Le problème du régionalisme béninois et de la révolte qu’il engendre et engendrera de plus en plus n’est pas un problème du Nord contre le Sud, mais plutôt un problème de subornation de l’ethnicité majoritaire par l’ethnicité périphérique. Et ce qui est révoltant et ferait se retourner un Béhanzin dans sa tombe, c’est de voir comment, aidés à l’origine par la ruse paternaliste du colonisateur qui exila notre héros, les ethnies périphériques agrégées au cœur dahoméen de la nation, en arrivèrent à évincer ses fils et filles de la gestion au sommet des affaires nationales. Et ce au nom du principe d’égalité nationale et citoyenne mais une égalité savamment pipée pour ne bénéficier qu’à la périphérie au détriment du cœur de la nation. L’injustice du régionalisme béninois n’est donc pas seulement qu’une partie s’impose comme dépositaire de la gestion politique au sommet, mais que cette partie, comparée à la partie qu’elle évince malicieusement est périphérique, numériquement et structurellement. Par le biais de la perfide volonté du Blanc et les séquelles de l’ordre colonial, la périphérie en est arrivée à s’imposer au cœur de la nation pendant que certains rejetons de celui-ci, hypothéquant la dignité, le droit et la conscience collectifs de leur semblable, s'enferment avec plus ou moins de bonheur personnel dans une triste vocation de chacal.
Amida Bashô
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