Supposé gagnant des dernières élections présidentielles de Côte d'Ivoire, en dépit de la décision contraire de la cour constitutionnelle --la Côte d'Ivoire, Ô miracle Françafricain, aura été l'un des très rares pays d’Afrique où un président sortant perd les élections ; et ce n’est pas le vieux Wade en odeur de sainteté avec la France qui prouvera bientôt le contraire-- M. Ouattara, vieux challenger de la place forte présidentielle ivoirienne, après un combat épique contre son ennemi juré Gbagbo, avec la couverture institutionnelle de l'ONU, et le bras armé de la France, a réussi à forcer son destin : qui a fait d'un burkinabé d'origine, président de la Côte d'Ivoire ! En lieu et place d'un Bété pur jus, Laurent Gbagbo, qui est trop indépendant, trop épris de dignité africaine pour rester calme dans la laisse de la Françafrique. L'accès de force--quel que soit la vérité issue des urnes--à la présidence de Côte d'Ivoire a quelque chose de choquant, d'obscène et avilissant pour toute conscience africaine digne de ce nom. Il montre que M. Ouattara est bien le toutou de la France, que 50 ans après les indépendances, ce pays européen continue de dicter sa loi aux Africains. Et ceux-ci humilient leur race et leur continent pour des raisons égoïstes et l'intérêt des Occidentaux dont la France. Quel que soit le vrai gagnant des dernières élections présidentielles de Côte d'Ivoire, les Ivoiriens et les Africains en général, au fond de leur âme et conscience, dans leur for intérieur, regardent Ouattara comme une honte incarnée, l'expression même du grand enfant auquel l’Occident a toujours assimilé le nègre. Celui qui, avec son épouse française, épaulé par la France a chassé du pouvoir un vrai fils du pays, alors que sa propre appartenance à ce même pays est sujette à caution. Dans ces conditions la légitimité morale et symbolique fait défaut à M. Ouattara. Dans leurs âmes et consciences, les Africains ne la lui accordent pas. Ils ne sont pas convaincus par cette pièce rapportée de la volonté raciste de domination des Noirs par les Blancs, de l'Afrique par les Occidentaux--la France en l'occurrence--qui s'impose aux Africains. Et ce déficit de légitimité morale et symbolique, Ouattara et ses maîtres le savent bien ; ils en sont conscients. Aussi font-ils tout ce qui est en leur pouvoir pour naturaliser leur toutou. À force de tourner en rond, on finit par avoir le vertige. À force de tourner l'œuf dans le même sens et avec foi, la mayonnaise finit par prendre. Aussi, le nouveau président exogène de Côte d'Ivoire erre-t-il de-ci de-là. Il exhibe ses trophées et ses oripeaux de président mais ne convainc pas grand monde : ni ses concitoyens ni les Africains en général. Il y a comme une bizarrerie morale qui flotte autour de sa personne. Il court se jeter dans les bras de ses maîtres, multiplie les sorties officielles, des visites d'État, des contrats en or, il fait 10, 100 voire 1000 fois ce que font tous les présidents ordinaires d'Afrique mais rien n'y fait. Les Africains restent sceptiques, toujours sous le choc de cette aliénation qui voudrait qu’on fît flèche de tout bois y compris du bois de la division au nom d'une démocratie pourtant partout théâtrale en Afrique, le bois de la honte africaine--de cette Afrique violentée, torturée, exploitée, meurtrie depuis des siècles par les Blancs européens au premier rang desquels se trouvent les mentors de ce président exogène qui a du mal à trouver ses marques parce que n'étant pas maître de soi ; ce président devenu la honte internationale de l'Afrique zombie, de l'Afrique émasculée et sans personnalité propre.
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Pour voler au secours du président exogène, de son toutou, la Françafrique a misé sur la CAN. Les Ivoiriens gagneraient la coupe et s'uniraient dans la joie de la victoire qui vous soude une nation divisée ; lui dresse l’étendard d’une démocratie apaisée, d’une nation unie par les Nations unies une nation qui en l’occurrence en a gros sur la patate d’avoir un Président venu de l'extérieur et imposé par l'extérieur. Pour que le théâtre de la naturalisation présidentielle soit convaincant, les barons de la Françafrique ont même délégué aux côtés de Ouattara quelques comparses comme le président du Bénin qui pince-sans-rire passe pour un démocrate--de cette démocratie née du renouveau démocratique au Bénin et qui sous son règne a été contrecarrée, violée et sur laquelle il chie comme cochon en joie. Un président soi-disant démocrate, d'un pays soi-disant démocratique, quoi de mieux pour soutenir les premiers pas d'un président exogène, à la recherche d'une légitimité morale et symbolique que les Africains ont du mal à lui accorder. Bouabré Anicet, Agrégé de Philosophie |
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