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Comme cela est de règle depuis vingt ans, la présente période électorale comme celles qui l’ont procédé, connaît son lot de discours, de chansons, de sermons et d’exhortations à la paix.
Ces discours sont devenus très nombreux et très pesants depuis le hold-up électoral et le coup d’Etat électoral opérés par Boni YAYI. La plupart pour convaincre le peuple d’accepter le fait accompli, soi-disant pour l’amour du pays et l’amour de Dieu. D’autres pour justifier la répression, les restrictions de liberté. On voit exceller dans ce boulot des juristes, des policiers en exercice ou retraités, des FCBE reconvertis dans des associations comme Frédéric BEHANZIN, d’illustres inconnus messagers de paix ou faiseurs d’opinion. On laisse Boni YAYI faire tout ce qu’il veut et on demande au peuple de se taire. On nous frappe et on nous demande de nous taire. On veut qu’on accepte la paix imposée par le brigand. En effet, qui menace la paix ? Qu’est-ce qui menace la paix ? A qui profite la paix que l’on instaure ?
Certaines choses méritent d’être précisées pour éclairer la question. Les guerres, dans la plupart des pays sous-développés, sont allumées et entretenues par les puissances étrangères pour s’accaparer des richesses naturelles des pays concernés. Ces guerres et leur intensité sont fonction de la taille des richesses en cause et de l’appétit des puissances étrangères ; Les guerres sont également allumées pour vendre les produits de l’industrie d’armement de ces pays, industrie qui occupe une part importante de l’économie de ces pays.
Les guerres sont donc un moyen pour les puissances occidentales de poursuivre et d’accentuer la domination et l’exploitation de nos pays. Toutes les guerres allumées en Afrique tournent autour des richesses de ces pays lorsque la domination et l’exploitation ne sont pas possibles autrement ou lorsqu’il est nécessaire d’évincer un concurrent. Le Biafra au Nigéria, le Libéria, le Tchad, la Côte d’Ivoire, la Lybie, le Congo Kinshasa, la guerre dans tous ces pays ont des odeurs de pétrole, de diamant, d’or, de cuivre, etc. Les différents Chefs d’Etat que nous avons, au-delà de leurs oppositions sur des intérêts individuels immédiats sont tous des agents de ces puissances qui les font accéder et maintenir au pouvoir pour servir leurs intérêts. A cet égard, l’exemple récent de Ben ALI est révélateur à bien d’égards. Ce général porté au pouvoir par un coup d’Etat préparé par les Etats-Unis contre Bourguiba trop vieux s’est révélé un dictateur féroce qui a opprimé son peuple et fait des centaines de victimes avec la complicité et l’appui de la France et des Etats-Unis. Pendant 23 ans Ben ALI a pillé les richesses de la Tunisie et affamé sa jeunesse. Dans cette politique, il a été constamment soutenu par les Etats-Unis et la France parce qu’il garantissait l’exploitation économique de la Tunisie et les intérêts géostratégiques des occidentaux en Afrique du Nord. A une semaine de sa chute, le gouvernement français, à travers son Ministère des Affaires étrangères envisageait encore de lui envoyer des renforts policiers pour mater la révolution. Mais il a suffi que le peuple tunisien chasse le dictateur du pouvoir pour que les gouvernements occidentaux « découvrent » qu’il avait caché des milliards volés dans des banques occidentales, comme s’ils ne le savaient pas, comme s’ils n’avaient pas protégé ses vols pour qu’il protège leurs intérêts. Tout le monde sait que les actuels dirigeants gabonais, congolais et équato-guinéen ont déposé dans les banques occidentales des centaines de milliards volés à leurs pays mais tous les procès engagés contre eux échouent parce que les clans BONGO, SASSOU et NGUEMA garantissent l’exploitation de leurs pays par la France.
Quelle est la réalité de la situation au Bénin ?
Les discours se font dans les médias comme si le pays était à feu et à sang, comme si des rebelles étaient embusqués à chaque coin de rue, comme si des arsenaux étaient positionnés ici et là. Et cela donne droit au gouvernement corrompu de l’imposteur Boni YAYI d’exercer une violence d’en haut dont le peuple est victime. Cette psychose est entretenue par le positionnement de chars à tous les coins de rue, l’envahissement des villes par des soldats et officiers et de CRS en tenue de combat. Donnons deux exemples de violence :
Premier exemple : Avant les élections :
Les partisans de Boni YAYI ont déchiré des affiches de l’opposition et la HAAC a entériné le fait en interdisant le contenu de ces affiches. Qu’a-t-on interdit ? De parler de l’affaire DANGNIVO, de l’affaire CEN-SAD, de l’affaire ICC. Sous prétexte que de telles affiches mettraient à mal la paix sociale. Bon Dieu, vous parlez quand même à des gens sensés ! Après cela, on dit qu’il n’y a pas eu de débat sur les programmes. Pour parler d’un programme anti corruption, il faut bien que l’on ait posé le diagnostic que la corruption existe et est un danger pour le pays. Or la corruption dans notre pays est une affaire d’Etat. L’affaire CEN-SAD en est une illustration, l’affaire ICC une autre. Interdire qu’on en parle est une violence ; interdire d’en parler et prétendre avoir un programme anti corruption, c’est une escroquerie politique. De même, avant d’avancer un programme pour la sécurité des personnes et des biens, il faut avoir fait le diagnostic que la sécurité n’existe pas ou est mise à mal ; et l’affaire DANGNIVO est l’illustration la plus claire de l’insécurité et de son acuité avec tous les cafouillages et les mensonges au sommet de l’Etat. Interdire d’en parler est une violence. Une violence morale sur le peuple qui a souffert et souffre de ces affaires DANGNIVO, CEN-SAD et ICC
Deuxième exemple :
Le 24 mars à Cotonou et le 26 mars à Porto-Novo, l’Union fait la Nation a tenté d’organiser des manifestations et les populations se sont heurtées à une répression d’une rare dureté. Dans les deux cas, les manifestants étaient absolument les mains nues. A Cotonou, les policiers appelés à la rescousse par leurs collègues ont sauté de leurs bâchés alors que les manifestants étaient déjà à 300 mètres au moins et ils commencé à matraquer et gazer tous ceux qui se trouvaient sur le passage, simples passants ou spectateurs. Même les journalistes ont été pris à partie. A Porto-Novo, les manifestations n’ont même pas commencé ; les agents chargés de la répression ont fait une chasse systématique à tout rassemblement de quelques personnes y compris dans les maisons, frappant et tirant.
Dans ces conditions, que penser des discours sur la paix ?
Dans un pays avec un régime foncièrement corrompu, le plus corrompu que notre pays ait connu depuis l’indépendance selon certains, il est inévitable qu’à un moment donné le peuple descende dans les rues. Dans un pays avec un régime liberticide comme celui de Boni YAYI qui se proclame Dieu sur terre, il est inévitable qu’à un moment ou à un autre le peuple descende dans les rues. Il est inévitable que malgré la répression, surtout à cause de la répression, que le peuple exerce son droit fondamental de destitution de tout régime oppresseur. Cela s’est fait en Tunisie et en Egypte. Cela se fera au Bénin.
C’est pour cela qu’à ces discours à donner la nausée autant par la quantité que par le contenu, nous répondons :
Aux soldats et officiers, policiers et commissaires, nous disons: vous pouvez vous rendre effectivement compte qu’il y a eu fraude depuis la liste électorale jusqu’au coup d’Etat électoral à la CENA. Vous savez qu’avant les élections toutes les institutions étaient déjà discréditées et que la légalité se résumait au bon vouloir de Boni YAYI et de Robert DOSSOU. Ce n’est donc pas la légalité que vous défendez ; il n’y a plus de légalité, il y a la volonté et les humeurs d’un dictateur ; ce n’est pas la paix que vous défendez, vous protégez les intérêts d’un homme et ses alliés nationaux et étrangers contre le peuple.
Aux artistes : Arrêter de matraquer le cerveau de la jeunesse avec vos longues chansons sur la paix qui ne sont qu’autant d’incitation à la soumission au mal qui règne dans notre pays ; la guerre n’est pas ce dont notre pays souffre le plus ; apprenez comme d’autres artistes de renom à dénoncer la dépendance, la mendicité, la corruption, les atteintes aux libertés, l’injustice et vos chansons serviront aux combats pour le progrès et vous aurez contribué à bâtir le pays et des hommes fiers et honnêtes ; ainsi ferez-vous réellement reculer les dangers d’explosion sociale et de guerre.
A toutes les autorités religieuses : vous qui avez pour mission de sauver les âmes, vous savez que depuis vingt ans, la situation n’était guère reluisante ; mais, vous pouvez vous rendre compte de l’accélération prise par le processus de délabrement moral avec le pouvoir en place depuis cinq ans. Il est temps et urgent d’arrêter la main des auteurs du délabrement moral si l’on ne veut pas la perdition totale du pays.
Cotonou, le 28 mars 2011
LE PARTI COMMUNISTE DU BENIN
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