Avec l'affaire de son accusation de tentative de viol et d'agression sexuelle sur une femme de chambre dans un hôtel de New York, DSK a vu sa responsabilité interpelée voire compromise. La première conséquence de cette mise en jeu tragique de sa responsabilité a été sa démission en tant que directeur du FMI. De même, toute honte bue, et en raison des contraintes judiciaires qui pèsent sur lui, son odyssée élyséenne a sombré corps et biens dans la stupeur de sa chute. Mais la question de la responsabilité soulevée par l'affaire DSK va au-delà de sa seule personne. Elle touche aussi à la France. Après tout, en temps que directeur du FMI, DSK était une proposition française. Ceux qui en France ont proposé sa candidature et appuyé du poids de toute une diplomatie nationale son élection, verront-ils leurs responsabilités exonérées sans autre forme de procès ? Le tort subi par la communauté internationale à travers l'image écornée du FMI revient aussi en partie au pays qui a proposé et appuyé l'élection de DSK à ce poste : la France.
Alors que la question de sa responsabilité fait l'objet d'un déni délibéré aussi bien de la part de la France— on la comprend, la France, qui n'est pas dans cette affaire à un déni près— elle l’est aussi de la part du monde occidental, de l'Europe, de l'Amérique ainsi que des instances organiques du front monétaire international lui-même. Au nom d'un principe proprement inique de conservation des directions des grandes institutions financières dans le giron occidental —principe désuet et en entier déphasage avec les rapports financiers actuels entre les différents blocs politico-économiques du monde —l'Europe avance avec une insolence aveugle l'hypothèse d'une conservation du poste à un ressortissant de l'union européenne. Et, non content de faire valoir ce privilège désuet, sans vergogne ni scrupule, on fait en sorte de considérer comme une formalité le fait que la France ait tout droit d'imposer à nouveau la candidature d'un de ses ressortissants. Outre le problème de la légitime exigence des pays émergents à se voir représentés à ce poste par un de leurs ressortissants, il y a là dans la naturalisation de la nomination d'un Français pour succéder à DSK qui a couvert lui-même et son pays de honte, ridiculisé l'organisation dont il était le directeur et porté préjudice à son image, il y a là disons-nous une consécration de l'irresponsabilité et de l'immoralité qui ont été au principe de la chute tragique de DSK.
Comment nommer un Français pour succéder à DSK au poste de Directeur du FMI comme si la France n'avait pas sa part de responsabilité dans la débâcle qui venait de se produire ? En envoyant un autre de ses ressortissants à la tête du FMI, la France tente de sortir de cette affaire la tête haute, tente de banaliser l'impact sur son image, de faire comme si cette affaire n'avait pas d'importance ou comme si elle n'avait pas de responsabilité à prendre dans ce qui était arrivé. La pudeur aurait cependant commandé que la France s'abstînt de proposer immédiatement à ce poste dont l'image vient d'être salie par l'un de ses ressortissants, un autre de ses ressortissants. Et le pire dans cette apologie de l'irresponsabilité c'est qu'en vertu d'une habitude d'échange de bons procédés, cette attitude véreuse de la France semble avoir le soutien non seulement de l'union européenne mais du bloc des pays occidentaux. Peut-on imaginer un seul instant que si c'était un Mexicain ou un Congolais qui avait à ce point manqué à sa responsabilité en salissant l'image du FMI de la manière dont DSK vient de le faire, peut-on imaginer disons-nous qu'il serait pensable qu’on le remplaçât au pied levé par un autre Mexicain ou un autre Congolais ? Décidément ce monde occidental qui parle de justice, d'égalité et d'humanité ferait mieux de balayer devant sa propre porte et de se regarder en face : dans le miroir de ses injustices, ces iniquités, et son autoritarisme ethnocentrique.
Prof. Cossi Bio Ossè
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