Dans les circonstances graves, je sens que j'ai fait tout ce que j'avais à faire…
NAOTO KAN, premier Ministre japonais annonçant sa démission le vendredi; Kan faisait l’objet de critiques sévères pour sa gestion du tsunami et la crise nucléaire qui s’ensuivit durant ses 15 mois de pouvoir. Dixit : NOTO KAN.
Nous avons l’habitude, y compris dans les milieux soi-disant éclairés ou cultivés pour ne pas dire intellectuels, nous avons-dis-je l’habitude facile de comparer la Corée du Sud au Sénégal, le Japon à l’Afrique, la Chine au Nigeria, en espérant que nous pourrions faire comme eux, décoller économiquement et devenir maîtres de notre destin. Cette comparaison qui est une illusion frauduleuse, un paralogisme comme le diraient les philosophes, part de l’idée que tout ce qui n’est pas blanc est comparable. A partir du moment où les Coréens, les Indiens, les Chinois ou les Japonais ne sont pas Blancs ; à partir du moment où, comme nous, ils ont eu maille à partir avec le boulet colonial de l’Occident, alors tout ce qu’ils ont pu faire, nous les Africains, nous les Noirs nous pouvons le faire aussi. Mais en vérité les choses ne sont pas si simples, et nous allons vite en besogne. Les Asiatiques, en l’occurrence ici les Japonais répondent de valeurs et sont inspirés par une éthique qui rendent raison de ce qu’ils sont aujourd'hui. Et ces valeurs, cette éthique ne se retrouvent pas forcément en Afrique. L’Afrique est loin de les faire siennes. Ces valeurs sont nombreuses : le courage, l’union, le travail, la discipline, la soumission à l’ensemble, le conformisme, l’ingéniosité, la spiritualité, la profondeur de pensée… Outre ces valeurs qui ne se bousculent pas dans nos têtes africaines ni dans nos sociétés, il n’est pas jusqu’à la facilité avec laquelle ceux qui se prétendent nos meilleurs intellectuels, nos meilleurs akowés, comparent l’Afrique au Japon ou à l’Asie, qui ne trahisse l’absence d’un regard profond sur la réalité. Or cette profondeur spirituelle et intellectuelle est une valeur sacrée au Japon. Combien de chefs d’Etat Africains auraient démissionné dans les mêmes conditions que le fait actuellement M. NAOTO KAN ? Est-ce que le type qui dirige le Bénin actuellement, après du reste une violence symbolique inouïe au travers de laquelle il s’est maintenu au pouvoir en se foutant royalement de la gueule de ses concitoyens électeurs, est-ce qu’il a démissionné durant les nombreux scandales qui ont émaillé son premier mandat et l’ont menacé de Haute Cour à laquelle il a échappé par ruse, manipulation et instrumentalisation des institutions ? L'Afrique a encore du chemin à faire, encore faudrait-il que ses éminents représentants prennent la mesure de sa situation réelle actuelle, au lieu de s’envoyer en l’air par des comparaisons incantatoires, débiles, superficiels et infantiles avec les autres…
Aminou Balogoun
Copyright, Blaise APLOGAN, 2010,© Bienvenu sur Babilown
Toute republication de cet article doit en mentionner et l’origine et l’auteur sous peine d’infraction
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.