Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur...:
Plus Nordiste que lui, Tu Meurs
Yayi Boni a vraiment du cran. Il dénigre l'idole des Fon à travers l'un de ses symboles pertinents ; il le fait de mauvaise foi en balançant une argumentation dont la stupidité calculée est censée convoler en justes noces avec la pensée du bas peuple, du peuple ordinaire, populaire et populeux.
Pourquoi n'a-t-il pas craint de mettre les Fon à dos ? Compte-t-il sur l'armée de chacals fon ou assimilés à sa solde, les Béhanzin, Houédjissin et autres Galiou pour dédramatiser, faire une exégèse digeste des insinuations débiles et provocatrices de leur seigneur ?
Le but de Yayi était-il seulement de provoquer ? Le grand maître du propagandisme savait le risque de son incartade : ressouder plus que jamais les derniers hésitants fon et assimilés autour d'un Houngbédji qui ne demandait pas mieux. En fait, ce prix et ce risque calculés étaient trop gros pour ne pas cacher autre chose. Pourquoi Yayi Boni a osé dénigrer ce que vénèrent les Fon et assimilés ? En fait, le geste, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas dirigé contre Me Adrien Houngbédji dont il savait le risque qu'il pourrait lui bénéficier. Non, le geste était dirigé contre ABT. Il s'agit, en prenant le risque de réfuter un symbole national originaire du plus puissant royaume du Sud, fédérer autour de sa personne tous ceux qui, – au titre de la mémoire historique tout au moins, – ont des raisons d'être en réserve avec les valeurs de ce royaume. Entre autres régions, il y a ce qu'on appelle le Nord dont Yayi Boni se réclame. La conscience de la manipulation du clivage identitaire régionaliste ne fait l'ombre d'aucun doute en l’occurrence. Yayi Boni prend la posture de celui qui prend ses distances avec une image vénérée du Sud pour mieux camper l'attitude du plus authentique, sinon du plus radical des nordistes ; et glaner au passage l'adhésion de tous ceux qui ailleurs cultivent encore le ressentiment historique vis-à-vis du royaume naguère dominant du Danhomè. Appel du pied, appel de la tête, appel des yeux… Du reste, la perception des données historiques de Yayi Boni a toujours été marquée par la défiance vis-à-vis du plus puissant royaume du Bénin, défiance matinée d'une volonté de revanche. N'était-ce pas le même Yayi qui, déterrant les horreurs et les erreurs du passé, essayait naguère d'allumer la flamme de la revanche des ethnies historiquement dominées, en accusant les Fon d'être des oppresseurs des Nago ? De ce point de vue, le dénigrement du symbole phare du roi Ghézo, – celui-là même qui libéra le Danhomè de la tutelle d'Oyo – hormis son usage électoral conjoncturel, est idéologiquement structurel dans la pensée de Yayi Boni, pour autant que cet esprit sombre ait une pensée…
Éloi Goutchili
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