En Afrique le seul niveau où la démocratie fonctionne réside dans la possibilité constitutionnelle pour le président en exercice de se présenter ou non aux élections. À condition bien sûr que la constitution ait prévu une limitation du nombre de mandats présidentiels et qu'elle ne soit pas révisée à des fins de perpétuation au pouvoir comme malheureusement c’est le cas dans bien de contextes et de pays africains. Si le président en exercice se présente, il n’y aura pas d’alternance, s’il ne se présente pas alors l’alternance est possible ; et nous sommes dans une logique de démocratie périodique. Ce qui n’implique pas forcément l’alternance des parties, car comme le montre le cas du Nigéria, l’éclipse politique d’un homme peut ne pas être totale… En effet, en Afrique, le Président sortant est toujours un président rentrant, à ne pas confondre avec un président entrant. Il est une évidence bien établie qu’en Afrique pour le président en exercice se présenter aux élections est synonyme de les gagner... Cette évidence est si vraie qu'elle est à l'origine de la manifestation sénégalaise. Car pour l'opposition réunie dans le M23 et les jeunes qui protestent contre la candidature anticonstitutionnelle de M. Wade aux prochaines élections, les choses se valent : se présenter aux élections pour M. Wade c'est la même chose que d'être élu. Et comme on ne peut battre le fer que lorsqu’il est chaud, il serait trop tard de protester contre l’élection frauduleuse de Monsieur Wade. C’est d’ailleurs le déficit de ce choix logique qui a cloué au pilori de l’échec l’opposition béninoise menée par Monsieur Houngbédji aux dernières élections présidentielles. Refuser d’être victime de la fraude c’est refuser strictement d’aller aux élections avec une LEPI truquée. D’une certaine manière en allant aux élections sans avoir refusé fermement le processus biaisé de la LEPI, l’opposition sous la bannière de l’UN a implicitement accepté son échec sans forcément le dire à ses électeurs ; ce qui est malhonnête ! Par ailleurs, il n'y a eu qu’au Bénin, pays dont le sud est gangrené par la haine de soi, des intrigues fratricides où, bien que la politique soit ethniquement déterminée, les gens du sud qui sont d'ailleurs majoritaires, ne sont jamais fiers d’eux-mêmes que lorsqu'ils ont fait perdre l’un « des leurs » déjà au pouvoir en concourant par la même occasion à l'élection d'un « homme d'ailleurs » au nom d'une bonne volonté nationale qui n'est du reste jamais payée de retour.
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En dehors de cette exception béninoise dont la singularité en dit long sur la désespérance nationale, en Afrique, se présenter aux élections est synonyme d'être élu pour le président sortant. C'est dire que tant que le président sortant est de la partie, les élections sont une formalité en Afrique et une formalité dont on pourrait se passer en raison de son coût très élevé. La lutte de l'opposition sénégalaise dès lors devrait viser à voir M. Wade écarté des élections. Si cette lutte devait être perdue, ce serait un gâchis alors de faire des élections au Sénégal. Dans la foulée irrationnelle de son autorisation à concourir, M. Wade devrait continuer à régner sans passer par le rituel si transparent d’une élection qui serait tout sauf transparente. Puisqu’il a visiblement pris goût à la chose, M Wade devrait être autorisé à régner jusqu’à battre le record de vétusté de Mathusalem ; car une éventuelle élection où il serait inéluctablement élu ne serait que théâtre. Or un petit pays sous-développé comme le Sénégal, qui survit grâce à l’aide étrangère, a bien d'autres urgences que de se payer un théâtre saisonnier à coups de dizaines de milliards !
Éloi Goutchili
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Que fallait-il pour que le méaculpa soit sincère. En fait, ce n'est pas tant que le méaculpa n'était pas sincère que le fait que la faute était commise, le vin était tiré, et que, au-delà des personnes, le pardon collectif est quelque chose qui prend du temps. D'ailleurs, il aurait été plus facile à accepter s'il ne devait pas expressément servir à des fins électorales... mais était un pardon pour lui-même, un pardon souverain...
Rédigé par : Asseglokan Bernardin | 06 février 2012 à 09:56
lorsqu'ils ont fait perdre l’un « des leurs » déjà au pouvoir en concourant par la même occasion à l'élection d'un « homme d'ailleurs » au nom d'une bonne volonté nationale qui n'est du reste jamais payée de retour: ici c'est aussi ce que Houngbédji et Amoussou avait fait de Soglo, qu'attendiez vous que la vie leur réserve dans leur méa culpa non sincère même si Soglo s'allie à eux?
Rédigé par : alluacio | 06 février 2012 à 09:46