Si on veut trouver une incarnation vivante du travers, fruit de la paresse et de la médiocrité mâtinée de mauvaise foi, consistant à prendre des postures ostentatoires de passionnés ou de prêcheurs d’Afrique, par opposition à l’engagement national couronné de succès ; si l’on veut trouver l’un des spécimens de cette mauvaise foi, subtile fuite en avant, c’est en la personne de Monsieur Albert Tévoédjrè qu’on le trouverait au Bénin ! Ce genre de bonhomme, en plus d’un demi-siècle de vie aux dépens de l’état qu’il prétend servir mais dont en réalité il se sert copieusement à maint niveau – diplomatique, politique, gouvernemental – est encore aux affaires dans ce qui reste l’un des plus pauvres pays de la planète. Et nonobstant cette durée de service, il reste incapable d’indiquer une seule chose qu’il y a faite pour le progrès du pays et la délivrance des populations de la misère qui les mine chaque jour davantage ; incapable de justifier ses émoluments et jouissances mirifiques du bien public, les profits continus qu’il a tirés du service de l’État ! Et pour cacher l’échec, la stérilité de 50 ans de rodomontades, bon plaisir et gesticulation, on prend plaisir à jouer les passionnés d’Afrique, les Kwame Nkrumah de bas étage, ceux qui, visionnaires et intelligents, comprennent plus que tout le monde que l’Afrique sera collective ou ne sera pas. Soit. Mais quelle est cette ville qui progresse pendant que chacune de ses maisons, rues et quartiers se meurent ? Quelle est cette Afrique qui dépérit, régresse et s’étiole au niveau des nations mais qui prospère au niveau africain ? Eh bien, c’est l’Afrique des colloques et des réunions sans fin, l’Afrique des bavards qui ont le verbe haut et l’action stérile, l’Afrique des banquets et réceptions de pseudo-think tank, l’Afrique des salaires et émoluments mirifiques, l’Afrique des voyages sans cesse de première classe d’avion, l’Afrique des villégiatures, des suites présidentielles et de la fornication, l’Afrique de la bonne chère et des gros comptes en banque nourris de façon frauduleuse. L’Afrique des institutions africaines, l’Afrique des diplomates automates de la jouissance facile, l’Afrique des assistants, faux professeurs, faux docteurs, qui se penchent à longueur d’années sur l’Afrique réelle sans pouvoir la sortir de sa misère et de son désordre collectif ; l’Afrique en col blanc au service des exploiteurs et pilleurs étrangers de l’Afrique réelle à l’échine courbée..
Que Monsieur Tévoédjrè nous indique un seul succès palpable qu’il a obtenu au niveau national et nous comprendrons que ses postures afro-africaines passablement intellectualisantes ne sont pas de la poudre aux yeux, de la fuite en avant, un rideau de fumée destiné à masquer son imposture et sa médiocrité intrinsèque, l’épiphanie tragi-comique de 50 ans de feu d’artifice dans l’arène de l’État, 50 ans de jonglerie rhétorique et de tromperie savamment orchestrées !
Aminou Balogoun
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