Jonathan Shapiro, alias "Zapiro", est considéré à 50 ans comme le plus grand dessinateur politique d'Afrique du Sud. Après des études d'architecture à l'Université de Cap Town et un service militaire de deux ans, il obtient une bourse pour étudier la caricature à New York. Son premier personnage, nommé Preppy, commente les questions qui tournent autour de l'école. Il publie tous les jours ses caricatures sur les sites Internet du Mail and Guardian et toutes les semaines sur le site du Sunday Times sud-africain. Zapiro a également sorti 12 recueils de bandes-dessinés. Il a reçu de nombreux prix. En 2001, il devient le premier dessinateur à gagner le prestigieux trophée de la catégorie "Journaliste africain de l'année" décerné par CNN. Ses oeuvres ont fait l'objet d'expositions à travers le monde (New York, Londres, Francfort...). En 2009, au plus fort de l’affaire de viol qui menaçait l’avenir politique de Monsieur Zuma, Zapiro publie dans l'édition sud-africaine du Sunday Times (08/09/08), une caricature qui met en scène le viol de la justice par un aréopage de compères politiques plus ou moins pro-ANC. On y voit le futur président, Jacob Zuma, s'apprêter à violer une femme représentant la justice maintenue par terre par les dirigeants du Congrès national africain (ANC). À quelques jours de l'ouverture d'un procès qui va décider de l'avenir du pays, la caricature met le feu au poudre et une campagne de dénigrement contre Zapiro débute. L'ANC a estimé que l'éditeur du Sunday Times devait répondre de cet "abus de la liberté de la presse"... Une douche froide pour les défenseurs de cette liberté. Mais Zapiro reste droit dans ses bottes et résiste contre la campagne de calomnie et de dénigrement dont il est l’objet. Le caricaturiste a d'ailleurs réfuté toutes les accusations portées à son encontre et a refusé de s'excuser (écouter le podcast sur son site). Il se doutait que le dessin allait être sujet à une controverse. Mais "je me suis dit que c'était exactement ce que je voulais dire", a-t-il expliqué.
Deux années après sa publication ce qui confère toute sa puisance allégorique à cette caricature est sa force d'actualité, et son universalité politique et morale. Sur la caricature, remplacez Zuma par Yayi Boni, l'ANC par FCBE, Gwede Mantashe par Tévoédjrè, Blade Nzimande par Robert Dossou, et Zwelinzima Vavi par Joseph Gnonlonfoun et vous avez le viol et le meurtre de la Démocratie perpétrés au Bénin dans l'indifférence cynique des Occidentaux, nos soi-disant partenaires économiques et financiers, lors de la mascarade électorale qui s'est conclue en Avril 2011 par la perpétuation scandaleuse au pouvoir de Monsieur Yayi Boni!
Aminou Balogoun
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