Ce que nous appelons ici le golfe de Guinée-Bénin est la partie orientale du Golfe de Guinée allant de la Côte d’Ivoire au Nigeria. La situation géographique de ces pays est assez spécifique, de même que la structure ethno-religieuse qui y correspond. En effet ces pays sont au nombre de cinq à savoir : la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria. Hormis le Ghana qui est héritier d'une histoire politique exemplaire en Afrique avec l'exemple phare de Kwame Nkrumah, dans les autres pays, soit le pouvoir politique suprême est détenu par le Nord, soit ce même Nord est à l'origine de turbulences politiques ou sociales, de violences meurtrières, de coups d'état et de guerres. La Côte d'Ivoire d'une part et le Nigéria d'autre part, illustrent cet état de choses, tandis que le Bénin et le Togo sont d'autres exemples où la violence sans dégénérer jusqu'à la guerre, reste latente, dans la mesure où l'accaparement du pouvoir politique est réussi par le Nord. Ainsi au Bénin, personne ne sait ce qui se serait produit si en 1996, Soglo avait refusé de quitter le pouvoir. A contrario, lorsqu'en 2011 après une élection largement frauduleuse, Yayi Boni usurpe le pouvoir, son rival du Sud n'a pas instauré la guerre !
Au Nigéria, lorsqu'en 1999 Obasanjo est élu président, très rapidement, la réaction des états musulmans du Nord a été de radicaliser leur islamisme en proclamant pour la plupart d'entre eux la prééminence de la charia sur la loi fédérale et en l’appliquant de façon polémique et provocatrice. Il a fallu pour contenir ce mouvement réactionnaire toute l'habileté politique d'un Obasanjo d'origine yorouba, la seule ethnie à même de faire tampon avec le Nord musulman parce que perçue dans une certaine mesure comme en grande partie musulmane et historiquement connexe. Mais depuis lors et en dépit de l'habileté politique du même Obasanjo, on ne compte pas le nombre de tueries de masse provoquées par l'intolérance et la violence meurtrière de groupes terroristes ou soi-disant islamistes fortement politisés qui provoquent des émeutes et s'en prennent à leurs concitoyens soi-disant chrétiens ou originaires du Sud. Les bilans de ces tueries se chiffrent souvent en centaines de morts, sans que l'opinion internationale apprenne quels sont les coupables de ces meurtres de masse et ce que fait le gouvernement fédéral du Nigéria pour désigner clairement les coupables et les punir. Là aussi, l'impunité comme dans le domaine de la corruption apparaît comme la solution pour sauvegarder la paix.
Au Togo, les Eyadéma et leur parti unique règnent sans partage sur le Togo depuis plusieurs décennies sans forcément représenter la majorité des ethnies de ce pays alors que toute la politique et les élections sont ethniquement déterminées.
Au Bénin, Kérékou, un homme originaire du Nord a régné pendant 30 ans ! Sans compter avant lui, Maga, et maintenant Yayi Boni qui usurpe le pouvoir au nez et à la barbe des sudistes avec--spécificité typiquement béninoise,--une sournoise complicité d'acteurs originaires du Sud ivres de haine de soi, qui ne parviennent toutefois pas à occulter l'orientation régionaliste décomplexée du régime tyrannique et abject, antidémocratique et obscurantiste de Yayi Boni.
En Côte d'Ivoire, dès après la disparition de M. Houphouët-Boigny, Monsieur Ouattara, un homme politique originaire du Sahel entre en compétition légitime avec deux autres rivaux du sud. Mais très vite, des moyens violents sont mis en jeu : coups d'état, agressions armées, appels à la collaboration des puissances étrangères notamment de l'ancienne puissance coloniale et ce sans vergogne ni scrupule, ou susceptibilité excessive pour l’indépendance nationale, etc.
Donc, si l'on est d'accord avec ce constat, on est amené à trouver du sens à la question suivante : « pourquoi “les gens du Nord” sont-ils portés à faire facilement la guerre dans leur propre pays, tandis que les gens du Sud sont plutôt portés à l'éviter ? »
En fait, quand on regarde la structure géographique et historique de la constitution de ces pays, on se rend compte qu'ils sont tracés selon une ligne de force Nord-Sud, du Sahel vers l'océan. Les occidentaux colonisateurs sont venus par l'océan et y ont apporté leur culture, leur savoir-faire et leurs techniques. Puis dans un raisonnement purement géographique, le souci de relier les eaux-l'océan au fleuve Niger- ils ont tracé des couloirs enracinés dans l'océan et s'étendant vers le Sahel en direction du Niger, sans aucune considération humaine pertinente ou viable. Et cette extension a atteint des limites qui ne correspondaient plus à rien d'ethnique. On a alors enfermé au nom de ce raisonnement hydro-géographique pur des ethnies de la savane avec des ethnies de la forêt. Pendant ce temps, comme le Sud était plus accessible aux Européens, et le Nord une zone d'influence ancienne des Arabo-musulmans, les uns ont été christianisés et instruits dans les langues européennes, tandis que les autres ont été islamisés et sont restés rebelles longtemps à l'influence occidentale, vécue comme une violence symbolique. On a donc régulièrement et en dépit du bon sens enfermé dans le même territoire national des ethnies infiniment plus différentes que ne le seraient par exemple, dans le bassin méditerranéen, des Marocains et des Espagnols ! Et non seulement on leur demande de s'entendre, mais dès après l'indépendance, on ne se prive pas de manipuler les difficultés qu'ils ont à le faire.
Dans ces pays, les capitales économiques et politiques héritées de l'époque coloniale sont toujours au sud. Souvent l'essentiel de l'activité économique, des institutions d'État et la grande masse des opportunités d'instruction et d'ouverture sur le monde extérieur y sont concentrées.
Le Nigéria, après la guerre du Biafra a pris conscience de ce déséquilibre préjudiciable à l'unité ou à l'unification nationale et, avec les moyens que permet la rente pétrolière, a construit une capitale politique un peu plus au nord, Abuja. De même que la Côte d'Ivoire à rectifié un peu le tir avec le développement volontariste de la ville de Yamoussoukro qui est une capitale située un peu plus au nord qu’Abidjan. Mais tout cela reste symbolique et ne parvient pas à réaliser l'effet d'équilibre escompté.
Pour toutes ces raisons, les gens du Sud ressentent le pays comme étant naturellement le leur, puisque l'essentiel de tout ce qui le définit et le fait bouger est au sud. Tandis que les gens du Nord ne ressentent pas le pays comme le leur. Ils ne sont pas originaires de la capitale ni de sa région. Et n'ont de cesse de la convoiter, de la conquérir. Cette capitale, ce sud devient à la fois un objet de convoitise et de conquête. Et l'envie de conquérir souvent motivée par des disparité structurelles et l’injustice politique ou une surestimation de tous ses facteurs dans la représentation collective des Nordistes, l'emporte sur la conscience du désordre qu'une guerre pourrait susciter. Faire la guerre chez l'autre ne prête à aucune conséquence puisque ceux que l'on tue ne sont pas des nôtres, les choses que l'on détruit sont autant dont les autres ne profiteront plus. La politique de la terre brûlée est beaucoup plus facile lorsque l'on ne ressent pas cette terre comme la sienne. C'est ainsi, et ainsi surtout que l'on explique la nervosité polémique, le recours aveugle à la violence, aux tueries, aux émeutes, la culture des coups d'état, ou l'accaparement permanent du pouvoir sous la menace et le chantage à la guerre par des hommes, et des partis politiques du nord de cette région de l'Afrique de l'Ouest à structure géographique et historique ethniquement et culturellement clivée.
Le cas du Bénin est une belle illustration. Soglo, mis en difficulté face à Kérékou alors qu'il était le président en exercice a fini par s'effacer, car pour rien au monde, il n'accepterait que “son pays” soit le théâtre d'une guerre. Rien ne prouve que Kérékou aurait fait la même chose. A contrario, M. Yayi Boni usurpe le pouvoir de façon grotesque alors que l'UN et son candidat représentait une majorité plus conséquente et plus plausible du pays ; il le fait alors qu'il est objectivement au plus bas de sa popularité mais il n'y a pas eu de guerre. Certes, la guerre il faut aussi la financer ; et souvent elle s’indexe sur les ressources fortes comme le cacao, le café ou le pétrole que nous n'avons pas, dirions-nous heureusement ? Mais cela seul n'explique pas le pacifisme empirique et parfois paradoxal du Béninois. Après tout, on a vu se perpétrer des guerres et des génocides au Rwanda avec des machettes et sans cacao ni pétrole en arrière-plan.
Non ce qui explique le pacifisme des uns ou le bellicisme furibond des autres dans notre sous-région c'est ce sentiment d'appartenance ou de non-appartenance qui pousse les uns à se considérer spontanément comme du pays, tandis que les autres peinent à se sentir comme tel, et n’ont de cesse de l'accaparer par la guerre ou la violence symbolique comme viennent de le réussir M. Ouattara en Côte d'Ivoire, et M. Yayi au Bénin mais pour combien de temps ?
Prof. Cossi Bio Ossè
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Eh oui ! Ces paroles invraisemblables sont prononcées par Monsieur Yayi Boni, le ci-devant Président du Bénin ! Si quelqu'un se sent vraiment d'un Pays, s'il a le sentiment d'être le Père de la nation est-ce qu'il pourrait tenir ce genre de propos ? Imaginez un chef de famille qui menace de la sorte les gens de la même maison ! Inouï ! (agborouèri, comme le dirait un Yoruba!) En parlant de la sorte, en faisant cette menace idiote et irresponsable, Monsieur Yayi fait un chantage à ceux qui souffriraient dans leur chair si le pays était mis à feu et à sang ; ce qui corrobore bien l'analyse faite ici, dont je vous remercie de confirmer la pertinence par le rappel de ces propos pour le moins abracadabrantesques!
Rédigé par : BA | 05 mai 2011 à 22:19
Le KO de la présidentielle 2011 sonne le Glas pour YAYI BONI et ses comparses.
Ce KO lui revient comme un boomerang. Il est tétanisé debout et ne sait plus à quel DIABLE se vouer…
Il n’est pas de mon devoir de lui venir en aide en levant mon petit doigt.
Je viens de recevoir ceci par mail, et je vous livre un extrait.
…Pourquoi Mgr Albert TEVOEDJRE qui n’a jamais travaillé en France y vient prochainement pour être décoré ? C’est pour service rendu contre les Béninois. Nous y reviendrons ! Pour sa remise de décoration à Paris, il y aura un comité d’accueil pour le conspuer et dénoncer sa méchanceté criminelle, ses complots contre les Béninois et son coup d’état permanent contre le Bénin.
Coup d’état avorté contre Boni YAYI :de connivence avec Pascal KOUKPAKI, Mgr Albert TEVOEDJRE préparait un coup d’état contre le Président Boni YAYI à travers son forum annulé pour imposer Pascal KOUKPAKI comme 1erministre.
Le combat contre l’imposture et la trahison continue contre tous les criminels ennemis du Bénin.
NB : Désormais, Albert Tévoédjrè est appelé «Mgr ; monseigneur de la méchanceté criminelle» et non «professeur»…
Rédigé par : CHRISTIAN de SOUZA (Philosis) | 05 mai 2011 à 16:27
Votre analyse qui ne manque pas de pertinence, qui donne à réfléchir, mettrait donc en lumière le fondement de la déclaration attribuée à un chef d'Etat du golfe de Guinée "Je vais mettre le pays à feu et à sang " ..."To mè fi o to ché wè gnin a, ma hin fi o gbélé ba yi houé" chantait-on...
Rédigé par : Jacqueline Gangnon | 05 mai 2011 à 01:13