À eux la blancheur de peau et de destin, les techniques supérieures, la religion révélée, celle du livre, et ce fameux indice de supériorité culturelle entre tous que constitue l'usage historique de l'écriture. Aux Africains et aux autres aborigènes ou colonisés, la noirceur de peau et de destin, ou à tout le moins la non-blancheur, l’infériorité simiesque, la sauvagerie, et l'inexistence de l'écriture. Parmi les pratiques d'ordre moral on a rebattu les oreilles du monde entier avec la dualité polygamie/monogamie. La monogamie revenant tout naturellement à la civilisation supérieure de l'Occident avec ses hommes et ses femmes au goût raffiné, à l’esprit éclairé, à l’intelligence développée, au tempérament mesuré qui sauraient contrôler ou sublimer leur libido. Aux peuplades noires sauvages d'Afrique, gens lubriques et esclaves de leurs instincts, à l’intelligence inférieure, et sans âme, la polygamie et la copulation, la reproduction effrénée sans limite. Seulement, avec le temps ces dualités manichéennes ont commencé à s'effilocher ; et on constate que si l'Afrique n'a pas l'usage de l'écriture dans les temps historiques, de plus en plus d'analphabètes émergent dans un Occident où l'on n’est plus en odeur de sainteté avec l’écriture. L’analphabétisme, ou à tout le moins la contrariété alphabétique fait des ravages sans nom, et pas seulement dans les classes inférieures. De même si l'Afrique avait le monopole de la polygamie, une polygamie horizontale (synchronique) assumée, l'Occident chrétien postmoderne et consumériste est aussi entré dans l'ère de la polygamie tout au moins de la polygamie verticale (diachronique). Les fameux couples recomposés qui constituent le modèle le plus répandu de la vie familiale actuellement en sont l'expression, avec une réalité des rapports qui n'a pas la simplicité en héritage. Cette réalité ne fait que compliquer la vie des gens dans une culture judéochréienne où l'hypocrisie a poussé à nier l'évidence des pratiques et des sentiments. Les Européens ne savent pas gérer la réalité de la vie polygamique alors que dans la pratique celle-ci tout au moins sous sa forme diachronique devient de plus en plus répandue, et constitue une réalité aussi concrète que problématique. Les remous de la vie privée des hommes politiques français parmi les plus éminents ne sont que la partie visible d'un iceberg éthique et comportemental en rupture avec les règles corsetées et les lois rigides héritées d'un temps sinon révolu du moins dépassé. En France, en cette veille du second tour des élections législatives, on a vu le mélodrame dans lequel est pris François Hollande, polygame vertical à son corps défendant, qui a eu quatre enfants avec Ségolène Royal avec laquelle il ne vit plus, et dont la compagne actuelle est Valérie Trierweiller. Celle-ci a tristement fait parler d'elle avec un twitter envoyé pour soutenir un dissident socialiste opposé à Ségolène Royal par ailleurs soutenue par l'appareil du parti socialiste ainsi que François Hollande lui-même. Façon évidente de régler des comptes personnels avec Ségolène Royal ; de contribuer à l'humilier et à enterrer ses rêves d'accession au perchoir -- rêves d'occuper le deuxième poste institutionnel du pays, qui, on l’imagine est un cauchemar pour l'actuelle compagne de François Hollande. Il va de soi que la position politique de Ségolène Royal et ses implications éventuelles dans ses rapports avec François Hollande ne sont pas de nature à réjouir une Valérie Trierweiller, dont on comprend que, à l’instar de toute compagne nouvelle, son rêve le plus naturel est la mise hors jeu absolu du passé affectif de François Hollande ainsi que celles qui y étaient associées. Un désir légitime de tourner la page du passé d’autant plus fort chez la nouvelle compagne qu’apparemment rien ne pourrait la révulser tant que ces irruptions ambiguës de Ségolène Royal dans son champ d'existence sous le prétexte d'un rôle sociopolitique et de ses contraintes rituelles ou formelles. On avait déjà vu lors de l'inauguration du président de la république le 10 mai, comment Ségolène Royal a été obligée d'être absente de la cérémonie, elle et ses enfants, pour ne pas faire de l'ombre à l'actuelle compagne du tout nouveau Président de la République. Absence remarquée, discrétion délibérée pour laisser François Hollande bien jouer son rôle de président normal sachant séparer sa vie privée de sa vie publique. Or, ce tweet de Valérie Trierweiller est un couac dans ce désir de normalité affichée de François Hollande ; il est une intolérable intervention de la « première dame » dans la politique intérieure du pays à un moment crucial pour le président de la république et son parti en quête de majorité pour le changement promis aux Français. En tout état de cause, cette incartade est la traduction d'une incompétence pratique et éthique. La difficulté des Européens à s'adapter aux règles de vie de la polygamie, leur ignorance en la matière alors que de plus en plus leur vie familiale réelle se règle sur le mode d'une polygamie non avouée mais de fait. Au lieu de continuer à jouer les Blancs supérieurs, à la civilisation évoluée, maîtres de leur libido, et engagés dans des rapports matrimoniaux prétendument rationalisés, pourquoi ne prennent-ils pas la mesure du changement éthique et pratique en matière de vie matrimoniale ? À ce niveau comme à d'autres, le slogan de campagne de François Hollande peut être tout à fait le bienvenu. On pourrait le parodier en disant que : « le changement vers un mode de vie polygamique, c'est maintenant ! » Les dirigeants politiques et leaders européens de haut niveau, doivent alors prendre exemple sur leurs homologues africains qui ont souvent plus d'une demi-douzaine d'épouses et des dizaines de maîtresses sans que cela ne porte ombrage à leurs fonctions. Au lieu de regarder l'Afrique de haut et de façon faussement méprisante sur le plan des moeurs, n'est-il pas temps de prendre leçon sur leur savoir et savoir faire et savoir vivre en matière de polygamie ? À cet égard un Yayi Boni ou un Paul Biya pourrait donner des leçons de gestion de harem à François Hollande ou à d'autres dirigeants européens, les aider dans l'art subtil et ferme de tenir une noria d'épouses sinon en toute harmonie, du moins sans aucune incidence majeure sur la vie politique intérieure. Ces béni-oui-oui de la Françafrique dont on se demande ce qu'elle deviendra sous le règne de François Hollande doivent bien cela à la France ; eux qui lui doivent déjà leur persistance au pouvoir et leur maintien au poste depuis plusieurs années ou décennies, malgré leurs nuisances inénarrables, leurs vices et leur médiocrité, et au mépris de la volonté de leur peuple.
Prof. Cossi Bio Ossè
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