La constitution est un texte de raison. Elle est basée sur le fait que l'être humain est un être de raison qui aspire à la liberté, à la prospérité et au bonheur.
Et tous les chapitres, les articles et les alinéas de ce texte s'inspirent de, et traduisent ce principe de base.
Dans le même ordre d'idées, la constitution est consciente de ses propres limites, de ses propres faiblesses voire de sa vulnérabilité logique. Elle sait que dans l'application des lois et le fonctionnement des institutions qu'elle régit, peut surgir à tout moment le spectre de la déraison qu'elle s'est employée à réduire sinon à éliminer
Ainsi, comme cela se passe au Bénin depuis l'installation de la cour constitutionnelle en 2007, il peut arriver une collusion illégitime et sulfureuse quoique légale entre la Cour, le président de la République et le président de l'Assemblée nationale. La constitution sait aussi que la démocratie reste vulnérable et inadéquate lorsque les présidents des institutions maîtresses chargées d'en assurer le fonctionnement au sommet se confondent avec ces institutions qu'ils surplombent du poids de leur personne. Le despotisme formalisé n'est que la forme cynique ou transitoire de la dictature. Et, forte de cette connaissance, la constitution a bien prévu une voie de secours et de sauvegarde de la Démocratie lorsque le despotisme formalisé, toute à sa logique, en vient à opérer une rupture complète aussi bien avec l'esprit que la lettre de la constitution pour instaurer, par l’exaspération de son parti-pris théâtral, le régime de la volonté d'un seul homme. Comme c'est le cas avec l'élection du 13 mars, qui a été truquée d'un bout à l'autre, à coups de milliards, de manipulation, de fraude et de violence symbolique par M. Yayi pour se maintenir. La déraison a fait main basse sur la démocratie béninoise, lui a dicté sa loi, et est prête à la liquider. Fidèle à ce complot visant à inaugurer le règne despotique de la volonté de quelques hommes au mépris du peuple, la venimeuse engeance de scélérats qui l'ont fomenté a prévu aussi d'endormir le peuple. Pour cela, elle parle de paix par-ci, de crise par-là, voire même de Refondation ! Mais il n'y a pas de crise, puisque ce qu'il s'est passé au Bénin est clair. M. Yayi a violé la démocratie ; il ne veut pas respecter la volonté du peuple qu’il subordonne à sa propre volonté érigée en absolu. Où est la crise dans une situation aussi claire, prévue par la constitution elle-même ? Tout ce qui est prévu par la constitution ne saurait donner lieu à la crise. Puisqu'il s'agit en l'occurrence d'appliquer la constitution et rien que la constitution. Et, en l’occurrence, ce n'est pas la sibylline ritournelle de la paix entonnée par les violeurs de la démocratie qui est la solution idoine. La solution idoine, c'est celle qui est prévue par la constitution en son article 66, alinéa 2 qui dit que : « tout Béninois a le droit et le devoir de désobéir et de s'organiser pour faire échec à l'autorité illégitime, et ce droit et ce devoir constituent le plus sacré des droits, le plus impératif des devoirs. » Voilà ce que prescrit la constitution dans sa conscience des limites de la raison ; voilà ce qu'elle a prévu pour résoudre le cas d'irruption de la déraison au sein du fonctionnement démocratique de la vie politique. Toute autre préconisation, toute autre considération relève du miroir aux alouettes, de la ruse, du détournement des consciences, de l'imposture, de la tromperie, une façon pour la déraison de distraire la galerie afin de persévérer dans son être. La constitution béninoise a montré la force de sa raison. Elle a bien prévu que M. Yayi, Dossou, Gnonlonfoun et consorts pouvaient se liguer dans un parjure attentatoire à la survie du processus démocratique. Il appartient au peuple, à la société civile, aux syndicats, aux partis politiques, aux citoyens, aux intellectuels libres, à toutes les personnes qui ont résisté à l'achat de conscience, il leur appartient de dire non, de barrer la route aux comploteurs, d’arrêter Yayi Boni vivant ou mort, avant qu'il n'achève de tuer la démocratie béninoise chèrement acquise !
La démocratie béninoise n'est pas encore morte, Dieu merci ; elle est seulement blessée ; elle peut se relever en un sursaut salutaire, retrouver plus de vigueur et d'espérance qu'auparavant. Elle aura connu alors une épreuve dont elle sortirait grandie. Mais à condition que chacun joue sa partition. La musique en a déjà été écrite par le législateur ; les criminels politiques dépourvus de dignité, les violeurs sans foi ni loi ont joué leur partition ; il appartient maintenant au peuple dans son unité indéfectible de se lever et de jouer sa propre partition. La démocratie béninoise a reçu une flèche empoisonnée en plein dos. Elle saigne mais elle n'est pas morte pour autant. Le peuple a l'antidote qui peut lui redonner vigueur. Seul le peuple peut administrer cet antidote, à condition qu’il entende le message de l'hymne national : « enfants du Bénin debout ! La liberté d'un cri sonore chante au premier feu de l'Aurore… » Maintenant est venu le moment d’exécuter le mot d’ordre de l’hymne national ; maintenant est venu le moment de lui donner du sens. Ne pas exécuter les mots d'ordre de l’Aube Nouvelle, ne pas se lever pour barrer la route aux assassins de la démocratie c'est ça le vrai crime contre la Raison devant l'histoire. Yayi Boni et sa clique de comploteurs ont seulement blessé la démocratie, et ce faisant, ils ont lancé un défi à notre raison et à notre conscience ; mais ne pas relever ce défi, ne pas se lever pour redresser le blessé et le soigner ; céder aux invites sordides d’achat de consciente, se laisser bercer par les discours malicieux de ceux qui parlent déjà de paix ou de crise, c'est là le vrai crime contre la démocratie et contre la nation ; un crime à côté duquel les actes indignes des Yayi, Dossou, Gnonlonfoun et autres Tévoédjrè ne seraient qu'une simple égratignure devant l'histoire !
Binason Avèkes
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