APOSTROPHE AU PCB À PROPOS DE SON DISCOURS SUR LA DÉMOCRATIE AU BENIN

À propos de la démocratie au Bénin, il y a une contradiction dans le discours du PCB qui est pour le moins intrigante. Vous êtes l'un des rares partis à rappeler constamment le hold-up électoral dans votre discours, et à le condamner sans arrêt alors que tous les autres partis semblent, avec le temps, en prendre leur parti, s'en accommoder. Dans le même temps, vous accréditez dans vos discours le consensus frauduleux de l'existence de la démocratie au Bénin, de sa continuité et de sa réalité. Puisque dans vos critiques et positions vous ne cessez de crier haro sur le pouvoir en place, et d'en appeler au peuple pour résister à sa volonté de tuer la démocratie. Les luttes auxquelles vous appelez sont placées sous le signe de la sauvegarde de la démocratie, et leur enjeu considéré comme celui « de la vie ou de la mort de la démocratie ». Or vous savez que les élections présidentielles et législatives sont la clé de voûte de la démocratie, surtout dans nos pays où le pouvoir est centralisé et présidentiel. Dans ce cas, comment parler de (et dénoncer le) hold-up électoral en permanence et accréditer dans le même élan l'idée subtile de la vie de la démocratie, de sa continuité que vous prétendez sauver parce qu'elle serait mise en danger par les actes du pouvoir issu de ce même hold-up électoral? Comment une démocratie peut-elle subsister après avoir fait l'objet d'un hold-up électoral dans un contexte où les élections présidentielles et législatives sont la clé de voûte du système démocratique ? Il y a là une contradiction terme à terme, presque un paradoxe logique intrigant. Qu'avez-vous besoin de considérer le Bénin actuel comme une démocratie avant d'en appeler à la lutte contre ses dirigeants autoproclamés, engeance bourgeoise opportuniste asservie à l'étranger, usurpateurs du pouvoir du peuple et assassins de la démocratie ?

On ne peut pas avoir été et continuer d'être. La démocratie béninoise est devenue depuis le hold-up électoral de mars avril 2011 le passé d'une illusion. Cessez de brandir le spectre de cette illusion pour en appeler à lutter pour les droits du peuple, nos droit à tous. Vous dénoncez et rappeler le fait du hold-up électoral que l'establishment s'accorde à banaliser voire à naturaliser, soit. Certes, la démocratie ne se limite pas aux élections, comme un organisme vivant ne se limite pas à un seul de ses organes. Pour autant, les élections présidentielles au Bénin constituait le coeur de notre démocratie. Dilapider des milliards du denier public pour truquer les élections et frustrer le peuple de ses droits démocratiques, c’est mettre un coup d'arrêt aux battements réguliers de ce cœur. Tout le reste est au mieux de la contradiction dont il faudra vite sortir pour avoir un discours cohérent ; ou au pire de la manipulation. Aminou Balogun