par Elizabeth Ohene
Accra, la ville que j'appelle ma maison, a fait récemment la une des journaux internationaux.
Nous avons eu des inondations, des gens sont morts, des maisons et commerces ont été détruits et des milliers de personnes ont été laissées sans abri.
La chose était si grave que le président de la République lui-même a enfilé des bottes Wellington et est allé de lieux en lieux consoler la ville dévastée.
A Accra nous construisons des maisons sans permis et mettons en place des structures dans les endroits inondables et les égouts servent de dépotoirs à ordures. Chaque année, lorsque les pluies arrivent et les inondations dévastent la ville, nous disons tous que ces structures sauvages doivent être démolies.
La furie des eaux a exposé la ville dans son identité de méga bidonville.
Chacun d'entre nous ses habitants sommes allés en besogne dans notre traditionnelle routine d’accuser et de blâmer, car la catastrophe n'a pas vraiment été une surprise pour nous.
Un article intéressant dans un quotidien national a tenté de mettre le drame en perspective par la compilation de couvertures de journaux relatant l'inondation périodique d’Accra depuis les années 1950.
Il y avait une image du Premier ministre Kwame Nkrumah et son ministre des Finances Komla Agbeli Gbedemah inspectant les dégâts causés par les inondations et promettant de l'argent pour construire les égouts.
La scène s’est répétée chaque année avec des degrés variables de gravité.
J'ai fait des reportages sur les inondations à Accra depuis 1968, j'ai accompagné des ministres et des chefs d'Etat autour des zones inondées de la ville, j'ai été aéroportée par l’Armée de l'air pour obtenir une vue aérienne, j'ai écrit des éditoriaux et des articles innombrables, j'ai été sur les programmes de discussion, je me suis indignée, et j'ai même fondu en larmes devant la destruction causée par la furie des eaux et les torrents.
Chaque année, lorsque les pluies arrivent et les inondations dévastent la ville, nous disons tous que ces structures non autorisées doivent être démolies.
Mais une fois que le soleil revient et que les eaux commencent à baisser, le ton de la conversation change.
Pour emprunter les mots du Président de la République quand il a été interrogé au sujet du bidonville illégal le plus célèbre d’Accra, appelé Sodome et Gomorrhe, «nous savons que les gens là-bas doivent être réinstallés, mais cela doit être fait à visage humain".
L'armée a été amenée à sauver des gens pris dans les eaux de crue.
Il n'est pas le premier président à vouloir faire cela. Malheureusement, il n'existe pas de moyen à «visage humain» pour démolir une structure.
En 2001, j'étais au gouvernement, nous avions des inondations similaires, il y avait des morts, des maisons et commerces ont été détruits, il semblait y avoir un consensus général que les structures illégales devraient être démolies.
Quelques-unes de ces structures ont été démolies et je n'oublierai jamais le "Gouvernement méchant et sans cœur» des journaux et leurs histoires larmoyantes de veuves rendues sans abri par l'opération de démolition.
Et maintenant, bien sûr, c’est devenu l'un des droits inaliénables des 24 millions de Ghanéens que de vivre à Accra.
Comme je l'ai entendu à la radio la semaine dernière, les habitants des structures dans les zones inondables sont aussi des Ghanéens et ont le droit d'y vivre.
Aux oubliettes la fameuse création des zones rurales attrayantes pour l'habitation.
Selon le maire de la ville, nous avons besoin d'un montant de 500 millions de dollars pour construire les égouts pluviaux anti-inondation.
Peut-être que nous allons trouver l'argent et construire ces égouts, mais s’ils doivent être transformés en dépotoirs à ordures, pendant que nous continuons à construire là où nous ne devons pas et que des endroits comme Sodome et Gomorrhe continuent à se développer tandis que nous essayons de trouver un moyen à visage humain pour les démolir, le rituel annuel se poursuivra.
traduit par Binason Avèkes, d’après un article de :
Copyright, Blaise APLOGAN, 2010,© Bienvenu sur Babilown
Toute republication de cet article doit en mentionner et l’origine et l’auteur sous peine d’infraction
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.