Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
L’Identification Religieuse du Président
ABT a beau être “posé” et pas “impulsif”, il est quand même musulman et du Nord... Le Bénin n'a jamais connu de Président élu originaire du Nord, de confession musulmane. Les trois présidents élus du Nord étant tous de confession chrétienne avec des prénoms comme Hubert, Mathieu, Thomas, qui font liaison et sens sociologique avec le Sud chrétien et/ou animiste.
Cette considération n’a aucune intention d'exclusion basée sur la religion ; il s'agit d'un constat sociologique et historique. Le sujet de la religion en politique et plus précisément en matière électorale, peut-être abordé en termes de sociologie des identifications religieuses en politique. Et, de ce point de vue, même si les motivations des populations peuvent être considérées comme en conflit avec l'éthique nationale, leur réalité sociale reste agissante ; et le sociologue en les relevant ne fait pas œuvre d'apologie mais son travail.
Pour le profane la question peut paraître choquante, mais pour exemple, ce type de question a été souvent posé dans un pays sociologiquement avancé comme la France où depuis la Ve République tous les Présidents sont de confession catholique. En 2002, même dans les milieux intellectuels, les observateurs les plus sérieux se demandaient si les Français éliraient un Président protestant, ce qui était le cas de Lionel Jospin.
Cette question est donc bien fondée, au sens où Durkheim voyait dans la religion un délire bien fondé. Et elle se pose aussi avec la candidature de ABT. La question est d’autant plus pertinente qu'il n'a échappé à personne que la démarche de ABT est marquée au coin d'un mimétisme pour le moins troublant. Le Béninois qui s'honore d'être originaire de ce qu'on appelait jadis quartier latin – sans jamais questionner l'ambiguïté inhérente à cette qualité occulte – est imitateur né. L’imitation dans une certaine mesure à une valeur pédagogique non-négligeable. C'est donc en bon Béninois ordinaire que ABT se met en tête d'imiter Yayi Boni. Il est du Nord comme lui ; il est économiste comme lui ; il est fonctionnaire international de la finance comme lui ; et pour finir il est venu se mettre en embuscade à la tête de la BOAD, comme Yayi Boni avant 2006.
Dans l'espoir que les mêmes causes produiront les mêmes effets, les Béninois bavant sur l'idée de l'argent facile, et séduits par les banquiers qui les en arroseront, préféreront lui, ABT, à un Yayi Boni qui s'est révélé médiocre, et dangereux pour la démocratie et l'unité nationale. Tout le monde en convient.
ABT croit si fermement au charme des quatre ou cinq qualités que les Béninois selon lui recherchent dans le Président de la République, qu'il n'hésite pas à faire comme Yayi Boni il y a cinq ans.
Or c'est justement là qu'intervient la question cruciale : les Béninois pourront-ils massivement adhérer à la nouveauté d’un Président du Nord qui ne s'appelle pas Pierre, Paul, Mathieu, Hubert ou Thomas ? Accepteront-ils d’élire un Président musulman originaire du Nord qui s'appellerait Djibril, Moussa, Mamoudou ou Abdoulaye ? Pour un Président originaire du Nord, le fait d’être chrétien et d’en porter le prénom a servi jusqu'ici comme trait d’union avec le Sud chrétien. Dès lors élire un Président du Nord de confession et de prénom musulmans, n'est-ce pas trop demander au Sud majoritaire et majoritairement chrétien et/ou animiste ?
Éloi Goutchili
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Yayi Boni a des qualités, Hitler aussi a des qualités, Brutus aussi... Même le fameux « Homme sans qualité » de Robert Musil n’était pas dénué de qualités… Tout le monde a des qualités. Le problème n'est pas là. Le Bénin veut un vrai Président, qui en a l'étoffe. Un président qui n'est pas pervers, qui a une haute conscience de ses responsabilités, et dont les actes, et décisions sont murement réfléchis ; un homme qui a du charisme, de la culture, de la sagesse ; un président qui ne manipule pas les émotions, notamment religieuses ; un homme de dialogue, qui ne met pas en place une écurie de corrompus, de voleurs et de profiteurs égoïstes ; quelqu'un qui tient ses promesses ( la consistance, la substantifique moelle de la promesse du changement n'est même pas effleurée, car le changement devrait être éthique ou rien ; et il n'y a pas eu de changement éthique au Bénin depuis 2006 ; la récente manipulation des Rois et Chefs Traditionnels dont le nombre a connu une inflation faramineuse en est la dernière preuve en date) ; un homme qui inspire de la confiance démocratique, qui ne fait pas comme Gbagbo en instrumentalisant la Cour Constitutionnelle ; un Président qui ne soit pas obsédé de réélection ; un Président qui ne fait pas seulement des choses sensationnelles comme des Ponts et des échangeurs pour impressionner ses compatriotes, leur en mettre plein la vue, mais qui leur donne à manger sur les marchés ; qui construit ou entretient des hôpitaux dignes de ce nom où ils peuvent se soigner dans des conditions décentes ; un Président qui leur donne du travail; qui crée des usines pour employer le peuple (Combien d'usines Yayi a créées en 5 ans ? A quoi lui a servi sa formation d'économiste qu'il a mis en avant pour se faire élire, s'il n'est pas fichu de créer une seule usine pour employer ses compatriotes ?) Franchement, personne ne nie que Yayi ait des qualités ; mais, il ne suffit pas d'avoir des qualités pour être élu Président d'un pays qui veut vraiment se développer. Il faut plus que cela, et Yayi loin de réunir ces conditions, y fait défaut par sa mise en danger de notre Démocratie. Il doit Partir ! Et être remplacé par un homme expérimenté ou un homme " posé" …
Rédigé par : BA | 14 janvier 2011 à 00:26
Advienne ce que décidera le peuple en Mars. Mais je dois dire une chose concernant le rapport de 1000 que vous établissez et je ne suis pas le premier à l'énoncer, en fait c'est une citation: "On ne connaîtra les qualités de Yayi Boni que lorsqu'il ne sera plus au pouvoir. Car des qualités il en a..."
Rédigé par : Thomas Coffi | 13 janvier 2011 à 22:46
Salut Marc ! Je reconnais qu'il s'agit ici plus d'un article de revue spécialisée, que d'un sujet à jeter en pâture comme ça sur un blog, à la merci des opinions que je respecte pour ce qu'elles sont. Surtout à quelques semaines des élections...Mais pour ma part, l'Africain que je suis, très conscient des causes de nos maux, ne renoncera pas à étudier ou décrire la prostitution, parce qu'on pourrait l'accuser d'être un proxénète. Personnellement je n'ai rien contre ABDOULAYE et même si je partage ton point de vue sur l'overdose des Banquiers façon BOAD, la gravité de l'heure est telle qu'1 ABT, vaut mieux que 1000 Yayi Boni !
Rédigé par : B.A | 13 janvier 2011 à 19:37
Je pense comme ChrisD que c'est un jeu dangereux de vouloir ramener la religion dans le débat politique au Bénin. La situation internationale ne favorise même pas une telle chose avec ce qui s'est passé au Nigéria et en Égypte. Les béninois sont peut-être moins intégristes, mais n'oublie pas que lors des législatives Porto-Novo a failli basculer dans cette guerre entre musulmans et les autres. Une chose est sûre, les béninois savent désormais que ce n'est pas les banquiers qui peuvent mieux diriger leur pays. Ils ne se feront pas avoir une 2e fois par les gens de la BOAD.
À bon entedeur, salut!
Rédigé par : Marc Kanho | 13 janvier 2011 à 01:57
Oui, vous avez raison, c'est parce que vous êtes profane. Et sans doute aussi un Béninois typique, c'est-à-dire quelqu'un qui ne pense rien pour rien, qui ne dit rien pour rien ou qui ne fait rien pour rien. Ce dont je m'honore d'être une exception...
Rédigé par : B.A | 12 janvier 2011 à 23:19
Une telle réflexion me fait froid au dos. Je suppose que c'est parce que je suis profane. Cette évocation à une appartenance à une obédience religieuse me paraît dangereuse car on ne sait quelle récupération pourrait en être faite. Le Bénin est un pays laïc, vous me direz comme la France "la patrie mère". Mais comparaison n'est pas raison. S'il vous plaît arrêtons là ce débat qui peut conduire notre pays très loin.
Rédigé par : ChrisD | 12 janvier 2011 à 23:13