Kadhafi n'a pas été assassiné pour la bonne cause. On nous a dit qu'il devait partir, voire mourir parce qu'une révolution arabe était en marche ; une révolution qui, partie de Tunisie, devait embraser toute l'Afrique du Nord, excepté bien sûr la belle colonie française, l'Algérie, et le non moins protégé royaume de « notre ami le roi » du Maroc. Quand on pense qu'au début de l'embrasement un pays comme la France, par la voix de son ministre de la défense, entendait voler au secours du dictateur Ben Ali, et aider à mater le soulèvement populaire, au nom de la France mais pas la grande, plutôt la mesquine, celle qui se confond avec les intérêts de clan ou de personne, les petits profits qui meublent les bons plaisirs des puissants du moment. Cette hérésie de départ donnait le la de l'opportunisme qui allait caractériser l'attitude occidentale vis-à-vis de cette « révolution arabe » qui, après avoir surpris dans les chancelleries et les milieux du pouvoir occidentales a fait l'objet d'une récupération aussi opportuniste qu'imbécile. Alors que dans ces pays musulmans des révoltes éclatent, aucun esprit lucide en Occident n'avait pu se demander où étaient les islamistes. À force de dénier l'identité réelle de ces pays, à force de les avoir brouillés ont finit par s'embrouiller soi-même et être victime de son propre aveuglement. Et tout le système occidental, France, États-Unis, Grande-Bretagne, OTAN et tutti quanti sans oublier leur agence vassale, l'ONU, a été instrumentalisé par les islamistes. On les voit, un à prendre le pouvoir en Tunisie, au Maroc et en Égypte à une écrasante majorité. Ce qui en dit long sur la bêtise géopolitique de l'Occident, sur sa lecture aveugle et stupide des évènements qui ont secoué l'Afrique
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du Nord ces derniers temps. A-t-on idée que tout ce beau monde établi ce soit décarcassé au nom d'une montagne qui accouche pour finir d'une souris ? Quel intérêt y a-t-il à voir partir des despotes plus ou moins éclairés pour faire venir au pouvoir des islamistes--modérés ou pas--qui bientôt n'auront cure de la démocratie et de ses exigences ? Et lorsqu'on pense que c'est au nom de cette fausse révolution arabe – risible instrumentalisation de l'Occident par les islamistes – que l'Occident a décidé d'en finir avec le colonel Kadhafi, lui rendre la fausse monnaie de sa pièce, en découdre avec lui et profiter au passage pour piller son pays, disposer de son pétrole, on se dit que le crime immonde qu'a constitué son assassinat concerté perd tout alibi : qui paiera pour ce crime abject ? Qui réveillera le colonel Kadhafi ?
Éloi Goutchili
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