Imaginer une baignoire publique à pièce unique où un homme entré en premier se barricade et utilise toutes sortes de ruses et de subterfuges pour y prolonger indéfiniment son séjour, ne plus sortir, alors qu’au dehors une longue queue de baigneurs attendent leur tour !
C’est ce que fait Yayi Boni. Il était entré dans la baignoire avec l’intention délibérée de ne plus en sortir ! Peut-on imaginer une telle incongruité dans une baignoire publique ? Comment la baignoire peut-elle mériter son qualificatif de baignoire publique lorsqu’un seul homme s’y barricade et refuse l’entrée aux autres ? Lorsqu’un seul homme veut en accaparer l’usage ?
Mais il faut comprendre des gens comme Yayi, qui n’ont vécu que du public, des gens qui ont fait toute leur carrière d’homme – du secondaire à la tête de l’État, en passant par les postes de fonctionnaire national ou international, etc…– sur le dos de l’État. Par la suite, ils ont du mal à s’imaginer hors de la jouissance de l’État et des facilités de l’État. C’est aussi le principe de leur patriotisme, et l’amour de la nation qu’ils clament la main sur le cœur provient de là. Ce n’est pas un amour désintéressé ni gratuit, c’est l’amour que celui qui trait la vache professe à la vache à lait. L’une des raisons de cette difficulté à lâcher prise sur les pies de la vache nationale réside dans ce maternage précoce et long qui a créé des habitudes. Cette consommation à outrance de l’État au nom de ceci ou de cela, à tel titre ou tel autre – en tant que pauvre, en tant que minorité, en tant que pupille de la nation, en tant qu’originaire de tel coin isolé, en tant que représentant du Bénin, à droite ou à gauche, etc. – alors que la majorité des citoyens n’a jamais connu ces privilèges ; et qu’au contraire loin de profiter de l’État, le citoyen ordinaire en est plutôt le contribuable, les privilégiés de l’Etat, ceux qui dès leur tendre enfance se sont accrochés à ses pies pour ne plus les lâcher et ont grandi dans l’usage puis l’abus de ses privilèges, ces maternés à vie ont du mal à lâcher prise, et à se passer de l’Etat. Incapables de nommer ce qu’ils ont fait à l’Etat, ils n’ont d’yeux que pour ce que l’Etat peut faire pour eux, sans voir ce que l’État a déjà fait pour eux, et la multitude de leurs concitoyens pour qui l’État n’a rien fait et qui ne se plaignent pas ! Et ils sont près à mettre le pays à feu et à sang pour que le rêve intime de leur odyssée de privilégiés continue.
Voici pourquoi il serait difficile de déloger Yayi Boni de la Marina, car pour lui, la Marina c’est le pinacle du privilège, l’épitomé même du profit de l’État. C’est une question intime, personnelle, une longue histoire des origines, une histoire de vie ou de mort…On voit pourquoi ces gens-là sont près à mettre le pays à feu et à sang !
Prof. Adam Bori
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