Par Olympe BHÊLY-QUENUM
Bien chère Rosine,
Dans « Tombeau de Désiré Vieyra » en hommage à ton très regretté frère aîné, j’écrivais : « Rosine Vieyra Soglo, au propre comme au figuré, est le portrait craché de sa mère. »
Rapportée par La Nouvelle Tribune, la description de ton énergie et de ta détermination au cœur de la manifestation de l’Opposition béninoise est une preuve que je ne m’étais guère trompé : les images resurgies dans mes souvenirs en lisant l’article étant celles de ta Maman outragée, je suis heureux qu’il y ait des femmes de ta trempe dans un Bénin où, soucieux de récompenses, les ninkounon se mettent à plat ventre devant les diktats du chef de l’Etat ; avec les patriotes qui se sont joints à toi, vous avez fait preuve de la légitimité de toute rébellion motivée par l’indignation face à la violation des Droits de l’homme ou à l’humiliation de la terre natale ; regrettant vivement que malgré mon appel à mes amis Robert Dossou et Théodore Holo, rien n’ait pu être fait afin d’évider le point de non-retour, ma chère Rosine, c’est sans ambages que je soutiens toi et les compatriotes qui se sont engagés dans la lutte que tu mènes.
Il y a plus d’un demi-siècle, j’avais lu et relu Lysistrata[1] qui m’avait beaucoup amusé ; mais il n’en est plus question dans les combats des femmes du XXI ème siècle ; d’autre part, aucun spécialiste de l’Histoire de notre pays, fût-il révisionniste, n’oublie de souligner de quelle nature étaient les femmes nommées Amazones ; puisqu’il en existe une Armée dans la République du Bénin, je les supplie de s’avérer dignes de leurs ancêtres de l’Armée du roi Ghézo en s’érigeant en Armée de désobéissance pour manifester aussi leur indignation face à un chef d’Etat indigne de leur pays. Sans aucun instrument contondant, joignez-vous à toutes les femmes et jeunes filles du pays et descendez dans les rues massivement.
Que dire des considérations sans nerf et des pleutreries de Monsieur le Médiateur ? Son autoportrait en pied est le calque du satisfécit décerné par Monsieur Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée que je ne cesse de dénoncer, au chef de l’Etat du Bénin ; mais…le jeune homme d’autre fois, auteur de L’ Afrique Révoltée[2], ayant sans cesse retourné ses vestes, mettant à l’envers ses culottes aussi, qui s’étonnerait que, sans le proclamer, il admire « le passage obligé de Françafrique » qu’est le bureau de Monsieur le secrétaire général de l’Elysée?
Eu égard aux compromissions de l’ex-Afrique Révoltée, le Bénin, l’ex-Quartier latin de l’AOF, tour à tour consentant, consensuel, est devenu chien couchant malgré le discours du candidat Nicolas Sarkozy à Cotonou, en 2006. Je partage donc sans réserve la mâle riposte de Théophile NOUATIN aux reptations d’Albert Tévoédjrè et souhaite que l’ORTB, tous les moyens d’information du pays, les blogs tous azimuts et Internet s’en fassent l’écho en diffusant aussi la liste des commandes du chef de l’Etat qui avait déclaré :
"LE PAYS SERA A FEU ET A SANG",
"LE PAYS SERA A FEU ET A SANG",
Il s’y prépare, à preuve :
La Lettre du Continent n°604 du 27 janvier 2011
« […], Thomas BoniYayi s’entoure de toutes les précautions sécuritaires pour gérer la période électorale. Alors que le premier tour de la présidentielle est prévu le 27 février, le présîdent béninois a, selon nos sources, convoqué le 14 décembre 2010, à 11 heures, une quarantaine d’hommes d’ affaires libanais parmi les plus influents du pays pour parler maintien de l’ordre. Arrivés au palais de La Marina, les ‘convives’ ont été gentiment priés de contribuer financièrement à l’achat, pour le compte de l’Etat, d’équipements de protection divers et variés afin de renforcer les forces de police et de gendarmerie. Montant de la facture: plus de 3 milliards F CFA!
Sur la liste, que La Lettre du Continent a pu se procurer, tout y passe. La présidence souhaite acquérir du matériel roulant pour plus de 2 milliards F CFA. Cela va des « véhicules de transport de troupes grillagés », aux « 4x4 bâchés pour patrouille », en passant par des « motos-cross », des « motos ordinaires pour filature » et des « vélos tout terrain »’.Des « équipement de plongée lagunaire » sont égaiement prévus.
Comme matériel de protection, l’Etat béninois veut acheter 500 casques, 200 casques pare-balles à visière, 2000 matraques, 2 000 paires de menottes, 18 porte-voies, 18 herses, 500 boucliers, 90 bombes aérosols, 20 boucliers portatifs pare-bal- les, 200 gilets pare-balles avec plaque céramique et 20 lunettes binoculaires de vision nocturne.
Enfin, le troisième volet de cette liste d’emplettes concerne le matériel de transmission. Il porte sur 200 talkies-walkies, 200 kits oreillettes, 100 postes radio, 200 bipeurs et 20 ordinateurs portables. Précision : sur la même liste, il est indiqué sous forme de post-scriptum que les montants des véhicules de transport de troupes grillagés sont sans doute « sous-évalués » La facture pourrait donc être nettement supérieure. Les hommes d’affaires ainsi sollicités n’ont rien reçu en échanqe. Ni promesse de dégrèvement fiscal, ni allègements d’impôts. Mais leur contribution devrait les mettre à l‘abri de tout tracas avec les autorités. II ne reste plus qu’à la ministre française des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, de proposer le « savoir-faire » de Paris en matière de maintien de l’ordre pour apprendre aux forces de sécurité béninoises à utiliser tous ces équipements ! »
Olympe BHËLY-QUENUM
[1] Une pièce de théâtre où Aristophane.( 411 avant Jésus-Christ), écrivit: « Pour mettre un terme à la guerre, refusez-vous à vos maris »
[2] Lors d’un déjeuner chez moi, à Poissy, Alioune Diop, préfacier de cet ouvrage, ne m’avait pas fait mystère de sa « déception face aux avatars d’Albert… ».
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