Comment peut-on accepter que le pourvoyeur putatif de la graine séminale de l’UN, ceux qui se disaient à l'origine de l'initiative, et qui, lors de l'élection présidentielle, ont occupé le poste de confiance de porte-parole du candidat unique ; comment peut-on accepter que ces gens en viennent à tourner casaque deux mois à peine après le holdup électoral dont le peuple béninois a été victime ? Comment accepter cette palinodie étourdissante sans en déduire que la RB était de ceux dont les gages ont enhardi le régime Yayi dans sa confiscation du pouvoir ? Me Houngbédji avait certes manqué à Nicéphore Soglo ; il avait été à l'origine de la fin précoce de son odyssée présidentiel ; sa chute électorale en 1995. Mais dans le cadre de l'avènement de l’UN, Me Houngbédji avait demandé et, croyait-on, obtenu un pardon de celui qu’il avait offensé. La page de ces évènements douloureux semblaient être définitivement tournée. Mais, vu la manière dont les choses se passent, on peut se demander si le pardon demandé de tout cœur avait été accordé du fond du cœur. Car l’incroyable palinodie de Léhady Soglo laisse perplexe. Est-ce seulement le réalisme biologique, la lutte pour la survie qui pousse la RB à passer avec armes et bagages du côté d’un pouvoir dont la gestion, la philosophie politique, l'inspiration idéologique, bref un régime dont l’éthique et la pratique vicieuses avaient été décriées par la coalition de partis fondateurs de l’UN, au premier rang desquels se trouvaient la RB ?
L'hypothèse d'une décision coup de tête, prise dans la panique et le dépit ne tient pas la route. Car, pourquoi un parti démocratique, au lieu de croire à l'espérance d'une aube nouvelle, s'acoquinerait-il avec un régime dont lui-même venait de subir les forfaits ?
Non, la défection de la RB, son passage fulgurant et sans complexe du côté du régime dictatorial et usurpateur de Yayi ne relève pas d'un coup de tête encore moins du hasard. Le ver de la trahison était dans le fruit au moment même où on mettait la graine en terre. La trahison de la RB était à la fois une option et un double jeu. Inspirée par la téléologie de l'obsession présidentielle, elle traduit la volonté des Soglo de faire flèche de tout bois. Le mot d’ordre étant : « Tous les chemins mènent à la Marina » ; la voie de la lumière, de la loyauté de la discipline et de la rationalité comme la voie des ténèbres, de l’indiscipline, de la trahison, et de l'irrationalité. Avec malice ces deux options ont été conjuguées, et rodées de front. Ainsi le vrai-faux évincement d’un Épiphane Quenum de la CSP-LEPI-tantôt marionnette de Yayi, tantôt pourfendeur du trucage de la LEPI servait surtout à accréditer l’idée d’une rupture avec la mouvance ; de même les rodomontades régulières d’une Rosine Soglo, qui naguère se disait prête à mourir pour la Démocratie, et dénonçait Monsieur Yayi Boni de vouloir mettre le pays à feu et à sang, tout ce théâtre dans le grand théâtre du Holdup électoral n’était rien moins que simagrées pour détourner l’attention et endormir la vigilance des autres membres de l’UN. Bref le double jeu parfait dont l'hypocrisie corrobore le soupçon d'une indignité scandaleuse, commise au nom d'une idée aussi fixe que présomptueuse : devenir président de la république à tout prix. Réussir à tout prix la vengeance du père par le fils. Sans compter en arrière plan la volonté de rendre la monnaie de sa pièce à Me Adrien Houngbédji pour son offense passée dont le pardon prétendument accordé ne l’était que du bout des lèvres ! Mais comment un homme toujours accroché à la jupe de sa maman et non encore affranchi de l’envoûtement paternel peut-il devenir Président d'une République ?
Cette question est de taille. Mais en attendant d’y répondre, il est logique d’affirmer que la trahison des Soglo incarnée par Léhady aujourd'hui n’a rien de spontané, ou circonstanciel ; elle n’est pas essentiellement le geste désespéré d’un parti aux abois, qui craint de mourir à force d’être en dehors du pouvoir depuis longtemps. Le passage du côté de la mouvance de ceux qui se disaient à l’origine de l’UN n’est que l’actualisation d’une option concertée avec le pouvoir Yayi, et sur la base de laquelle celui-ci a réalisé son holdup électoral. De ce holdup, la RB ne se dépêche pas seulement de récupérer sa part, mais trahit sa duplicité… Nous avons affaire à une double trahison
Prof Agnila Bèruogun
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Ce double jeu que vous mettez bien en lumière révèle que les Soglo - ne disons pas la RB - ont pris la mesure du profil psychologique de Yayi Boni; celui d'un négociateur redoutable, plus crûment un négociateur féroce, ce qui donne en un seul mot un t....et en terme plus édulcoré un suzerain, un souverain si vous voulez. Face à un tel interlocuteur vous n'avez que le choix de vous soumettre, de vous agenouiller ou périr. Les Soglo conscients de la chose ont suscité un regroupement pour tenter de survivre tout en mesurant à bon escient la forte possibilité d'échec d'une telle entreprise face à un t...La mise à genoux achevée dans les faits, il ne reste plus qu'à l'officialiser. Mais ils ont fait le mauvais choix. Disons à leur décharge qu'ils n'en avaient pas le choix. Hier c'était Azannaï qui fut débauché, demain ce serait un Glèlè, un Quenum, etc... si les Soglo ne s'empressaient d'afficher que ces capitulations se font sous leur contrôle. Mais face à un t..., vous ne survivez pas, vous ne pouvez obtenir au plus qu'un sursis. Un suzerain, ne laisse pas la grande cité de l'empire hors de son contrôle. Les Soglo savent mieux que personne ce qui les attend. Ce n'est qu'une question de temps. Il n'y a qu'à leur souhaiter de s'abreuver abondamment pendant ce sursis négocié, accordé par le souverain. Ils ne recherchent pas autre chose. Ils sont acculés à cela.
Rédigé par : Thomas Coffi | 23 juin 2011 à 10:48