Selon la famille de Kate Puzey, la Volontaire de 24 ans, originaire d’Atlanta, l’organisation Peace Corps dont elle était une Bénévole avait créé les conditions objectives de son assassinat en révélant son rôle dans la mise à pied d'un employé qu'elle accusait d'avoir abusé sexuellement d'enfants dans une école du Bénin.
La jeune femme a été retrouvée égorgée, peu après que l'employé, Constant Bio, un Béninois, a reçu des responsables de Peace Corps l’avertissement qu'il serait démis de ses fonctions.
«Il semble tout à fait évident que ce soit là la cause », a déclaré David Puzey, le frère de la victime. «Kate a essayé de protéger ces jeunes filles qui ont été abusés sexuellement ».
Le suspect a été placé en détention préventive depuis l'assassinat en Mars 2009, pendant que les autorités du Bénin mènent l’enquête. Le sieur Bio a clamé son innocence dans une lettre à un journal au Bénin, dans laquelle il se dit victime de soupçons infondés de la part des Américains.
Interviewés dans l’émission 20/20 de la chaîne de télévision américaine ABC, les parents de Puzey disent qu’ils ont été maintenus dans l’ignorance par les responsables de Peace Corps qui n’ont de cesse de tenir sous éteignoir les erreurs qu’ils ont commises dans cette affaire, et la vérité sur ce qu’il s’est passé.
« Cela nous a profondément meurtris », a déclaré Harry Puzey, le père de Kate.
« Nous ne serions pas assis ici, je pense, s’ils [les responsables de Peace Corps]avaient été plus transparents avec nous, plus honnêtes avec nous », a ajouté la mère de Kate, Lois.
Kate Puzey a entendu des rapports sur les abus sexuels
La vivacité de Kate faisait l’admiration dans le village béninois de Badjoude, où elle a été missionnée en 2007.
En tant que professeur dans l'école locale, elle a formé un club de filles pour contribuer à autonomiser les jeunes femmes.
"C'est dur d'être une fille dans cette partie du monde", a déclaré Emilie Jacobs, la cousine de Kate qui lui a rendu visite dans le village. "Les filles ont commencé vraiment à parler des problèmes auxquels elles étaient confrontées, leurs inquiétudes de jeune écolière."
Très tôt, a dit Jacobs, Kate a commencé à entendre les rapports d'abus sexuels impliquant Bio et certaines des élèves de sixième.
«Elle avait commencé à entendre qu'il avait couché avec certaines de ses élèves», a déclaré Jacobs. « Certaines des filles effectivement avaient fini par avoir des enfants de lui et n’allaient pas à l'école. Et puis elle avait appris qu'il avait violé certaines filles ».
À la demande de plusieurs enseignants, a dit Jacobs, Kate a envoyé un e-mail au bureau du Peace Corps à Cotonou, en recommandant la mise à pied de Bio.
« S'il vous plaît croyez-moi, je ne suis pas quelqu'un qui aime créer des problèmes, mais cela constitue pour moi un poids immense», peut-on lire dans le courrier électronique envoyé et dont ABC News a reçu copie.
« Cet homme n'est pas quelqu'un que je souhaite voir représenter le Peace Corps dans la communauté béninoise », dit-elle.
Le frère de Bio travaillant dans la structure gestionnaire du Peace Corps, elle a pour cette raison demandé que son rôle soit tenu secret.
« Pour des raisons évidentes, il est important pour moi que je reste anonyme dans cette situation », a écrit Kate.
Le Peace Corps a promis la confidentialité.
Sa directrice pour le Bénin, Sheryl Cowan, a promis que le rôle de Kate serait gardé confidentiel. Mais selon les autorités, Bio a fini par apprendre très vite le rôle de Kate dans les accusations portées contre lui, et leur conséquence, sa mise à pied.
«C'est une personne violente, qui n'a aucun respect pour les femmes », a déclaré Lois Puzey. « Donc que va-t-il se passer quand il perd son prestige? Quand il va perdre son emploi? ».
Le frère de Bio, Jacques, a également été placé en détention dans le cadre de l'assassinat, mais aucune accusation formelle n'a encore été déposée contre aucun des deux hommes, comme cela est le cas dans les enquêtes au Bénin, en vertu du système judiciaire du Bénin.
Le Peace Corps a fait de son mieux pour tenir sous éteignoir ses erreurs dans cette affaire. La seule référence publique est un rapport de 2009 de l’inspecteur général de Peace Corps qui dit qu’une enquête a révélé qu’ «il y avait un lien direct entre la fuite d’informations et une enquête criminelle locale ». Il n'y avait aucune référence spécifique au Bénin ni à Kate Puzey.
À ce jour, le Peace Corps n'a fait aucune reconnaissance publique de la violation de confidentialité, ni des excuses à la famille Puzey.
Carrie-Hessler Radelet, la directrice-adjointe du Peace corps, a refusé de dire si l'agence assumait quelque responsabilité dans la mort de Kate Puzey, s’abritant derrière l'enquête criminelle en cours au Bénin. «Je ne peux pas dire parce que l'enquête n'est pas terminée », a-t-elle déclaré à ABC News.
Dans une déclaration écrite, le Peace Corps a déclaré que sa réticence à commenter était basée sur le risque de «compromettre l'enquête ou les suites de l'affaire ». Hessler-Radelet a également cité l'enquête criminelle en cours au niveau de l'Inspecteur général de Peace Corps pour justifier son refus de commenter.
« Silence Radio » du Peace Corps.
La famille Puzey a dit que le Peace Corps est resté « insensible » dans son rapport à elle jusqu’à ce que ses responsables ont eu vent de ce que ABC News commençait à se pencher sur le cas. Avant cela, disent les Puzeys, il y avait un «silence radio» des fonctionnaires de Peace Corps, qui avaient envoyé les affaires de leur fille à la sauvette, livrées sans ménagement dans une boîte en carton laissée dans l'allée de leur maison.
«Elle était une héroïne », a déclaré Harry, le père de Kate. « Et je pensais que peut-être un représentant de Peace Corps viendrait, ou tout au moins une lettre dans la boîte. Mais rien, juste un livreur qui s'est présenté avec une boîte et c'est tout ».
Le Peace Corps affirme qu'il a désormais modifié ses procédures pour traiter avec les familles des volontaires tués à l'étranger.
Pourtant, les Puzeys disent que beaucoup plus pourrait être fait, y compris au niveau de la législation qui donnerait aux bénévoles les mêmes protections d’alerte offertes aux employés du gouvernement fédéral.
« Nous voulons que le Peace Corps s’améliore afin d’être ce que Kate Puzey a voulu que le Peace Corps soit, et ce que nous pensons que le Peace Corps pourrait être, et c'est notre mission», a dit le père de Kate, Harry.
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