Dix ans après sa disparition, Pierre Bourdieu bouge encore, écrit Nicolas Truong. On est bien loin des polémiques dont le sociologue fut la cible, au moment où il adressait de sévères critiques au milieu politique et journalistique, écrit Le Monde dans un supplément publié dans son édition datée du mardi 24 janvier. Que reste-t-il des travaux du sociologue de la domination sociale et de la misère du monde ? De la mondialisation au féminisme jusqu'à l'avenir de l'Europe, réflexions sur l'actualité d'une pensée indignée. Pour Axel Honneth, la grande théorie critique de Bourdieu est pétrie de contradictions et d'échecs. Mais Bourdieu est plus un entraîneur qu'un maître à penser, réplique Gisèle Sapiro. Bourdieu est le concepteur d'une féconde révolution symbolique. C'est surtout un inspirateur propre à la réflexion de notre ère post-industrielle, insiste Nancy Fraser. C'est avant tout l'héritier de la pensée de Blaise Pascal, écrit Jacques Bouveresse. Pour Loïc Wacquant, si Bourdieu était parmi nous aujourd'hui, il "pointerait d'abord l'encombrement de l'espace public par une
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foultitude de faux problèmes fabriqués par les technocrates d'État, les vendeurs de sondages, les pseudo "think tanks" et les médias friands de thématiques "sexy" qui permettent de faire de l'audimat et de vendre de la copie et réaffirmerait l'urgence de construire un État social européen digne du nom". Soit, mais si la théorie de la société est fondamentale chez Bourdieu, elle n'est pas assez forte pour pour changer le monde, écrit Robert Castel, il faut "allumer des contre-feux face à la crise pour inventer une société solidaire", ajoute-t-il. |
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