Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Spoliation et Accaparement
Il y a quelque chose de paradoxal et d'irrationnel dans les guerres ethnico-politiques qui se déroulent sans cesse en Afrique, notamment en Afrique francophone. C'est le fait, lorsque les conflits sont bipolaires et donnent lieu à un clivage régionaliste entre deux parties clairement identifiées (Nord/Sud ; chrétiens/musulmans) comme c'est le cas en Côte d'Ivoire et généralement sur le golfe du Bénin – même si cela ne donne pas toujours lieu à des guerres ouvertes ; le fait, disons-nous, que les deux parties en conflit s'entendent sur le dogme de l'unité de la nation, alors qu'ils s'acharnent à la diviser sur la base ethnique dans une opposition qui tend à imposer la suprématie d'une partie sur l'autre, la soumission d'une partie à l'autre, la domination d'une partie par l'autre.
Alors qu’il serait simple et cohérent, lorsque les deux parties en conflit sont d'accord sur une ligne territoriale de démarcation, de se séparer à l'amiable suivant cette ligne. Comme cela vient d’être le cas au Soudan. En fait le paradoxe n'est qu'apparent. Les deux parties s'opposent souvent sur la jouissance exclusive des ressources qui ne sont pas symétriquement distribuées de part et d'autre de la ligne de démarcation ethnique, religieuse ou régionaliste. Ce qui prouve que souvent c’est bien moins le romantisme régionaliste ou identitaire, le désir de vivre entre soi ( musulmans, nordiques, etc.…) qui motive les guerres ou les conflits politiques que le désir de pouvoir qui donne accès à la jouissance fantasmée des richesses nationales. Sur le golfe du Bénin, comme en Côte d'Ivoire, il eût été apparemment simple de séparer le Nord du Sud, simple que M. Ouattara au lieu de guerroyer Gbagbo avec l'aide militaire de la France, devînt président de la zone territoriale clairement délimitable correspondant à l'identité dont il se réclame. Seulement voilà, ce qui fait la richesse convoitée par les nordiques-le cacao-ne se trouve pas dans leur zone identitaire ou géographique. C'est pour cela qu'il leur importe de préserver l'unité nationale et que la Côte d'Ivoire reste en l'état cependant qu'ils en deviennent maîtres. La France en les aidant trouve son compte puisqu'elle s’identifie à un groupe et un homme minoritaires ethniquement qu’il lui est loisible de prendre en otage et de manipuler ; légitimant du même coup la frustration de la majorité du pays. En clair le prétexte identitaire affiché des guerres ethniques en Afrique n’est que l’arbre qui cache la forêt des fantasmes et intrigues politiques axés sur la spoliation et l’accaparement, jeu et enjeu néocolonialistes dans lesquels un pays comme la France est passée maitresse.
Éloi Goutchili
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Vous posez une question à laquelle vous répondez mais dont je crains qu'elle ne corresponde au propos soulevé ici. Le propos est de montrer que ce n'est pas l'ethnie qui motive les guerres ethniques. Et un raisonnement par l'absurde a été conduit. Il ne s'agit pas ici d'un éloge ou d'une défense de la désintégration des états, aussi absurdes que soient ces formations fonctionnelles héritées du colonialisme qui ne visait qu'à exploiter, mais non pas à constituer des ensembles historiquement, culturellement et ethniquement cohérents et viables. Pour autant, le sujet de comment concevoir en Afrique des états plus viables que ceux que nous ont légués les Blancs bandits et inhumains n'est pas pour nous tabou !
Rédigé par : BA | 20 juillet 2011 à 10:48
Bonjour,
en gros une Afrique composée de confettis d'états dont la grande majorité serait incapables de survivre.
Poussons la logique plus loin, devrait-on alors revenir à des territoires dans leur limites d'avant la colonisation ?
Eric
Rédigé par : Eric | 20 juillet 2011 à 09:14