Pourquoi du Bénin au Gabon en Passant par le Nigeria, les Dirigeants Africains Recherchent la Protection Politique de l’Occident Raciste et Néo-colonial
Le fait de prendre le parti des intérêts occidentaux est devenu le choix naturel, et surtout l'assurance politique du dirigeant africain moyen. Le problème est que ces intérêts occidentaux ne sont pas, loin s’en faut, compatibles avec le bien-être, le progrès, l'indépendance, la dignité et l'avenir des peuples africains. Car l'Occident a de tout temps placé ses intérêts égoïstes au-dessus de la liberté, de l'humanité, de la prospérité du Noir, de l'Africain, ravalé au rang de sous-homme.
L'efficacité de cette assurance politique plaide pour elle-même. L’actualité internationale, de Gbagbo à Kadhafi montre si besoin en est, qu’il ne fait pas bon être insoumis aux volontés des Blancs. Et ce plaidoyer est la raison pour laquelle le dirigeant africain souscrit à l’assurance politique inhérente à la mainmise néocoloniale de l’Occident ; souscription faite, pieds et poings liés, les yeux fermés, sans demander son reste, en passant en pertes et profits la liberté, la prospérité et l'avenir de ses semblables.
Cette assurance politique a une histoire. A la fin formelle du système colonial, et pour en assurer sa continuité hypocrite, le colon a cherché à mettre au pouvoir un homme ventre mou, doué pour être à son service. Il a usé du vieux procédé de diviser pour régner. Il n'a pas hésité à faire asseoir dans le fauteuil encore chaud du gouverneur, un homme du cru, ethniquement minoritaire, et qui pour toutes sortes de raisons serait prêt à vendre sans états d’âme son pays pour son bonheur personnel et/ou tribal. Or, comme suivant la culture que le colon a contribué à exacerber en décernant des brevets de supériorité à certaines ethnies au détriment d'autres, la politique est plus que jamais ethniquement déterminée, la minorité ethnique en est venue à être synonyme de la minorité politique. Et c'est donc cet homme ethniquement minoritaire pour ne pas dire contrarié (Hubert Maga au Dahomey, Léopold Senghor, au Sénégal, etc.) que le Blanc traficote, sort littéralement de sa manche pour placer à la tête du pays supposé formellement indépendant. Mais tout le monde sait que les indépendances, surtout dans la zone française, sont un véritable marché de dupes. Après, lorsque le scénario de dépossession écrit par le colonisateur a été exécuté par le colonisé avec plus ou moins de succès, c'est encore à l'Occidental, au Blanc de dire qui, parmi les dirigeants d'Afrique, est bon pour son peuple et qui est mauvais pour son peuple. Le concept de dictateur a été mis en circulation ; il fleurit dans la presse, les médias et le discours politique occidentaux. En France, pays qui applique un néocolonialisme virulent, l'usage du mot dictateur à été d'autant plus impérieux qu'il n'était pas innocent. En fait les Occidentaux qualifiaient de « dictateurs» ceux des dirigeants africains qui ne dansaient pas au son de leur musique. Le concept curieusement n'avait pas de contraire ; son contraire était le silence, la dénégation, le non-dit, façon “touche pas à mon pote.” Aujourd’hui on peut voir ce deux-poids-deux-mesures à l’œuvre : il n’y a pas de rébellion à aider au Gabon, au Togo, au Burkina Faso, au Bénin, etc…mais il y en a en Côte d’Ivoire, et en Libye !
Ainsi dans les années d’après indépendance, Sékou Touré de la Guinée était un dictateur. Non pas parce que la France le harcelait et encourageait sans arrêt ses opposants à fomenter des coups d'état, mais parce que pour se défendre de ces harcèlements politiques, le pauvre bougre réprimait ses opposants dans le sang, par l'emprisonnement, la torture, etc. Sékou Touré, l’homme qui avait dit Non au Général De Gaulle, se défendait comme il pouvait contre le harcèlement français ; et ce sont ses actes de défense contre des provocations orchestrées de l'extérieur qui lui valurent l'odieuse réputation de dictateur.
À côté de lui dans le temps et l’espace, Houphouët-Boigny a pu rester au pouvoir pendant trois décennies sans être inquiété et le bruit des assassinats, des répressions, des emprisonnements qu'il pratiquait à tour de bras non seulement en Côte d'Ivoire mais dans toute l'aire ouest africaine francophone, ce bruit était noyé dans le tohu-bohu d'une prospérité factice et éphémère, tenue à bout de bras par la France, qui bichonnait son pré carré africain… Pour l'Occident chrétien capitaliste, colonisateur et raciste, Sékou Touré était un dictateur. Mais quel était le qualificatif correspondant d'Houphouët-Boigny ? Nul ne le saura jamais, certainement pas un démocrate. Et c'est ainsi que sur toute l'Afrique plane la malédiction d'une désignation dichotomique cynique et espiègle qui confère le nom de dictateur aux dirigeants africains insoumis à la volonté de l'Occident, tandis que ceux qui s'y soumettent, loin d'être inquiétés et aussi tyranniques fussent-ils, échappent au répertoire du dictionnaire occidental des acrimonies politiques, et coulent des jours, pour ne pas dire des décennies heureuses de tranquillité politique au service des intérêts des Blancs, notamment des Français qui sont les rabatteurs de gibiers pour l’Occident chrétien raciste et antinégrite.
D'un point de vue occidental, la liste des dirigeants africains est passée aux fourches caudines d'une partition arbitraire, sibylline, hypocrite et cynique au travers de laquelle les insoumis sont qualifiés de dictateurs et combattus par des moyens obscurs et violents, tandis que ceux qui servent les intérêts occidentaux sont d'autant moins nommés qu’ils sont innommables, d'autant moins qualifiés qu’ils sont inqualifiables. C'est ainsi qu'on a d'une part les Sékou Touré, les Sankara, les Marien Ngouabi, les Patrice Lumumba, les Gbagbo et autres qui sont pour l'Occident chrétien antinégrite des dictateurs dans la mesure où ils se sont montrés insoumis à sa volonté de domination. Tandis que de l'autre côté, les Houphouët-Boigny, les Senghor, les Eyadema, les Mobutu, les Compaoré, etc. sont inqualifiables et tout au moins de leur temps, n'ont pas reçu le moindre qualificatif de stigmatisation ou de typification politique de la part des occidentaux parce que ces ludions fidèles à la tâche se soumettaient comme de gentils toutous à leur volonté, hypothéquant ce faisant la liberté, le bien-être, le progrès de leur propre peuple au bénéfice de l'Occident chrétien raciste et matérialiste.
Tel est le fondement historique de l'assurance politique que recherche le dirigeant africain d'aujourd'hui, lorsqu'il se met spontanément et bestialement au service des intérêts de l'Occident, au détriment des intérêts de ses semblables. Parce qu'il a le sentiment que ceux qui nomment, ceux qui bénissent, ne lui donneront pas un mauvais nom, et ne le maudiront pas, mais qu'au contraire comme cela était le cas des Mobutu, et autres Houphouët-Boigny, ils pourront bénéficier de la protection de ceux pour qui ils sacrifient les intérêts de leur propre peuple. Faute de quoi, à l'instar de Gbagbo, Kadhafi et consorts, on lui mettra entre les pattes des opposants fabriqués souvent de toutes pièces ou des rebelles animés par l'Occident, et si cela ne suffisait pas, avec la garantie de piller un peu plus les matières premières de son pays, (café, cacao, pétrole) l'union sacrée des occidentaux lui donnera la chasse, au nom de la Démocratie et de la lutte contre la dictature, jusqu'à l’amener à résipiscence. Cette toutouification rampante du personnel politique africain, qui naguère se faisait dans l’ombre des intrigues néocoloniales a pris depuis quelques temps une envergure mondialisée ; elle réalise ses forfaits à ciel ouvert sous la bannière décomplexée de l’ONU et des Organisations soi-disant Internationales avec le bras armé de l’OTAN. Face à une telle montée en puissance d’un Occident qui pour se sauver du déclin inexorable qui le guette a choisi de ressusciter et de faire revivre aux Noirs les noires époques de l’esclavage et de la colonisation, que peut le pauvre dirigeant africain coupé de son peuple ?
Binason Avèkes
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