Aujourd'hui, l’Africain ou le Noir honnête qui réfléchit se pose des questions : il se demande souvent comment l'esclavage de ses ancêtres en tant qu'il a été inhumainement industrialisé et bestialement socialisé par les Blancs a-t-il été possible, non seulement pendant quelques années mais sur quatre siècles bien comptés ? Et il se dit que ce n'est pas possible ! À supposer qu'en ce temps jadis, les brutes étaient légions et que la conscience de l'humanité était peau de chagrin, n'existait-il pas des hommes de volonté et de justice pour crier haro sur ces actes injustes et ces crimes profondément inhumains ? On aurait pensé que non mais en fait, à y regarder de près, on se rend compte que ce n'est pas le cas. Il suffit de faire la comparaison avec le présent. Aujourd'hui, nous subissons des choses inouïes, d'une nature criminelle impensable par leur violence, leur inspiration arbitraire et profondément inhumaine, et des choses auxquelles à force d'habitude nous ne sommes plus sensibles et contre le refus desquelles notre instinct humain s'est considérablement émoussé. Au point que ces crimes, ses barbaries à visage civilisé nous paraissent aller de soi, dans un monde où par ailleurs ceux qui les commettent allègrement sont les premiers à donner des leçons d'humanité et à brandir outrageusement le drapeau des valeurs dites universelles. Dans trois ou quatre siècles, lorsque nos descendants apprendront qu’en l'espace d'un petit semestre, au moyen de la manipulation d'une partie des peuples, l'Occident capitaliste est parvenu à éliminer ou assassiner des dirigeants des pays africains qui ne leur ont rien fait, dans un monde où pourtant sont censées exister des nations libres et indépendantes ; lorsque nos descendants, les enfants de nos enfants apprendront que des chefs de nos nations ont été, ainsi que leur régime, balayés du jour au lendemain par des puissances occidentales dominantes de l'époque, ceux-là même qui déjà nous avaient vendus en esclavage pendant quatre siècles, les ont dis-je éliminés et ce sans aucune raison valable, certains d'entre ces dirigeants lâchement assassinés, d'autres traînés de force devant des juridictions internationales de complaisance, au nom de valeurs humaines que ces
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mêmes puissances sont les premières à violer y compris sur le sol africain où leur imposition se fait de façon outrageusement sélective et complaisante, alors bien sûr nos descendants s'écriront : « n'y avait-il donc pas des voix humaines africaines pour crier fort au refus d'un tel arbitraire ? » Eh bien comme du temps des esclaves, ces voix humaines existent et ont toujours existé ; mais que pouvaient-elles face à la brutalité pure, la loi du plus fort qui les étouffe sans raison de ses vacarmes et du bruit des armes qui n'ont d'yeux que pour les intérêts des plus forts dans un monde résolument tourné vers le viol, le vol et l'accaparement arbitraires des richesses ? Jusqu'à ce que les conditions de répartition de ses intérêts souvent pour des raisons technologiques auront évolué, les mêmes puissances criminelles qui agissent dans le monde depuis des siècles comme possédées par le démon feindront de redécouvrir les valeurs qu'ils violaient délibérément jadis pour leur plus grande satisfaction du moment.
Ainsi vont la vie et l'histoire des hommes comme dans la jungle la plus ordinaire….
Éloi Goutchili
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