Sous le nom de corruption sont désignées ici les pratiques de vol d'État commis par les hommes politiques et les hauts cadres de l'État. Cette persistance de la corruption a été illustrée de façon criante par l'actuel régime dit du changement dirigé par Yayi Boni. Les raisons de cette persistance sont nombreuses. Certaines sont générales, éthiques, économique, sociologique, culturelles etc. Mais c'est la morphologie ethnique et démographique du Bénin qui rend raison de façon plausible de l’échec récurrent de la lutte contre la corruption au Bénin, preuve de cette persistance. Le cas du régime dit du changement est très éclairant à ce sujet. Voici en effet un régime qui doit sa prise de pouvoir à la plaie de la corruption – notamment la corruption d'État ; et qui a été élu pour changer cet état de choses mais qui, à l'arrivée a fait bien pire que ce qu'il était censé améliorer, guérir, éradiquer parce que cette chose était dangereuse pour l'économie nationale, ruineuse pour la cohésion sociale. La raison de cette persistance absurde de la corruption, en l'occurrence, peuvent être déduites de l'observation de la condition politique du régime de Yayi Boni. C'est un président porté au pouvoir par une coalition spontanée, formée de ténors du paysage politique, qui ont joué les avaliseurs. Cette convergence dans le choix d'un nouvel homme est allée de pair avec l'objectif principal de sa mission : mettre fin à la corruption d'État et libérer les énergies disponibles pour le développement du pays. Mais ce choix s'est porté sur un homme qui cumulait deux handicaps. 1. Il n'appartenait pas à une ancienne formation politique et n'avait compté que sur l'euphorie populaire, le rêve d'un peuple hanté par la misère et désireux d 'en sortir, en tournant la page Kérékou.
2. Il émargeait à la région ethnique du Nord démographiquement minoritaire dans un contexte et une culture politico-électoraux ethniquement déterminés, en dépit des beaux discours républicains de façade dont la fonction est de dénier cette réalité.
Or, cette double minorité – politique et ethnique–a un coût : la corruption. Étant donné qu'il est ethniquement minoritaire dans un contexte politique basé sur l'arithmétique et la préférence ethniques, le président de la république pour conserver son pouvoir est obligé d'acheter son soutien ethnique et politique au prix d'un laisser-aller, d'un laisser-faire et souvent même d'une corruption active des divers marchands d'allégeance ethnique qui lui font miroiter les rêves de sa solidité politique ou a contrario lui font comprendre que sans eux il n'a point de longévité. C'est ainsi que le président minoritaire ethniquement parlant tombe dans le piège qui lui est tendu par les marchands d'allégeance ethnique et loin de s'attaquer effectivement au fléau de la corruption, selon que sa minorité politique et ethnique est plus ou moins grande, il succombe lui-même à la volupté de la corruption généralisée, seule solution pour maintenir son pouvoir. C'est pour cela que Yayi Boni n'a pas fait mieux que Kérékou contre la corruption ; euphémisme pour dire qu'il a fait pire, alors que Kérékou lui-même avait déjà mis le pays à l'encan, parce que d'une certaine manière, il réunissait les mêmes conditions de minorité politique et ethnique qui le mettent à la merci des intrigues des marchands d'illusions ethniques et politiques
Bakpé Anselme
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