La Valorisation de la Bénédiction dans le Culture Yoruba.
La parole en tant qu’elle est articulée à une volonté subjective et référée à un pouvoir transcendant est un élément dominant dans la culture Yoruba. Entre le “ékpé” et le “adura”, elle consacre la puissance du verbe, son efficience et son rôle d’écho déterminant du destin. Ce qui arrivera arrive parce qu’il est voulu, souhaité, proclamé et annoncé. L’ékpé figure le pôle négatif de la puissance de la parole. Cette puissance peut être mise en jeu par les incantations à travers la médiation occulte des forces du mal : c’est la forme hétéronome de la malédiction, dans la mesure où elle est administrée par des professionnels de la puissance occulte. Elle peut aussi être un acte spontané, réaction de réprobation, de colère ou de vengeance à l’encontre d’un malintentionné ou d’un ennemi qui a nuit ou tente de nuire. Une façon de se rendre justice à soi-même en attirant sur la personne en cause la foudre du destin, avec la certitude qu’en dépit de la relativité subjective du préjudice subi, il en admettra le caractère absolu, et agira conformément à la volonté du requérant. Le pôle positif de la mise en jeu de la puissance du verbe dans la culture yoruba est le "adura”, ou la bénédiction. Il est une pratique plus profane qu’hétéronome. Bien sûr des instances agréées véhiculent ce type de parole ; mais la plupart du temps, il est le fait du profane ; et constitue un véritable facteur de lien social valorisé par la culture yoruba ; il est pratiqué dans les échanges de la vie quotidienne, dans des circonstances aussi bien ordinaires que dramatiques. Le “adura” permet d’exprimer l’amour, l’amitié, la sécurité, la paix, le bonheur que l’on souhaite à tout instant à celui à qui on le formule. Prière propitiatoire, et bénédiction, il est le moment d’une référence forte à une croyance partagée qui fait du verbe à la fois une puissance et un médium en prise directe sur le destin. Ce qui est dit le cœur ouvert, la volonté nue exprimée en tant qu’elle participe de la puissance du verbe, rejoint l’ordre du destin. Dans cette mise en jeu de la puissance du verbe, la hiérarchie morale se substitue à la hiérarchie sociale. Le pauvre peut bénir le riche parce qu’il est pauvre mais que son cœur est pur, le riche peut bénir le pauvre en dépit de sa richesse ; le père peut bénir le fils en raison de son pouvoir géniteur ; le fils peut bénir le père en raison inverse de la gratitude filiale, etc… Cette valorisation de la puissance du verbe que consacrent les échanges de bénédiction dite adura, est un des rituels profanes de la vie quotidienne en vigueur dans l'aire culturelle yoruba. Elle est un facteur de maintenance et de consolidation du lien social, caractéristique de la culture yoruba. C’est elle qui est mise en scène dans ADURA OBI, une fable morale sur la richesse immatérielle de la bénédiction, qui est de loin plus précieuse et durable que les richesses matérielles éphémère et contingentes.
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Bénédictions formulées dans le film Adura Obi
3. a. Par la grâce de Dieu, vous quitterez ici (l’hôpital) sur vos pieds b. Rien de mal ne vous arrivera c. Par la grâce de Dieu, tu auras du succès dans tes études Tu auras de la chance Puisses-tu être heureux dans tes études Puisses-tu être riche après tes études Puisses-tu avoir une maison à toi Puises-tu être riche et réputé Puisses-tu ne jamais manquer d’argent 4. a. Que Dieu lui ménage un foyer heureux b. Que Dieu nous apporte à tous la richesse c. Que tu prospères dans ton métier d. Que Dieu fasse de Peju et toi des amants pour tous les jours de votre vie e. Que le diable n’interfère pas entre vous deux f. Que votre union soit bénie par la naissance d’enfants mâles et femelles 5. a. Par la grâce de Dieu, il n’y aura plus d’autres problèmes b. Dieu nous fera du bien 6. Que Dieu ne fasse pas que quelque chose de bien lui arrive ! 7. a. Que Dieu apaise Leke afin qu’il ne me fasse pas payer les péchés de ma mère b. Dieu l’apaisera c. Que dieu fasse qu’il ( Leke) nous vienne en aide 8. Que Dieu éloigne la maladie et la mort de la maison 9. a. Que ton fils ne te désobéisse pas, car tu ne m’as pas désobéi b. Que ton fils ne te tracasse pas c. Ton père t’a formulé des prières, et elles seront exaucées d. Que tu ne tombes jamais dans la misère e. Par la grâce de Dieu, tu quitteras ici ( l’hôpital) en bonne santé |
Binason Avèkes
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