Actuellement, la crise syrienne défraie la chronique, avec l'implication de la ligue Arabe, une résolution de l'ONU bloquée par la Russie et la Chine, etc. On nous parle chaque jour de massacres des populations civiles, on nous donne un aperçu de la tension nationale dans ce pays placé sous le signe diabolisant de la violence d'État. On ne nous dit pas qu'en face, il y a des forces déterminées qui n'agissent pas seulement en tant que société civile, mouvement démocratique mais en tant que force politique et militaire visant à renverser par la violence le gouvernement en place. L'État syrien, et son chef sont dépeints comme des barbares inhumains qui massacrent à tour de bras un peuple innocent qui ne demande qu'à rester en paix. Outre que la situation n'est pas aussi manichéenne, l'intelligence semble avoir déserté les milieux occidentaux et notamment la presse où des questions pourtant nécessaires et évidentes sont scrupuleusement éludées. Par exemple : qui arme les opposants au régime syrien au point qu'ils puissent résister à un régime structurellement surarmé dont la presse occidentale, jour après jour narre la violence aveugle ? La Syrie était l'ennemi numéro un direct d'Israël, qu'en est-il de la position d'Israël et de son rôle dans ce conflit ? Qui peut jurer la main sur le cœur que cette position est neutre ? Si le mouvement de déstabilisation calculée a un sens ne pourrait-on le trouver dans le contexte de la crise syrienne ? Une Syrie sans le régime actuel et démocratisée--entendez par là des Arabes qui portent des cravates et sont dociles à l'Amérique comme un chien à son maître--ne contribuera-t-elle pas à baisser le niveau de stress géopolitique qui pèse sur Israël ? Qui peut croire sincèrement que les invasions de l'Irak, la suppression du régime et de la personne de Kadhafi, la crise égyptienne et syrienne n'ont aucun rapport avec la paix en Israël ? Une Syrie en crise et occupée à mâter son opposition pourrait-elle prêter main forte à un Iran qu’Israël menace d’attaquer ? Est-ce se laisser-aller à la paranoïa combinatoire que d'imaginer que peut-être toutes ces agitations, ces invasions, humiliations, assassinats, renversements et crises ont d'abord et avant tout pour but de supprimer tous les épouvantails qui font peur à Israël ? Israël qui ressemble à un aventurier têtu perdu dans une forêt arabe hostile et qui pour retrouver un peu de lumière et de quiétude a besoin d'abattre toutes les essences environnantes afin de semer des clairières « démocratiques » autour de lui. Et sans doute est-ce cette stratégie de création de clairière qui rend raison des évolutions à marche forcée auxquelles on assiste depuis une dizaine d'années sous l'égide plus ou moins directe des Etats-unis et de l'Occident chrétien capitaliste. Tout cela paraît tomber sous le sens. Mais la presse occidentale, d'habitude si intelligente, si curieuse sur d'autres sujets, joue à être plus stupide qu’elle n’est, et paraît s'être passé le mot pour se complaire dans une myopie déconcertante, qui frise la dénégation et l'évitement. Elle fait vivre la crise au jour le jour avec le même discours cousu de fil blanc et manichéen, celui d'un régime dynastique dictatorial et diabolique qui massacre un peuple innocent qui ne cherche que la démocratie --comme les "révolutionnaires" de Tunisie
|
et d'Égypte qu’elle a promus, nous l'ont montré de façon assez ironique, il est vrai. Sans doute des journalistes curieux ont eu l'idée de faire le lien entre cette crise au travers de laquelle, comme toujours, l'Occident impose la marche de l'histoire au monde, mais pusillanimes, ils n’osent l'exprimer ouvertement car ce serait courir le risque politiquement incorrect d'être accusé d'antisémitisme. Antisémite ou pas avec les questions touchant à Israël, il faut abdiquer tout sens critique. L'histoire est passée par là… AKLIBOSSOU Bossou |
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.