Dans l'affaire de la Libye on a entendu la voix de l'Afrique du Sud à travers celle de son président M. Zuma qui s'est opposé à l'aventure en déplorant la mise hors jeu de l'Union Africaine. De même, après l'assassinat du colonel Kadhafi, alors que même le pape des catholiques, plus prompt à protéger des pédophiles et autres violeurs d'enfants, se terrait dans un silence honteux, on a entendu la voix de l'archevêque Desmond Tutu dénoncer ce qu'il a appelé lui-même un assassinat. Oui, comme on le voit, l'Afrique du Sud avec l'héritage de Nelson Mandela, est encore l’un des seuls lieux résiduels en Afrique où le continent entier peut concentrer sa volonté et ses capacités de résistance à la domination occidentale. En effet, sous prétexte de lutter contre les dictatures (qui peut croire sincèrement que ceux qui nous vendaient en esclaves pendant quatre siècles puis colonisaient seraient aujourd'hui, par deus ex machina les pionniers de notre défense contre les dictatures ?), Les occidentaux dans leurs projets de recolonisation de l'Afrique à des fins de survie dans un monde en mutation qui les menace de relégation liquident peu à peu les lieux et les figures symboliques de la résistance africaine authentique.
L'Afrique du Sud héritière de l'image idéale et respectable de Nelson Mandela à travers sa lutte de libération contre l'apartheid reste encore le dernier étendard de notre résistance. Mais pour combien de temps encore ? Et de quelle manière ? Car les tenants au pouvoir dans ce pays ne doivent pas se croire indéfiniment invulnérables au procédé maintenant consacré de liquidation occidentale de la résistance africaine qui consiste essentiellement à diviser une nation fragile pour abattre son dirigeant qui fait obstacle à sa volonté de domination. Si l'Afrique du Sud, malgré ses atouts, n'y va pas avec la manière et la modération requises, bientôt, elle aura épuisé son charme aux yeux de l'Occident implacable et avide de domination ; un Occident qui regrette amèrement d'avoir donné son indépendance fût-ce même de façon fictive à l'Afrique et qui n'a de cesse de la récupérer pour s'en servir à sa propre défense dans un monde de plus en plus incertain ou émergent de nouvelles puissances rivales, prêtes à éclipser son ancienne gloire, son ancienne hégémonie. Bien qu'elle constitue l'un des derniers points de ralliement à la résistance africaine, si l'Afrique du Sud n'y va pas avec la manière, bientôt les diverses sources de conflits et de divisions potentielles que l'Occident avait entretenues du temps de l'apartheid et qui ont été délibérément mises en veilleuse pourront être réveillées, ressuscitées par le même Occident. Car diviser une nation pour abattre son dirigeant indésirable, telle est la méthode désormais bien rodée par l'Occident chrétien capitaliste et qui fait ses ravages sur le continent africain.
Aminou Balogoun
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