Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Double Cercle Vicieux
Il aurait été bon qu'au Bénin nous ayons deux choses :
1. Un Président élu en 2006 qui ne fût pas obsédé de réélection et qui, retroussant honnêtement ses manches, accomplisse dans le cadre imparti par la loi la mission qui lui a été assignée et le programme qu'il s'était fixé.
2. Ce même Président réélu, en 2011 s'il le souhaitait, par récompense de son respect de la première condition énoncée et pour consolider son action
Au lieu de quoi, nous avons eu droit à une agitation permanente, une fixation sur la réélection, de telle sorte que les faits et les gestes de chaque jour du Président de la République étaient orientés et marqués par cette idée fixe. Les choses n’étaient plus faites dans le but de servir le peuple mais l’étaient d'abord parce qu'elles étaient conçues comme un argument électoral partiel, une scène rhétorique du théâtre de la réélection. Dans une certaine mesure en politique cette mise en scène n'est pas en soi inappropriée ni nouvelle mais ce qui est inapproprié et idiot dans le cas de Yayi Boni, c’est l’exaspération de ce renversement éthique de l'action du politique ; le renversement par lequel le bien-être du peuple, l'amélioration de sa condition de vie ne fait pas que passer au second plan dans l'esprit et les actes du Chef de l'État mais soit devenue un simple moyen d'un but suprême : la réélection. Or en termes éthiques, le Président est élu pour améliorer le sort du peuple. Mais Yayi Boni lui s'est enfermé dans la logique inverse qui a voulu qu'il n’améliore – pour autant qu'il l’ait jamais fait – le sort du peuple que pour être réélu. Cette perversité éthique qui a atteint un niveau d’exaspération jamais égalé a conduit à un résultat catastrophique : en raison du délire qui entacha de part en part l'action et la décision, elles ne purent être couronnées du moindre succès qui aurait contribué à améliorer un tant soit peu le sort du peuple. De même, ce bouleversement éthique a créé une forte tension politique dans le pays. La démocratie dont le fonctionnement exceptionnellement harmonieux dans un pays africain a permis à Monsieur Yayi, jusqu’alors inconnu du grand public, d'arriver au pouvoir, a été payée en monnaie de singe. L'homme qui a été le plus choyé par la démocratie béninoise depuis le renouveau démocratique est celui-là même qui l'a le plus mise en danger, blessée, violée, méprisée, et qui s'apprête à pousser à un niveau dangereux son mépris de la démocratie, avec les gros nuages que son aveuglement a amoncelé dans le ciel électoral du pays.
Yayi Boni s'est enfermé ainsi dans un double cercle vicieux. D’une part il y a le cercle vicieux de la subversion éthique du rapport entre action et sanction politique et d'autre part ce cercle vicieux très dangereux par lequel l’enfant prodige de la démocratie pourrait bientôt être aussi son assassin prodigieux. Ce parricide programmé ne sera pas seulement le cercle vicieux de l’ingratitude d’un homme sans foi ni loi mais il est hélas devenu une épée de Damoclès suspendue sur nos têtes.
Éloi Goutchili
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Tout projet cherche forcément à se survivre. Ce qui à mon sens serait non pas aberrant mais du moins étonnant est qu'un président en bonne santé ne cherche pas à se faire réélire. C'est conscient de l'évidence de la propension à se succéder à soi que les démocraties limitent le nombre de mandats, l'âge limite etc...Là où il y a problème ce n'est pas le souci de la réélection (fut-il exacerbé jusqu'à l'obsession, ce n'est là qu'une question d'appréciation) mais la raison pour laquelle un pouvoir ou un régime cherche à se faire réélire. Est-ce pour continuer de piller, d'empêcher que des pillages soient mis à nu par l'alternance ou pour toute autre raison inavouable ? Ou alors est-ce pour poursuivre aussi loin que permis une vision, un projet de société entamé ? Voilà à mon avis sous quel angle il convient de voir la chose...Le reste, tout autre jugement appartient aux électeurs dans le secret de l'isoloir...
Rédigé par : Thomas Coffi | 23 janvier 2011 à 01:40