Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur… :
Résistance Allégorique
Laurent Gbagbo qui vient d’être battu aux élections se cabre, et donne l’impression de vouloir confisquer le pouvoir. Mais à y bien penser, tout porte à croire qu’il ne cherche pas à s’éterniser au pouvoir, à jouer les Présidents à vie, à la manière des bons élèves de la Françafrique que sont les Bongo, Compaoré, Biya, Sassou N’guesso, Eyadema et consort. Loin de l’idée de s’incruster Gbagbo est en train de faire une déconstruction à ciel ouvert du scénario français. Par son geste artificieux, il veut montrer à la face du monde que le montage par le biais duquel, une rébellion irréconciliable dite du Nord a consacré la scission du pays et finit par atteindre ses buts après l’avoir frustré de la jouissance normale, paisible et pleine de son mandat de Président, est une création française, soutenue par les milieux d’affaires et les grands pontes de la Françafrique ; et qu’il leur en cuira d’avoir donné dans l’apologie de la rébellion, dans la mesure où, comme il est prêt à le démontrer, leurs ludions n’en avaient pas le monopole.
En mettant en branle son plan de dédoublement de la commission en charge des élections, en la circonvenant par une instrumentalisation grossière de la Cour Constitutionnelle, il donne de façon ironique des dehors de légalité à ce qui apparaît comme une résistance allégorique. Le sens de cette allégorie, son intention à peine cachée est que la rébellion, comme l’on prouvé les Français et leurs marionnettes ivoiriens, est payante ; et que ces derniers n’en ont ni le monopole, ni la science infuse. Ayant conçu avec habileté sa pomme de discorde constitutionnellement bénie, Laurent Gbagbo est prêt à montrer qu’il a aussi la force de rendre le pays ingouvernable et toucher la prime des empêcheurs de gouverner en rond, comme les rebelles battant pavillons français l’ont prouvé avec un mélange d’opiniâtreté, de ténacité, de hargne, de discipline, et de méthode dont le fumet cartésien est ont ne peut plus troublant.
L’injustice envers Gbagbo et les siens ne sera pas de leur demander de quitter un pouvoir qu’ils ont perdu par les urnes, mais de ne pas reconnaître leur droit symétrique à emprunter le sentier lumineux de la rébellion, ou de ne pas consentir à leur reconnaître le droit à la même prime qui échoit aux vainqueurs d’aujourd’hui. A rébellion, rébellion et demi ! La démarche de Laurent Gbagbo consiste à prouver que les rebelles ivoiriens qui ont battu pavillon français jusqu’à arriver à bon port aujourd’hui n’ont pas le monopole de la rébellion. Bien plus qu’une volonté de déconstruire la crapulerie néocoloniale française et sa supercherie, la volonté de Gbagbo s’inscrit in fine dans la logique d’une lutte symbolique ; loin d’une volonté de s’éterniser au pouvoir comme les bons élèves de la classe françafricaine, Gbagbo jette les bases d’une résistance allégorique
Éloi Goutchili
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