Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
En Dépit qu'il en aie
Ce qui est suspect c’est qu’on ne peut pas dire que Yayi Boni n'a pas perdu la majorité à l’Assemblée depuis trois ans. Or cette perte de majorité n’a en rien bénéfice à l’opposition en termes de légifération ; elle n’a eu aucune traduction législative pour ceux qui ont la majorité ! Cet état de chose qui a duré plus de trois ans est pour le moins intrigant, suspect et pour tout dire bizarre. La confiscation rhétorique du pouvoir législatif par la Cour Constitutionnelle est passée par là…
Cela saute aux yeux ! Une Cour Constitutionnelle est d’ordinaire plus froide, plus sereine, plus sage, moins impliquée dans les affaires politiques et partisanes. Au lieu de quoi nous avons eu affaire à une Cour réactive sinon réactionnaire, une Cour guérilla qui se fait volontiers le bras constitutionnel d’un pouvoir minoritaire. Au mépris même des prérogatives du Chef de l’Etat, trop aveuglé par ses fantasmes de primauté pour en prendre une claire conscience, la Cour Constitutionnelle à travers la personne de son Président, M Dossou, a pris un subtil plaisir à jouer le premier rôle ; reléguant le Président de la République au rôle de vassal politique qui s’ignore ; et qui s’ignore d’autant plus allègrement que les décisions de celui-là sont en faveur de celui-ci. Dans leur esprit déjà nos institutions sont dévoyées, et la Démocratie abusée. La suspicion légitime que soulève cette situation bizarre ne touche pas seulement les avis et les conseils de la Cour, elle concerne aussi sa méthode de travail, qui trahit sa hargne et sa combattivité partisanes. Que dire en effet d’une Cour qui se mue en tortue lorsqu’il y va de l’intérêt des députés majoritaires de l’opposition que ses avis ou décisions soient vite rendus, alors qu’elle devient un lapin lorsqu’il y va de l’intérêt du Gouvernement et de son Chef d’accélérer les choses ? Une Cour qui donne des injonctions, une Cour aux accents comminatoires au lieu qu’elle se contente de dire la loi. Une Cour dont le Président se prend pour le Président de la République réel, en tirant à sa guise les ficelles du Président apparent. Que dire d’une Cour dont le Président, en dépit qu’il en aie, ne se prend pas pour une merde !
Éloi Goutchili
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