable vauvert. Il fallait à tout prix se réserver sa place au paradis de l'histoire. Paraître ange aux yeux de la postérité après avoir été diable dans la saignée implacable du peuple. Et l'ange qui devait sauver le Bénin dans un changement qu'il avait promis se changea lui-même aux yeux de tous en le diable obscur et méconnu qu'il était et que d'autres diables plus anciens que lui et plus malicieux nous avaient présenté comme un ange, un ange nouveau, un ange du bonheur et de la prospérité. C'est ainsi qu'au Bénin, un pays que, paraît-il, Dieu aime par-dessus tout, l'ange suprême est devenu diable et les diables des anges pour persévérer dans leur être et leur commerce avec le diable suprême, celui qui a toujours tiré le Bénin vers les profondeurs de la misère, de l'aliénation, du colonialisme et aujourd'hui du néocolonialisme…
Eloi Goutchili
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.