Que les Blancs soient décidés à faire des Noirs leur objet d'exploitation et de domination permanente n'est plus un secret pour personne. Ce qui est affligeant, en revanche, c'est notre résignation, nos compromissions et souvent l'assistance débile que nous leur prêtons à cet effet. Sans compter aussi le rôle des faux héros, de faux Noirs censés veiller à la cause et à l'intérêt des Noirs dans la mesure où ils seraient issus de notre sein. Parmi ces faux Noirs censés comprendre la cause africaine figure au premier plan M. Obama, que le jury Norvégien s'est même hâté de distinguer de son prix Nobel au mérite douteux.
Regardez un peu la surface politique africaine avec son paysage d'autocrates et de dictateurs immuables. Et que constatons-nous par rapport à la nécessité de leur déracinement ? Quand M. Obama a été élu, tout le monde parmi nous a crié et pleuré en disant : « Ah, un Noir à la Maison-Blanche ! Il va pouvoir s'occuper de ses frères et cousins d'Afrique ! » Suivant son style sermonneur et naïf, le nouveau président, soi-disant Noir, a pris son bâton de pèlerin discoureur pour aller prêcher en Afrique, du Caire à Accra, la bonne nouvelle démocratique. Ensuite, lorsqu'il a fallu se pencher sur des cas critiques concrets, il n'a pas hésité à s'investir dans certains cas qui faisaient problème. L'OTAN a ainsi attaqué jusqu'à le chasser du pouvoir, le colonel Kadhafi. De même, sous la houlette de l'ONU, les États-Unis de Obama ont soutenu la France dans la guerre sale qu'elle a menée contre Gbagbo, l'autre « dictateur » indésirable.
Pourtant ces deux « dictateurs » africains que le président américain soi-disant Noir à aidé à dégager du pouvoir ne sont pas les moins patriotes d’Afrique, quoi qu'on puisse leur reprocher par ailleurs. Bien qu'il contribuât aux mallettes et aux faveurs à la Françafrique, Gbagbo avait un sens élevé de l'intérêt de sa race et de son peuple. Il y avait certes la question ethnique ou régionaliste qui n'était pas simple et dans laquelle il a commis des erreurs. Mais cela suffisait-il pour le déloger et le remplacer par un homme à l'origine nationale controversée dont tout porte à croire qu'il serait d'origine burkinabé ? De même Kadhafi a beau n'être pas un ange, c'était quand même le dirigeant le plus engagé dans l'union de l’Afrique, celui qui faisait et préconisait ce qu'il fallait faire dans le domaine politique, financier et technologique pour construire concrètement l'Union Africaine et préserver son indépendance des risques de prédation qui la guettent de toutes parts. Celui dont l'une des hantises est que l'Afrique ne retombât sous le joug de l'esclavage occidental. Et, comme par hasard, c'est cet homme que l'OTAN, la France et Obama ont passionnément combattu pour l'effacer de la surface du paysage politique africain ! Eh, oui, parce qu'il n'était pas un ange ! Et tous les autres dirigeants africains qui ne sont pas des anges, qu'en font-ils : la France -le gendarme véreux de l'Afrique ? L'ONU, l'agence tout-risque et faire-valoir des Occidentaux ? L'OTAN, le bras armé du système capitaliste des Blancs ? Obama, le soi-disant président américain noir censé, en toute intelligence, préserver les Noirs du sort qui les frappe depuis plusieurs siècles ?
Tout se passe comme si ceux auxquels tout ce beau monde de donneurs de leçons démocratiques s'attaque sont exclusivement ceux qui, à l’instar d’un Patrice Lumumba, ont quelque intérêt pour l'Afrique, pour sa dignité, pour son progrès, pour son indépendance ; ceux qui à leur façon, luttent pour sa résistance à l'exploitation, qui est le seul signe implacable sous lequel l'Occident chrétien capitaliste et inhumain entend la placer !
Sinon qu'est-ce que Obama, le Noir, le démocrate entend faire d'un Paul Biya qui est au pouvoir, comme Kadhafi, depuis 30 ans et qui, a 78 ans, s'apprête à se faire réélire sans coup férir ? Qu'est-ce que Obama et son OTAN en emporte le vent de l'arbitraire et du mensonge comptent faire contre M. Abdoulaye Wade, le dirigeant octogénaire fantasque qui intrigue pour se maintenir au pouvoir au Sénégal ? Que compte-il faire pour empêcher ou chasser du pouvoir tous ces fils à papa qui en zone francophone d’Afrique prennent sans états d’âme le flambeau de leur père, perpétuant irrationnellement le pouvoir dynastique depuis des décennies, au mépris de la démocratie et de l'idée républicaine pourtant chères à l'Amérique ?
Obama et son OTAN attendent-t-ils que la France néocolonialiste et braconnière lui dise qui il faut dégager du paysage politique d'Afrique et qui il faut au contraire préserver et protéger ?
En tout cas, comme cela saute aux yeux, la soi-disant lutte pour la démocratie en Afrique au nom de laquelle sous la bannière de l'ONU et de l'OTAN, la France épaulée par l'Amérique continue sa politique antique de domination des peuples d'Afrique Noire, cette lutte lamentable et honteuse est à géométrie variable, une lutte dont la nature spoliatrice et les visées sélectives ne trompent plus personne.
La grande tristesse qu'elle soulève en revanche c'est que même d'une grande démocratie respectable comme l'Amérique et de la part de celui que tout le monde a appelé son premier président noir, aucune chance de salut ou d'espérance ne soit possible !
Bola ADEBOLA
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